vendredi 29 octobre 2010

Les lois des statistiques tunisiennes

Les statistiques tunisiennes officielles sont fiables à cent pour cent.
Mais comment les machines attelées aux tâches des compte, décompte, recompte s'y prennent-elles pour assurer cette fiabilité attestée de longue date?

En vérité, s'il s'agit d'élections présidentielles, les machines n'ont rien à calculer puisque le compte est d'avance assuré. Il faut juste dire: 99,99% des Tunisiens ont voté pour Son Excellence le Président sortant. Les urnes ne mentent jamais depuis le temps que cette règle de calcul des plus simple et simplificatrices régit nos statistiques.

Par contre, s'il s'agit d'une grève, la règle de calcul est totalement autre.
Supposons que dans telle ou telle institution publique, il y a cent pour cent de fonctionnaires ou d'ouvriers qui se déclarent grévistes. La direction de cette institution, la seule assurée de fiabilité en matière de chiffres, ne peut se hasarder à dire la vérité sous peine d'en pâtir immédiatement. 100% de participation à la grève signifie que la direction est incompétente, qu'elle n'a rien fait pour persuader, dissuader, intimider ses subordonnés. D'où la nécessité d'apporter au chiffre initial les corrections qui s'imposent. On communique à ses supérieurs immédiats quelque chose comme 40%, voire 30%, soit un chiffre nettement inférieur à la moitié du taux de participation réel, non pas pour mentir, mais pour servir l'intérêt national.

A leur tour, les supérieurs régionaux procèdent à de nouvelles retouches pour rendre plus présentable et patriotique le pourcentage à transmettre au ministère de tutelle. Et ce dernier doit vérifier encore en coordination avec le RCD la fiabilité du 15 à 18% qu'il faut en fin de compte communiquer à la presse.

La dernière grève d'enseignants du secondaire réussie à un taux de 80% d'après l'UGTT n'aurait pas atteint les 18% d'après le ministère de l'enseignement.

18% de grévistes seulement, cela signifie aussi que les 99,99% d'électeurs de Son Excellence le Président ne croient pas au bien-fondé d'une grève!

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...