samedi 30 juillet 2011

Mesdames et messieurs les responsables de télés nationales


"Au lieu de discourir sur les libertés et l'avenir de l'humanité, il faut se battre vraiment, sans concession. Pour la liberté et la vie des gens réels, qui vivent aujourd'hui."- Leonid Pliouchtch



Mesdames et messieurs,

Permettez-moi de vous dire que je suis scandalisé, outré, écœuré (et c'est trop peu dire) de votre silence coupable au sujet de Yosri Trigui.

Permettez-moi de vous dire qu'en termes de vérité, de conscience professionnelle, d'éthique journalistique et de responsabilité, vous êtes loin, bien loin du minimum requis pour postuler à la qualité et au statut de médias. Dignes de respect et de crédibilité s'entend.

Permettez-moi de vous dire que Yosri Trigui, condamné à mort en Irak pour des crimes qu'il a toujours récusés, n'a bénéficié d'aucun clin d’œil dans vos journaux ou flashs d'infos. D'aucun créneau, si minime soit-il, dans vos débats nationaux passionnants et vos non moins passionnantes péroraisons révolutionnaires, susceptible de le tirer des oubliettes où il a été jeté. D'aucune miette d'intérêt ou de charité de votre part, pouvant témoigner de votre existence. Aucune faveur ne lui a été accordée, pas même l'ébauche d'un reportage, ni le moindre écho aux incessants appels de détresse en sa faveur, lancés ça et là sur internet. A en croire que vous vivez barricadés sur une autre planète ou que Yosri, banni de la vôtre, n'est plus pour vous de ce monde.

Comme si, Mesdames, Messieurs, vous voulez être complices, et vous l'êtes!(1) de la justice inique et absurde qui réclame indument depuis 2006 la tête de ce jeune tunisien.

Comme si, Mesdames, Messieurs, la révolution tunisienne ne vous concerne pas, l'information que vous faites refusant d'emboîter le pas aux forces et consciences vives du pays, sourde aux cris des femmes et hommes réclamant leur dû aux laissés-pour-compte d'hier et des temps actuels. En l’occurrence plus de justice. Ou plus exactement, moins d'injustice surtout!

Mesdames et messieurs,

Permettez-moi de vous dire, vous qui avez évoqué récemment à la sauvette, presque dans la honte, la demande de grâce faite par notre ministre de la justice à son homologue irakien, que Yosri Trigui n'est pas coupable!

N'en déplaise à ceux qui sont aveugles et sourds pour ne pas voir ni dire la vérité. N'en déplaise à ceux qui ne savent de Yosri Trigui que le surnom Abou Kodama le Tunisien, en l’occurrence soumis à la jauge bien-pensante leur paraissant à lui seul suspect, pour ne pas dire accablant! Abou Kodama, dans le dico des rimes et la mécanique des réflexes mentaux, appelant automatiquement Ossama!

Vous avez peur de citer "la lèpre"! Vous avez tort. La pensée unique, le parti pris, les préjugés qu'on vous avait fait ingurgiter ou colporter sous Ben Ali vous enferment dans une prison sinistre pire que celle où croupit le condamné à mort. Puisqu'ils vous empêchent de respirer un air moins fétide que celui des années de braise, et de voir la vérité sous un angle autre que celui qui la déforme.
Yosri Trigui, Mesdames, Messieurs, n'est pas un terroriste. N'est pas un extrémiste islamiste. Ni un criminel comme d'aucuns se plaisent à le présenter. Se complaisent à le décrire.
Ôtez vos mains de l'info et lisez Jürgen Todenhôfer(2). Demandez au petit frangin de Yosri Trigui ce qui a conduit son frère en Irak, et il vous dira:" il est parti pour venger le sang de Mohamed Dorra." Oui, ce candide jeune homme était parti en Irak pour ça! A un moment où les adultes que nous sommes, hommes, femmes, peuples par millions, n'avons rien entrepris qui puisse juguler le désespoir de Yosri et tant d'autres de son âge. Nous nous sommes contentés, impuissants, de regarder l'image et d'avaler la couleuvre. S'il y a un coupable qui soit justiciable dans cette affaire, c'est nous, et en aucun cas Yosri.

Dans un monde juste, un monde où l'information assumerait comme il se doit la responsabilité qui lui incombe, Yosri Trigui demanderait à être purement et simplement réhabilité, et non à être gracié. Ni plus ni moins.

Mesdames et messieurs,

Yosri Trigui a été condamné une première fois à la peine de mort en 2006 sur la base d'aveux extorqués sous la torture. Torture à laquelle il a été soumis aux rares moments de rémission qu'il a eus dans son coma, blessé de sept balles et ne devant sa survie qu'à un miracle(3). Les deux crimes majeurs ayant fait le poids dans la sentence de mort, Yosri Trigui les a constamment déniés . Et de nouveaux éléments survenant après ce premier procès ont appuyé ce juste déni et prouvé l'innocence du condamné:

- Le 4 août 2009, on a arrêté le nommé Yasser Ali, appartenant aux commandos de la police irakienne, qui a reconnu sa culpabilité exclusive dans le rapt et le meurtre de Atouar Bahjat.

- Début janvier 2008, on a arrêté Mahmoud Dahaoui qui a reconnu à son tour être l'auteur du dynamitage du mausolée chiite de Samarra.

Tant que Yosri Trigui fut à la charge administrative des Américains (2006-2009), ces derniers n'ont pas osé signer sa mise à mort. D'ailleurs, en 2008, dans le procès en appel un sursaut de conscience a dû jouer en faveur de Yosri, chez les juges, justifiant le rejet de toutes les accusations dont il fut affublé. On n'a retenu contre lui que le délit de son entrée clandestine en Irak: délit mineur mais qui lui a valu 15 ans de prison quand même, compte tenu de la loi anti-terroriste entrée en vigueur au lendemain des attentats du 11 septembre, primant chez les juges sur toute autre loi.

Mesdames et messieurs,

Quand vous reprenez à la lettre ce qu'on vous dit au sujet de Yosri Trigui, forcément vous ne pouvez que faillir au journalisme et à l'éthique de ce métier.

Mais dites-vous que la vérité est tout autre. Contre toute attente, le jugement en cassation qui a eu lieu au moment même où la Tunisie vit au pouls de la révolution, début février 2011, a reconduit le premier verdict prononcé en 2006, au mépris de toutes les preuves d'innocence blanchissant Yosri Trigui des deux principales charges initialement retenues contre lui. En plus, ce dernier procès s'est déroulé en l'absence de l'accusé et de son avocat. Yosri Trigui n'a appris sa condamnation à la peine capitale que des semaines après la fin du procès, par une lettre émanant du ministère irakien de la justice, qui lui a été envoyée par poste à sa prison.

Par conséquent, quand notre ministre de la justice, répondant bien plus à la pression d'une partie de l'opinion publique intérieure qu'à son devoir (en tant que chef d'instance représentant la partie civile tunisienne) plaide auprès de son homologue irakien la cause de Yosri Trigui, il devrait réclamer avant tout la révision du procès. Et le réclamer de vive voix. Compte tenu de sa non implication dans des actes terroristes, Yosri Trigui n'a pas besoin de demande de grâce.Sauf si celle-ci s'avère inévitable comme procédure d'urgence visant l'arrêt de l'exécution. Mais il a besoin surtout d'une demande de réhabilitation.

