samedi 11 décembre 2010

Elle était une foi
















aura souverain
de l'ensorceleuse
émoi qui étreint
l'Atlas
sirène au chant imparable
des hautes mers
qui rappelle incessamment au large
la felouque de Sindbad
dis-moi pourquoi
le sang impur des hyènes
ni leur magie noire
ne peuvent désamorcer
le vent du Maroc
ni le charme de décembre
sous le ciel de Marrakech

dis pourquoi
des quatre points cardinaux
la boussole et l'acribie
dans sa formule cabalistique

au marin invétéré


ne reconnaissent

que les chiffres aimantés


de ton nom
saida
mennebhi (1)

tu étais une foi

content

captives du rêve
que lègue au jour orphelin
la nuit de Shahryar
ma candide utopie
et ma hantise
ta chevelure
ô belle de Marrakech
soutenant le frère de Prométhée
et cette irréfragable fragrance
incrustée dans la pupille et le nez


envers et contre

le benjoin de siam
que ma légitime brûle
sur les ornières de mes succubes
et les cristaux triés
de gomme arabique dure
bardant mes grigris
envers le sel opalescent
ô ma belle
encroûtant mes cheveux
alors que les tiens
depuis la nuit des temps
y sont rebelles
le poème ne peut se soustraire
aux rets de notre serment

des ailes et des cils
j'ai beau frétiller
beau secouer
le fond des paupières
et la glu de ton kohol
beau vieillir
sous les fanes
de tant d'hivers
tant de décembres
égrenés et pilonnés
dans la conjuration du temps
le mortier sent toujours le cumin (2)


petite sœur
que la barbarie m'a ravie
alors que j'avais vingt ans
et autant de rimes
en gestation
accolées à notre soif
de justice

irrépressible parfum
qui me revient
dans la mouture de plomb
visage d'aplomb
ciselé sous le battage
sur ma photo
lutine
qui me cligne des yeux
et délurée
me lèche des rets
brasse l'écume
et sel de la mer
puis sourit
émoustillée
et de mon conte
se rit
il était une fois toi
conception immaculée
du poème
vierge utopie
et ton fils
de pourpre et vert emmailloté
ôtée à la faim
Saida
houri du Maroc
et le nourrisson vagissant
sur le pourpre de tes lèvres
à ton sein crucifié
rêve douillet
de nos vingt ans
en cet onze décembre
de l'an mille et décombres
sous mes cendres
vous deux
à jamais
vivants




A. Amri
11.12.10

1- Pour en savoir plus sur son combat et les circonstances de sa mort, Abraham Serfaty: rétrospective d'un combat.
2- Des années après sa libération, Abdellatif Laâbi, un rescapé des années de braise et de plomb marocaines, écrit, hanté par les séquelles de la torture: « Les grains de cumin, plus on les écrase, plus ils donnent de l'odeur. Et sans perdre de temps, on met la sagesse du proverbe en pratique. Le cumin de notre être est versé dans un pilon. Et les bouchers-mécaniciens écrasent. Moulin à meules, moulin à eau, moulin électrique, jusqu'à ce que notre cri nous devienne méconnaissable. Insupportable, notre cri de bête humaine, interminable.
C'est une autre douleur qui nous réveillera." Abdellatif aâbi (Tous les déchirements)

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