Il a besoin aussi d'un sursaut de conscience nationale, une mobilisation massive qui engage à la fois les citoyens, les médias, les associations non gouvernementales et les partis politiques. D'où la nécessité, le devoir impérieux qui vous interpelle, Mesdames et messieurs les responsables de télés nationales. S'il y a un complot de silence à ce sujet, refusez de vous subordonner à ceux qui sont derrière. Soutenez dans cette rude épreuve ce jeune homme qui clame son innocence depuis sa prison à Bagdad. Et mettez sur le gouvernement la pression requise afin de l'inciter à se battre sans concessions pour sauver et faire rapatrier Yosri.


A.Amri
30.07.2011

Notes:
1- Qui ne dit mot consent, assure le vieil adage. Et je voudrais citer encore Emonet Pierre SJ:
"Tout silence n’est pas d’or. Peu s’en faut. Il est même des silences coupables. Celui des chiens muets, du veilleur enfermé dans sa tour d’ivoire, qui se tait et ne dénonce pas, des pleutres qui n’ont rien entendu parce qu’ils ne veulent pas d’histoires. Courtisans serviles, carriéristes alignés, pharisiens légalistes, responsables timorés, pantins dans la cour des grands, à chacun son silence. Silence diplomatique des chancelleries, silence combinard des politiciens, silence dévot de Tartuffe, silence conformiste des médias, silences troublés par le cri des pauvres et des petits, les gémissements de la nature dévastée, la détresse des victimes des modes et de l’argent facile, la supplication de ceux et celles qui plient sous des jougs intolérables."

2- Auteur allemand d'un livre consacré à la résistance irakienne Zaiel: pourquoi tu tues?
(ce livre a été traduit en arabe sous le titre لماذا تقتل يازيد؟

3- Lettre à Yosri


___________ Au même sujet:


http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/yosri-trigui-le-plaidoyer-du-pere.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/blog-post_23.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/violette-daguerre-et-haytham-manna.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/mme-micheline-calmy-rey.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/jose-luis-rodriguez-zapatero.html

Innocent, Yosri demanderait à être réhabilité, et non gracié!


"Au lieu de discourir sur les libertés et l'avenir de l'humanité, il faut se battre vraiment, sans concession. Pour la liberté et la vie des gens réels, qui vivent aujourd'hui."- Leonid Pliouchtch



"Le ministre de la Justice Lazhar Karoui Chebbi a adressé un message à son homologue irakien dans lequel il lui a sollicité la grâce du tunisien Yosri Trigui condamné à mort en Irak.
Selon un communiqué rendu public, vendredi, le ministre de la Justice a, également, sollicité la présentation du dossier de Yosri Trigui au Président de la République de l’Irak afin de lui permettre de bénéficier de la grâce". (tunisienumerique)

Le ministre de la justice, le gouvernement
tunisien et l'ensemble des citoyens qui seraient tentés de voir et juger Yosri Trigui à la lumière de l'acte d'accusation dressé contre celui-ci par les Irakiens (acte dont on n'a même pas un semblant de copie, hélas, vu le blackout systématique de la justice irakienne à ce sujet) doivent savoir ceci:

1- Yosri Trigui est allé en Irak pour se battre contre les Américains, et non pour commettre des actes terroristes. Son procès et la peine de mort prononcée contre lui ne s'appuient sur aucune preuve d'inculpation, hormis le fait qu'il est "justiciable et pendable" aux yeux de la loi Bush relative à la lutte anti-terroriste.

2- Yosri Trigui a été condamné une première fois à la peine de mort en 2006 sur la base d'aveux extorqués sous la torture. Les deux crimes majeurs ayant fait le poids dans la sentence de mort, Yosri Trigui n'a cessé de les récuser depuis et de nouveaux éléments survenant après le verdict ont appuyé cette récusation et prouvé son innocence.
- Le 4 août 2009, on a arrêté le nommé Yasser Ali, appartenant aux commandos de la police irakienne, qui a reconnu sa culpabilité exclusive dans le rapt et le meurtre de Atouar Bahjat(1).

- Début janvier 2008, on a arrêté Mahmoud Dahaoui qui a reconnu à son tour être l'auteur du dynamitage du mausolée chiite de Samarra(2).


3- Tant que Yosri Trigui fut à la charge administrative des Américains (2006-2009), ces derniers n'ont pas osé signer sa mise à mort. D'ailleurs, en 2008, dans le procès en appel un sursaut de conscience semble justifier le rejet de toutes les accusations dont Yosri fut affublé. On n'a retenu contre ce dernier que le délit de son entrée clandestine en Irak: délit mineur mais qui lui a valu quand même 15 ans de prison, compte tenu de la loi anti-terroriste primant chez les juges sur toute autre loi.

4- Contre toute attente, le jugement en cassation qui a eu lieu au moment
même où la Tunisie vivait au pouls de la révolution a reconduit le premier verdict prononcé en 2006, au mépris de toutes les preuves d'innocence blanchissant Yosri Trigui des deux principales charges initialement retenues contre lui. En plus, ce dernier procès s'est déroulé en l'absence de l'accusé et de son avocat. Yosri Trigui n'a appris sa condamnation à la peine capitale que des semaines après la fin du procès, par une lettre émanant du ministère irakien de la justice qui lui a été envoyée dans sa prison.

Par conséquent, quand notre ministre de la justice, répondant bien plus à la pression d'une partie de l'opinion publique intérieure qu'à son devoir (en tant qu'instance représentant la partie civile tunisienne) plaide auprès de son homologue irakien la cause de Yosri Trigui, il devrait réclamer avant tout la révision du procès. Compte tenu de son innocence dans des crimes de droit commun, Yosri Trigui n'a pas besoin de demande de grâce (ou alors seulement comme procédure d'urgence visant l'arrêt de l'exécution) mais il a besoin surtout d'une demande de réhabilitation. Il a besoin aussi d'un sursaut de conscience nationale, une mobilisation massive qui engage à la fois les citoyens, les médias, les associations non gouvernementales et les partis politiques pour le soutenir et appuyer toute initiative officielle tunisienne à son sujet auprès des autorités irakiennes.


A. Amri.
30.07.2011


1 - Les aveux de Yasser Ali.
2- Les aveux de Mahmoud Dahaoui.


Pour en savoir plus sur l'épreuve de Yosri et sa famille:

http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/yosri-trigui-le-plaidoyer-du-pere.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/blog-post_23.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/violette-daguerre-et-haytham-manna.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/mme-micheline-calmy-rey.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/jose-luis-rodriguez-zapatero.html

mercredi 27 juillet 2011

Zaied, pourquoi tu tues?

"Je crois que nous avons inventé pour notre vie un mensonge confortable. Ce mensonge est le suivant: "nous, nous sommes les bons. Le monde idéal c'est nous. C'est nous qui tendons la main secourable". Mais la vérité est tout autre. Je crois que nous occidentaux, nous n'avons pas dominé le monde par notre bel esprit, nos nobles valeurs ou la grandeur de notre religion. Mais parce que nous avons usé plus que les autres de la violence impitoyable. Et si je me permets d'être sérieux, ce ne sont pas les musulmans qui ont égorgé quatre millions d'humains au cours des croisades. Ce ne sont pas les musulmans qui ont tué 50 millions d'hommes pendant la colonisation. Ce ne sont pas encore les musulmans qui ont tué 70 millions dans la première et la deuxième guerres mondiales. Ce ne sont pas non plus les musulmans qui ont tué 6 millions de juifs. Mais tout cela c'était le bilan d'agressions occidentales."

Jürgen Todenhöfer

Warum tötest du, Zaid? est le titre du livre écrit par
Jürgen Todenhöfer fait partie de ces intellectuels européens engagés dans la guerre permanente contre le mediamensonge occidental.
Le comique français Coluche disait:



mardi 26 juillet 2011

إلى عــناية السيد المدير العام لقناة الجزيرة


عوضا عن التشدق بالحريات ومستقبل البشرية، علينا أن نخوض الصراع المباشر وبدون تنازلات من أجل حريات ومستقبل أشخاص هم الآن بيننا أحياء - ليونيد بليوشتش




الأخ وضاح،

بعد التحية والسلام، يسري الطريقي شاب تونسي ينتظر في سجن الكاظمية ببغداد تنفيذ عقوبة الإعدام التي صدرت ضده في محاكمة أقل ما يقال فيها أنها جائرة ولا تستند لإثباتات.

سنة 2003 ، وعمره لا يتجاوز التاسعة عشر، غادر يسري الطريقي وطنه تونس بدون علم عائلته والتحق بسوريا ثم تسلل عبر حدودها للعراق. للعلم كان يسري من الطلبة المتفوقين وكانت طموحاته كبيرة، غير أن واقع الوطن العربي المزري أنذاك وصور الجرائم التي ترتكب في حق الشعبين الفلسطيني والعراقي دفعا بيسري أن ينضم لساحة الجهاد لنصرة المقاومة العراقية.

في أواخر حزيران 2003، حاول يسري بمعية 15 من رفاق السلاح اجتياز نقطة تفتيش في الضلوعية الواقعة على بعد 30 كلم إلى الشمال من بغداد، لكن المحاولة باءت بالفشل، إذ استشهد كل رفاقه بنار القوات المشتركة في حين أصيب هو شخصيا بجراح بليغة بعد أن استقرت في جسمه ما لا يقل عن سبع رصاصات.

تم إيداعه وهو يصارع الموت في سجن بمخيم كروبر تحت إشراف الإدارة الأمريكية وحوكم وهو في حالة غيبوبة بعد أن انتزعت منه اعترافات تدينه في جرائم إرهاب. وصدر ضده حكم أول بالإعدام سنة 2006 ، ثم بعد سنتين تم نقض الحكم وأسقطت كل التهم الموجهة ليسري باستثناء تهمة التسلل بصفة سرية للتراب العراقي، التي وإن لم تكن بدرجة تذكر من الخطورة إلا أنها بحكم سريان القانون الجديد لمكافحة الإرهاب دفعت بالمحكمة للحكم على مرتكبها بـــ15 سنة سجنا. وفي كل الأحوال بالنسبة ليسري ولعائلته نزل هذا الحكم كالرحمة لأنه أسقط شبح الحبل والشنق غير المستحق.

لكن هذه الرحمة لم تدم طويلا..ففي سنة 2009 تم تسليم يسري الطريقي لإدارة السجون العراقية. ودونما إعلام أو مبرر، ارتأت السلط العراقية أن تعقب على محاكمة يسري فيما يسمى حكم التمييز، وبدون حضور لا المتهم ولا محاميه، أصدرت محكمة بغداد في الأشهر الأخيرة، وتحديدا عقب سقوط بن علي بقليل، حكم الإعدام مجددا ضده. وتم إشعار يسري الطريقي بالحكم عن طريق رسالة تلقاها من وزارة العدل العراقية.

الأخ وضاح،

بتاريخ 30 حزيران المنصرم، صادق نائب الرئيس العراقي على حكم الإعدام، وبالمناسبة علمنا أن أربعة أشخاص آخرين من جنسيات عربية مختلفة قد صدر ضدهم نفس الحكم، وقد أوحى تزامن هذه الأحكام مع ربيع الثورات العربية لأكثر من ملاحظ بفرضية وجود رسالة سياسية تقصد السلطات العراقية توجيهها للراي العام العربي وبالتحديد للبلدان التي تعيش هذا الربيع. ومهما يكن نحن في تونس نعتبر أن ما دفع بيسري أو غيره من الشباب للذهاب للعراق هو نظام بن علي البائد، بالدرجة الأولى، الذي انتهج القمع وتكميم الأفواه وصادر الحريات، فردية كانت أوجماعية، وسد أبواب الأمل في وجه الشباب وبالتالي ليس من الإنصاف أن تجازى ثورتنا بحكم قضائي كهذا الذي صدر ضد يسري الطريقي.

آخر الأخبار الواردة من العراق تشير إلى نقل يسري للسجن المذكور أعلاه (الكاظمية ببغداد) والخبر لاعتبارات تاريخية يثير المخاوف، إذ يعيد للذاكرة ما وقع سنة 2006 حين نقل الرئيس العراقي السابق لنفس السجن وتم شنقه يوم العيد.

الأخ وضاح،

أناشد قناة العرب الأولى التي أصبحت صوت الشعوب الثائرة أن تولي هذا الموضوع ما يستحقه من عناية وتعمل على إبلاغ نداء الإستغاثة هذا للسلط العراقية وتقنعها بأن الشعب التونسي الذي يآزر شقيقه العراقي في السراء والضراء شعب مسالم ولا يستحق أن يثكل في أحد أبنائه سيما وأن يسري ذهب للعراق بعفوية الشاب الغيور على عزة الوطن الواحد ولم يكن له من هم سوى مقاومة المحتل الأجنبي.

ولك أخ وضاح ولكامل قناة الجزيرة أسمى التحية وجزيل الشكر.



أحمد العامري

2011.07.26


في نفس الموضوع

http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/yosri-trigui-le-plaidoyer-du-pere.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/blog-post_23.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/violette-daguerre-et-haytham-manna.html
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http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/jose-luis-rodriguez-zapatero.html

lundi 25 juillet 2011

Yosri Trigui: le plaidoyer du père

Dans un procès injuste et marqué d'irrégularités (procédurales entre autres), le jeune tunisien Yosri Trigui a été condamné à mort en Irak, une première fois en 2006. Au cours de ce procès, Yosri -qui ne se remettait pas encore des graves blessures qu'il a eues le jour de son arrestation- était dans le coma! Il avait reçu sept balles alors qu'il tentait de franchir un check-point à 30 km de Bagdad. Et dans les rares moments de rémission qu'il a pu avoir dans ce no man's land entre vie et mort, Yosri voyait moins souvent des soignants à son chevet que des tortionnaires. Les aveux qui lui ont été extorqués étaient tels que l'acte d'accusation dressé contre lui ne pouvait qu'être des plus accablant. Tous les crimes dignes de Abou Kodama le Tunisien, les calomnies qu'on pouvait imaginer, ont été indûment attribués à Yosri alors qu'il se battait pour la survie.

Détenu par les Américains à Camp Kropper de 2003 jusqu’en 2009, Yosri devait probablement à tant d'irrégularités flagrantes marquant ses interrogatoires et son procès le renvoi aux calendes américano-irakiennes de sa mise à mort.

En 2008, sursaut de conscience humaine chez l'occupant, on réexamine le procès de Abou Kodama le Tunisien. Et celui-ci est innocenté de tous les crimes qui lui ont été précédemment imputés. On retient seulement contre lui son entrée clandestine en Irak; et pour ce délit somme toute mineur mais devenu crime depuis l'entrée en vigueur de la loi contre le terrorisme, on le condamne à 15 ans de prison! Ni lui ni sa famille ne pouvaient espérer mieux car le pire était quand même épargné.

En 2010, alors que Yosri Trigui était depuis un an à la charge administrative irakienne, contre toute attente on décide de refaire son procès, et le refaire sur la base de l'acte d'accusation initial, sans tenir compte du réexamen fait par les Américains ni de la peine considérablement allégée. De surcroit, au mépris des principes juridiques élémentaires et universellement reconnus, le procès se déroule en l'absence de l'accusé et de son avocat. Le premier verdict injuste et sévère, la peine capitale, est de nouveau prononcé.

Le 30 juin dernier, le vice-président irakien a approuvé ce jugement. Et on apprend que quatre autres personnes, deux Libyens, un Marocain, un Saoudien, sont frappés par la même sentence. Celle-ci, selon la décision signée par le vice-président, serait exécutée par pendaison.

Début juillet, au cours d'un meeting organisé en Tunisie pour soutenir la cause palestinienne, M. Fakher Trigui, père du condamné, est intervenu pour défendre son fils. A travers la vidéo de cette intervention dont j'ai traduit un extrait que j'ai mis en ligne (1), le père du condamné voudrait d'abord éclairer l'opinion publique sur ce flagrant cas d'injustice et mettre les autorités (mais aussi l'ensemble des citoyens) face à leur responsabilité. Tout en revendiquant pour son fils les opérations militaires dirigées contre l'occupant américain, ce père plaide l'innocence du condamné dans tout acte à caractère terroriste (2).

"Je ne mendierai de secours à personne, souligne M. Fakher Trigui. Je ne vais implorer personne ni demander à personne quoi que ce soit."

Ce plaidoyer juste et sans la moindre tonalité emphatique, où la dignité et la fierté nous interpellent tout autant que le non-dit, mérite notre intérêt. Et une réaction citoyenne digne de ce cas de détresse des plus urgents.







A.Amri
25.07.11

Notes:
1- Cette vidéo est disponible aussi sur Youtube.
2- Les deux accusations majeures ayant fait le poids dans la sentence du premier procès sont: rapt et meurtre de la journaliste Atouar Bahjat et dynamitage du mausolée chiite de Samarra. Or les vrais coupables dans ces deux actes ont été arrêtés postérieurement (cf liens ci-dessous).

-------------------- Au même sujet:

http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/blog-post_23.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/violette-daguerre-et-haytham-manna.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/mme-micheline-calmy-rey.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/jose-luis-rodriguez-zapatero.html

samedi 23 juillet 2011

نداء للسيد محمد مولدي الكافي وزير الخارجية


عوضا عن التشدق بالحريات ومستقبل البشرية، علينا أن نخوض الصراع المباشر وبدون تنازلات من أجل حريات ومستقبل أشخاص هم الآن بيننا أحياء - ليونيد بليوشتش




سيدي الوزير،

في الوقت الذي أكد فيه نائب الوزير العراقي حكم الإعدام الصادر ضد يسري الطريقي وأعلن أن التنفيذ سيتم بالشنق، كنا نأمل أن نرى سعادتكم في بغداد لمساندة مطالب العفو التي أرسلها أكثر من مواطن تونسي ومن جنسيات عديدة أخرى للسلط العراقية وعلى رأسها رئيس العراق السيد جلال طالباني والوزير الأول السيد نوري المالكي. لكنكم سيدي الوزير، لأسباب نجهلها، اكتفيتم بتفويض سفيرنا في العراق لأداء هذه المهمة.

معذرة، سيدي الوزير، ولكن ألا يستحق هذا المواطن الذي أدين في جملة ما حوكم من أجله بجرائم لم يرتكبها ووفق اعترافات انتزعت منه تحت التعذيب وثبت لاحقا أن مرتكبيها عراقيون وقفة وطنية رسمية بمستوى أكبر؟ ألا تكون الحكومة التونسية بصدد اللعب بالنار حين تبخل على أحد مواطنيها في حالة عسيرة كهذه بموقف دبلوماسي في المستوى المطلوب؟ ألا نعطي لأصحاب القرار في العراق الإعتقاد بأن حياة يسري الطريقي لا تستحق أن يتكبد من أجلها سعادة الوزير عناء السفر والصراع؟

سيدي الوزير،

لو كان يسري الطريقي يحمل جنسية غربية لقامت الدنيا وحرم عليها أن تقعد حتى يقطع الحبل المعد لرقبته. أما وهو تونسي فلا حراك ولا صوت إلا ما كان خجولا ولايرقى بالمرة لمستوى الصورة التي يطمح لها المواطن، والمواطن الثائر بالخصوص..

سيدي الوزير،

في آخر اتصال هاتفي بين والد يسري الطريقي والسيد السفير المعتمد بالعراق، أفاد هذا الأخير أن الإجراءات المطلوبة لإنقاذ يسري تم القيام بها. وعندما سئل إن كان قد أجرى اتصالات مباشرة مع الرئيس أو الوزير الأول العراقيين أجاب أنه كاتب المسؤولين وليس بإمكانه فعل أكثر من ذلك..

سيدي الوزير، نحن في صراع مع الموت ولا يعقل من دبلوماسي أهلته الدولة للدفاع عن مصالح الوطن ومواطنيه أن يقول "ليس بإمكانه فعل أكثر من ذلك". وإن قالها رغم ذلك، فعلى سعادة الوزير أن يقنعه بأن الدبلوماسية الحقيقية، وأعني بها النشطة، تفعل أكثر من ذلك.


ختاما، سيدي الوزير، أناشدكم أن تجعلوا من المسعى الهادف لإنقاذ يسري الطريقي قضية تونس الأولى في هذه المرحلة وأن تخوضوا شخصيا هذا الصراع لأن الأمر يتعلق بمسألة حياة أو موت لا تحتمل دبلوماسية خجولة او مترددة.

أحمد العامري

أستاذ تعليم ثانوي

قابس


أ.عامري

2011.07.23


في نفس الموضوع

يسري الطريقي: مرافعة الوالد

رسالة للسيد الوزير الأول

رسالة للجنة العربيية لحقوق الإنسان

رسالة للسيد رجب أردوغان

رسالة للسيدة رئيسة الإدارة الاتحادية السويسرية للشؤون الخارجية

رسالة للرأي العام وليسري الطريقي

النص العربي النص الفرنسي



vendredi 22 juillet 2011

A Jose Luis Rodriguez Zapatero


"Au lieu de discourir sur les libertés et l'avenir de l'humanité, il faut se battre vraiment, sans concession. Pour la liberté et la vie des gens réels, qui vivent aujourd'hui."- Leonid Pliouchtch


A la bienveillante attention de M. Jose Luis Rodriguez Zapatero

En vous écrivant cette lettre, c'est à la fois le militant espagnol de la classe ouvrière, l'homme politique européen et le farouche partisan de l'abolition universelle de la peine capitale que je voudrais interpeller en votre personne.

Yosri Trigui, jeune tunisien condamné à mort en Irak, risque d'être mis à mort en tout instant depuis que le vice-premier ministre irakien lui a signifié que la peine à son encontre serait exécutée par pendaison . Sa famille, ses amis et des citoyens de plusieurs pays sont engagés dans une course contre la montre pour sauver sa tête.

Arrêté en 2006 et accusé dans des affaires liées à la résistance irakienne contre l'occupant américain, c'est surtout sur la base d'aveux qui lui ont été extorqués sous la torture que ce jeune homme a été jugé et condamné à la peine capitale.
A la chute de Bagdad en 2003, alors qu'il était encore adolescent, Yosri Trigui a fugué vers l'Irak pour rallier la résistance armée locale. Fin juin 2006, il tentait avec 15 de ses frères d'armes de franchir un chek-point se trouvant à 30 km de Bagdad. La tentative s'est soldée par la mort de tous ses compagnons; et Yosri, criblé de balles, sept logées dans diverses zones de son corps, ne devait son salut qu'à un miracle. Écroué dans une prison administrée par les Américains, lors de ses interrogatoires il a été soumis à la torture et on lui a extorqué des aveux l'accablant, en particulier dans deux affaires à caractère criminel. Le dynamitage d'un mausolée chiite et le rapt et le meurtre d'une journaliste et femme de lettres, en l’occurrence Atouar Bahjat.
Au cours de son procès, Yosri a clamé son innocence dans ces deux affaires et dénoncé la barbarie de ses bourreaux qui l'a acculé à revendiquer des crimes qu'il n'a pas commis. Ses juges n'ont pas tenu compte de ce désaveu et l'auraient même menacé s'il persistait à se rétracter.

Des années plus tard, les vrais coupables dans ces deux affaires, s'appelant respectivement Mahmoud Dahaoui et Yasser Ali ont été arrêtés, le premier début janvier 2008 et le second le 4 août 2009. Ils ont reconnu être les auteurs exclusifs de ces crimes. Leurs aveux diffusés sur la chaîne de télé arabe Al-Arabya et les reportages sur les faits qui leur sont imputés sont disponibles sur les réseaux sociaux d'internet.
De tels faits nouveaux, et non des moindres, dans l'affaire de Yosri Trigui devaient faire réviser son procès et considérer l'accusé comme prisonnier de guerre. Mais le tribunal irakien qui a jugé l'affaire en appel n'a pas pris en considération cela. D'ailleurs, au mépris des procédures juridiques en règle, c'est en l'absence de l'accusé et de son avocat que le second procès s'est déroulé.

M. Jose Luis Rodriguez Zapatero,
Aux dernières nouvelles, le Jeune Yosri Trigui a été transféré à la centrale de Kathimya à Bagdad. Ce transfert est alarmant d'autant qu'il rappelle la triste fin de Saddam Hussein. C'est dans la même prison que l'ancien président irakien a été placé, en 2006, peu de jours avant sa pendaison. D'autre part, le père du condamné a perdu tout contact avec l'avocat irakien chargé de transmettre aux autorités compétentes la demande d'arrêt d'exécution. Il est à craindre que cet avocat ne soit qu'une partie dans un complot judiciaire contre le condamné.
Par conséquent, je vous prie, M. Jose Luis Rodriguez Zapatero, de vous joindre à cette bataille qui est la vôtre et d'y engager toutes les instances politiques qui relèvent de vos compétences.
J'en appelle à votre conscience d'abolitionniste convaincu pour en prendre acte.

Ahmed Amri
Enseignant - Tunisie
webamri@yahoo.fr
http://amriahmed.blogspot.com/

A.Amri
24.07.11

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Au même sujet:
- Yosri Trigui: plaidoyer du père
- Lettre au Premier Ministre Tunisien
-
Lettre au Ministre Tunisien des A-E
-Lettre au Premier Ministre Turc
- Lettre à la Commission Arabe des Droits de l'Homme
- Lettre au Département Suisse des A-E
-
Lettre de sensibilisation visant l'opinion publique



A Mme Micheline Calmy-Rey


"Au lieu de discourir sur les libertés et l'avenir de l'humanité, il faut se battre vraiment, sans concession. Pour la liberté et la vie des gens réels, qui vivent aujourd'hui."- Leonid Pliouchtch


A la bienveillante attention de Mme Micheline Calmy-Rey
Présidente du Département fédéral suisse des affaires étrangères

Madame la présidente,

Yosri Trigui est un jeune tunisien condamné à mort en Irak. Arrêté en 2006 et accusé dans des affaires liées à la résistance irakienne contre l'occupant américain, c'est surtout sur la base d'aveux qui lui ont été extorqués sous la torture que ce jeune homme a été jugé et condamné à la peine capitale. Son exécution pouvant intervenir en tout moment depuis que le le vice-premier ministre irakien a confirmé, le 28 juin dernier, l’exécution de la sentence de mort par pendaison, je viens par la présente solliciter votre soutien dans ce cas de détresse des plus urgents.

Madame la présidente,

A la chute de Bagdad en 2003, alors qu'il était encore adolescent, Yosri Trigui a fugué vers l'Irak pour rallier la résistance armée locale. Fin juin 2006, il tentait avec 15 de ses frères d'armes de franchir un chek-point se trouvant à 30 km de Bagdad. La tentative s'est soldée par la mort de tous ses compagnons; et Yosri, criblé de balles, sept logées dans diverses zones de son corps, ne devait son salut qu'à un miracle. Écroué dans une prison administrée par les Américains, lors de ses interrogatoires il a été soumis à la torture et on lui a extorqué des aveux l'accablant en particulier dans deux affaires à caractère criminel. Le dynamitage d'un mausolée chiite et le rapt et le meurtre d'une journaliste et femme de lettres, en l’occurrence Atouar Bahjat.
Au cours de son procès, Yosri a clamé son innocence dans ces deux affaires et dénoncé la barbarie de ses bourreaux qui l'a acculé à revendiquer des crimes qu'il n'a pas commis. Ses juges n'ont pas tenu compte de ce désaveu et l'auraient même menacé s'il persistait à se rétracter.

Des années plus tard, les vrais coupables dans ces deux affaires, s'appelant respectivement Mahmoud Dahaoui et Yasser Ali ont été arrêtés, le premier début janvier 2008 et le second le 4 août 2009. Ils ont reconnu être les auteurs exclusifs de ces crimes. Leurs aveux diffusés sur la chaîne de télé arabe Al-Arabya et les reportages sur les faits qui leur sont imputés sont disponibles sur les réseaux sociaux d'internet.
De tels faits nouveaux, et non des moindres, dans l'affaire de Yosri Trigui devaient faire réviser son procès et considérer l'accusé comme prisonnier de guerre. Mais le tribunal irakien qui a jugé l'affaire en appel n'a pas pris en considération cela. D'ailleurs, au mépris des procédures juridiques en règle, c'est en l'absence de l'accusé et de son avocat que le second procès s'est déroulé.

Madame la présidente,


La famille du condamné et ses amis, engagés dans une course contre la montre
, multiplient les démarches en vue d'obtenir pour ce condamné la grâce présidentielle et son rapatriement vers la Tunisie.

Sachant votre combat pour la justice et les droits de l'homme à la tête du Département fédéral suisse des affaires étrangères, je viens par la présente vous saisir personnellement de ce cas de détresse des plus urgents.

Nous n'avons pas le droit de nous faire les complices d'un meurtre dans une circonstance comme celle-ci. J'en appelle au courage de la militante que vous êtes et à la conscience de l'abolitionniste pour en prendre acte.

Ahmed Amri
Enseignant - Tunisie
webamri@yahoo.fr
http://amriahmed.blogspot.com/

P.S:
Pour plus de détails sur cette affaire, je vous prie de bien vouloir consulter mon blog et en particulier ce texte.

A.Amri
22.07.2011

Au même sujet:
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/yosri-trigui-le-plaidoyer-du-pere.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/violette-daguerre-et-haytham-manna.html

mercredi 20 juillet 2011

A la Commission Arabe des Droits de l'Homme


"Au lieu de discourir sur les libertés et l'avenir de l'humanité, il faut se battre vraiment, sans concession. Pour la liberté et la vie des gens réels, qui vivent aujourd'hui."- Leonid Pliouchtch

Mme Violette, frère Haytham, bonjour!

C'est en ma qualité de vieil ami et, sur notre terre commune d'exil, voisin du quartier, que je viens par la présente frapper à votre porte. Je sollicite l'appui de la Commission Arabe des Droits de l'Homme dans une affaire des plus urgentes. Sauver Yosri Trigui, jeune tunisien condamné à mort en Irak.

Enfant prodigue du sud généreux et, historiquement, toujours solidaire des causes arabes, Yosri a fugué vers l'Irak en 2003, alors qu'il était encore adolescent. Il a troqué le confort de la vie douillette et les plus belles années de la jeunesse contre les aléas et les périls d'une vie de résistant. En 2006, il a été arrêté alors qu'il tentait de franchir avec un groupe de ses frères d'armes un check-point à l'entrée de Dhoulouiyya, à près de 30 km au nord de Bagdad.
Criblé de balles, pas moins de sept logées dans diverses zones de son corps, le jeune Yosri ne devait son salut qu'à un miracle. Ses 15 compagnons quant à eux ont tous péri. Et cette survie quelque peu fabuleuse allait marquer aussi le début d'une rude épreuve pour le jeune homme. Écroué dans une prison sous l'administration américaine, on lui a extorqué sous la torture des aveux accablants, entre autres sa responsabilité dans le dynamitage du mausolée chiite de Samarra (le premier attentat datant du 22 avril 2006) et le rapt et le meurtre de la journaliste Atouar Bahjat. Pendant son procès, quoiqu'il ait clamé haut son innocence dans ces deux crimes il a été condamné à mort.
Quelques années plus tard, les vrais coupables dans ces deux opérations, s'appelant respectivement Mahmoud Dahaoui et Yasser Ali, ont été arrêtés. Le premier début janvier 2008 et le second le 4 août 2009. Tous deux ont reconnu être les auteurs des crimes indûment imputés à Yosri et dont le poids était déterminant dans la sentence prononcée contre ce dernier. Leurs aveux et les reportages sur les faits qui leur sont incriminés, diffusés sur Al-Arabya entre autres, sont disponibles sur les réseaux d'internet. Mais ces faits nouveaux, et non des moindres, n'ont rien apporté de positif au condamné. Au mépris des procédures judiciares en règle et de de tout sens de la justice, le tribunal de Bagdad a réexaminé en appel l'affaire de Yosri, en l’absence de celui-ci et de son avocat. Et le verdict a reconduit le jugement initial.

Aux dernières nouvelles, le jeune Yosri Trigui a été transféré à la centrale de Kadhimya à Bagdad. Il y a à craindre que ce transfert ne soit le signe de l'imminente exécution. En 2006, c'est à la même prison que Saddam Hussein fut transféré peu de temps avant sa pendaison.

Mme Violette, frère Haytham,
Je sais qu'en ce moment, avec tout ce qui se passe en Syrie et dans le reste du monde arabe, vous avez du pain sur la planche. Mais je sais aussi que pour une affaire de cette gravité, la Commission Arabe des Droits de l'Homme ne peut être négligée. Je vous en saisis avant tout autre instance, croyez-moi. L'estime que vous avez pour vos amis et le peuple tunisien me fait croire que ce cas de la plus haute urgence primera chez vous sur tout autre combat.

Enfin, recevez ma poignée de main fraternelle, chers amis, et merci du fond du cœur pour votre appui.
Ahmed Amri
Tunisie

P.S: vous pouvez trouver sur mon blog plus de détails sur cette affaire.

http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html

A.Amri
20.07.2011

Au même sujet:
Yosri Trigui: le plaidoyer du père
Lettre à Yosri Trigui - version arabe
Lettre à Yosri Trigui - version française
Lettre à Erdogan
Lettre au Premier Ministre Tunisien
Lettre à Micheline Calmy-Rey (Le DFAE suisse)


mardi 19 juillet 2011

A la bienveillante attention de M. Béji Caïd Sebsi, Premier Ministre


"Au lieu de discourir sur les libertés et l'avenir de l'humanité, il faut se battre vraiment, sans concession. Pour la liberté et la vie des gens réels, qui vivent aujourd'hui."- Leonid Pliouchtch




Monsieur le Premier Ministre,

A l'heure où le jeune tunisien Yosri Trigui risque en tout instant d'être exécuté à Bagdad, à l'heure où la Tunisie entière attend que son président, son premier ministre ou son ministre des affaires extérieures se rende en Irak et se batte, au corps-à-corps s'il le faut, pour sauver notre jeune compatriote et le faire rapatrier, votre gouvernement provisoire semble camper, hélas, dans l'attentisme, voire l'indifférence.

Pourtant, Monsieur le Premier Ministre, il s'agit ici d'un cas de détresse qui n'autorise aucun laxisme.
Aux dernières nouvelles, le père du condamné qui s'est enquis par téléphone auprès de notre ambassadeur à Bagdad sur les démarches faites sur place, apprend qu'à part des lettres envoyées aux autorités irakiennes, l'ambassadeur n'a demandé à voir ni le président irakien ni son premier ministre ni le ministre des affaires étrangères.

Sauf votre respect Monsieur le Premier Ministre, votre ambassadeur à Bagdad a failli à sa mission diplomatique. On ne traite pas une affaire d'une telle gravité par correspondance. Sauf impotence..diplomatique! Et c'est un bel euphémisme en l’occurrence!

Monsieur le Premier Ministre,

L'heure n'est ni aux supputations politiques ni aux querelles idéologiques. Yosri Trigui est un enfant, une victime de l'ère benalyenne qui fut acculée, comme beaucoup de jeunes de son âge, au désespoir et à la fuite en avant. Et puis ce jeune est allé se battre contre l'occupant américain. Comme se sont battus dans votre jeunesse les fellaghas contre le colon français.
Arrêté alors qu'il était blessé de sept balles, Yosri Trigui a été soumis à la torture. On lui a extorqué des aveux sur mille et un crimes dont il n'a pas commis un. Car résister n'a rien de criminel. Et on l'a jugé quand même et condamné à mort.

Ce Gavroche tunisien qui a eu la chance de survivre mais à qui on réclame avec hargne la tête aurait pu être mon enfant ou le vôtre, Monsieur le Premier Ministre. Nous n'avons pas le droit de le livrer à son triste sort. Nous n'avons pas le droit d'être les complices objectifs de son meurtre. Ni le droit de rajouter au supplice de sa famille tant marquée par l'épreuve depuis 2003. La Tunisie authentique, inaltérable, n'abandonne jamais ses enfants.
Quel que soit le grief qu'on puisse faire à cet enfant-là, c'est le nôtre; et nous nous devons de nous battre vaillamment pour arracher sa tête à la potence. Nous n'avons pas le droit de perdre cette bataille. Il y va de l'honneur de la révolution et l'histoire ne nous pardonnera pas de faillir à tel honneur.

Monsieur le Premier Ministre,

J'en appelle à la conscience de l'homme que vous êtes et à l'honneur de l'instance que vous représentez pour en prendre acte.

Ahmed Amri
Professeur- Gabès
webamri@yahoo.fr

A.Amri
19.07.2011

Au même sujet:
Yosri Trigui: le plaidoyer du père
Lettre à Yosri
Lettre à Recep Tayyip Erdogan, Premier Ministre turc
Lettre à la Commission Arabe des Droits de l'Homme
Lettre à Micheline Calmy-Rey, Présidente du DFAE (Département fédéral suisse des affaires étrangères)



samedi 16 juillet 2011

Lettre à Yosri


Ensemble, donnons à ce cri toute sa force pour rompre à temps la corde de la mort. J'en appelle à la conscience de chacun pour en prendre acte.



Il aimait Roger Milla, Samuel Eto'o, Christiano Ronaldo, Alan Shearer, Bobby Charlton, Ally McCoist, entre autres maillots numéro 9.


Et puis un jour, sans prévenir, sur un tapis volant il a fugué vers l'Irak, pays des Mille et une nuits. Et là au milieu de l'enfer, presque orphelin, presque le môme de Bagdad, il n'avait pas beaucoup de choix. Sitôt débarqué, il a dû troquer son tapis volant contre une arme à feu. Être de ce camp-ci, de l'autre, un Rambo, un Abou Kodama, un lambeau de chair dans les corps déchiquetés: quel que soit le camp qui l'eût choisi, même si l'enfer ne se prête ni au jeu de la candeur ni aux présomptions d'innocence, c'est surtout Gavroche qui lui aurait le mieux réussi.

Cher Yosri,

Quand, fin juin 2006, j'ai appris qu'un groupe de terroristes comprenant un jeune compatriote surnommé Abou Kodama le Tunisien a été arrêté en Irak, je n'ai pas trop fait attention à la nouvelle. Pour te dire la vérité, les attentats de chaque jour, rivalisant de sensationnel et de punch avec la fiction, les échos des nouvelles d'explosions que nous transmettaient inlassablement les médias, les images de morts -à l'unité et en vrac- qui nous pourchassaient sur tout écran ou toute page citant Bagdad, Kaboul, Islamabad, entre autres cibles privilégiées des Escadrons de la mort, ne nous laissaient guère le temps pour nous préoccuper de l'arrestation de Abou Kodama le Tunisien ou de son sort.

Peut-être m'en voudras-tu si je te dis: je me sentais plus proche des lambeaux humains déchiquetés sur l'autel du terrorisme. J'étais davantage préoccupé par le souci de voir un jour endiguée cette absurde effusion de sang, davantage sensible aux voix appelant à épargner la vie des innocents. Que ce soit dans les zones chaudes de notre Orient ou ailleurs. Tels soucis ne me donnaient pas le loisir de m'enquérir sur ce compatriote arrêté en Irak. Et puis ce compatriote arrêté en Irak, tout compte fait, quoique je ne l'aie jamais vu ni connu, est un terroriste! Comme l'attestent la télé, le sang des innocents, les évocations assez connotées de son nom de guerre... Et la moindre sympathie à son égard, objectivement parlant, serait une bénédiction du terrorisme.

Abou Kodama le Tunisien, membre d'Al-Qaïda, dynamiteur du mausolée chiite de Samarra et meurtrier de la journaliste et femme de lettres Atwar Bahjat(1):
voilà en gros, cher Yosri, l'image qu’on se faisait de toi en 2006. Il n'y avait pas de quoi se flatter que Abou Kodama soit tunisien.

Il va sans dire que le black-out médiatique où la Tunisie tenait bien haut son rang au nom de la lutte contre le terrorisme, entre autres facteurs, ne permettait pas de dégrossir le moindrement ce profil. Qu’on disait seulement Abou Kodama, et Ossama, la lèpre! surgissait immédiatement au premier ou en arrière-plan. Et le principe censé cher au droit universel, stipulant que tout accusé est présumé innocent jusqu'à preuve du contraire, dans ton cas précis ne pouvait que se pervertir, s'invertir même pour devenir: cet accusé-là est coupable, nonobstant preuve du contraire.

Dans les procès qu'on t'a faits, ceux de la presse et ceux de l'opinion publique, c’est tel principe introverti et perverti qui a prévalu. Et même les tribunaux irakiens, les magistrats qui t'avaient jugé, présumés au dessus de tout parti pris, probes et impartiaux ne s’étaient pas écartés d’une telle règle.

Ce n'est que longtemps après ton arrestation et ton jugement que, disposant d'assez d'éléments pour prendre mes distances avec la version officielle des faits pour lesquels tu fus jugé que j'ai pu te voir sous un autre jour. Au fur et à mesure des navigations dépistant Abou Kodama le Tunisien, j'ai appris que tu as été jugé surtout pour des aveux extorqués sous la torture. Et pire! tu aurais été menacé par tes juges contre toute tentation de te rétracter(2).

C'est en 2003, au lendemain de la chute de Bagdad et du régime de Saddam, que tu es entré en Irak. Clandestinement par la frontière irako-syrienne. Et tu n'étais pas le seul Tunisien à avoir fait telle incursion. Vous étiez des dizaines de compatriotes, sous diverses bannières, à rallier la résistance irakienne (3). Vous vous êtes battus de façon héroïque contre l'occupant américain et ses alliés. Beaucoup sont tombés dans des attaques menées contre les Américains, certains dans des opérations-suicides. Beaucoup aussi ont été arrêtés aux frontières, dont la plupart refoulés vers la Tunisie pour y être jugés et condamnés à de lourdes peines de prison.
Je n'ai pas réussi à trouver une indication qui confirme ton appartenance à Al-Qaïda; néanmoins, outre les motivations nationalistes soutenant ton engagement, c'est dans ta foi de musulman que tu puisais surtout la force de résister. Tu savais qu'en tout moment tu pouvais mourir ou tomber en captivité, mais tu n'avais pas d'autre choix pour soutenir tes frères en Irak.
Tu a participé à de nombreuses batailles, et des plus féroces, contre l'occupant. Tu as tué un grand nombre de soldats américains. Et tout au long des trois années dans ce parcours de guérillero harcelant l'armée ennemie, toi et tes camarades avez semé la terreur dans les rangs des forces d'occupation. Et de ceux qui sont entrés à Bagdad sur les chars américains(4).

Jusqu'à cet été 2006, fin juin plus exactement.
En compagnie de tes frères d'armes, tu tentais de franchir un check-point à l'entrée de Dhoulouiyya, à près de 30 km au nord de Bagdad. Face à vous, des forces mixtes irako-américaines, armées jusqu'aux dents, cela va de soi, mais qui en plus, selon toute vraisemblance, vous attendaient(5). Vous a-t-on sommés de vous rendre et auriez-vous refusé? Vous a-t-on proposé à tel ou tel moment une reddition que vous avez déclinée? On n'en sait rien. Mais si c'était le cas, on ne dira pas quand même de vous que vous avez soutenu une gageure et l'avez perdue. Ou que votre attitude chevaleresque était insensée. Vous êtes des fedayins instruits pour vaincre ou mourir. Il n'y a jamais de perdants dans votre guerre et votre foi. Et dans cet ultime combat, tes compagnons et toi, 16 en tout, en avez donné l’illustration. On ne saura pas le nombre de morts et de blessés dans les rangs de vos ennemis, mais dans vos rangs à vous, pour le moins c'est un carnage. Tes quinze compagnons sont tous tombés. Vous aspiriez à la chahada, mourir debout, pour nous offrir la gloire et votre sang de martyrs. Sauf que ce jour-là, sur les seize candidats postulant à tel honneur, le destin a élu 15, de diverses nationalités, et disqualifié un: Abou Kodama le Tunisien!

Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir sollicité un tel honneur, cher Yosri!
Criblé de balles, sept en tout logées dans ton corps de Gavroche, tu n'étais pas moins méritant pour être ainsi écarté! le fusil entre les mains et chavirant sous tant de blessures, tu t'es pourtant dit à part toi:" Houris d'Allah, me voilà! j'atteste qu'il n'est de dieu qu'Allah..." Et tu as franchi, ou cru franchir vers l'au-delà cet ultime check-point si éprouvant.


Dis-moi, Yosri, est-ce parce que tu es encore môme, candide, que les houris d'Allah ont délivré leur ticket de passage à tes quinze compagnons et refusé d'en fournir un à toi?


Quand tu pus rouvrir les yeux et aviser en quel lieu tu te trouvais, tu as dû songer un moment que même un martyr est passible du jugement dernier! Et puis tu as fini par te rendre à l'évidence que ce n'était pas le jugement de Dieu qui t'attendait à la ligne franchie. Mais celui des hommes! De ceux qui n'avaient pas songé que tu pusses avoir besoin d'une balle de grâce quand ils avaient ramassé, ensanglanté et inanimé, ton corps de Gavroche.
Incarcéré dans une prison sous l'administration américaine, sitôt rétabli, voire bien avant, tu as été soumis à la torture. Et les vers qu'on a dû te tirer du nez ne pouvaient être que flatteurs pour les bourreaux.

"Signe!" qu'on t'a dit au terme de ton supplice. Et tu as signé. Signé que tu es membre d'Al-Qaïda, que tu agis sous les ordres de Haitham al-Badri, que tu es l'auteur de l'attentat contre le mausolée chiite et que tu es le meurtrier égorgeur de Atwar Bahjat. Tu as dû signer aussi d'autres crimes mais tu ne t'en souviens plus. Et de toutes façons, dans une telle géhenne, signer c'est rien face à tout ce que tu as subi d'atrocités. Que n’aurais-tu pas dit, avoué, inventé même et authentifié par ta signature et tes empreintes digitales, dans une telle circonstance, pour tempérer l'humeur de ces messieurs connaissant sur le bout des doigts les arts de l'interrogatoire!(6)

A l'automne 2006, jugé par la Central Criminal Court de Bagdad, tu as beau clamer ton innocence de tout attentat et tout crime qui ne soient dirigés exclusivement contre l'occupant militaire américain, beau crier que tous les aveux retenus contre toi t'ont été extorqués sous la torture, le 10 octobre tu es condamné à la peine capitale.

Jusqu'à cette date, l'opinion communément ancrée dans la presse nationale, du moins celle qui daignait te consacrer de temps à autre une petite colonne, plus rarement un encadré, dans l'espoir de donner un coup de pouce à ses ventes, est que tu es bel et bien l'auteur des deux crimes précités. En bonne logique, seuls de tels faits d'armes pouvaient réellement concorder avec ton nom de guerre, en l’occurrence saillant, évocateur, dont les consonances riment inévitablement avec Ossama. Cependant, ta famille qui t'a éduqué dans l'amour et le respect d'autrui, t'a inculqué les justes valeurs de l'islam, entre autres l'indulgence et la tolérance, savait mieux que personne que la vérité est tout autre. Cette famille(7) qui endurait les souffrances depuis ta fugue vers l'Irak, qui vivait dans le supplice depuis qu'elle a appris ton arrestation, se battait chaque jour dans ton pays, dans ta ville, dans ton quartier natal, pour faire valoir à bon droit la légitimité de ton combat. Et clamer haut ton innocence dans les crimes qu'on t'avait indûment attribuées.

Évidemment, le plaidoyer parental, par essence subjectif, ne pouvait faire contrepoids au discours médiatique, celui-ci passant pour plus savant, objectif, désintéressé. Du moins chez le commun des citoyens. Quand bien même la subjectivité des tiens serait somme toute relative, ta famille tenant l'essentiel de ses informations de ton avocat, irakien et résidant à Bagdad. Mais quel que soit l'impact des médias à ton propos, peu à peu la bataille des tiens a réussi à faire des percées dans l'opinion publique, ne serait-ce que dans ta ville natale et dans les milieux politisés de l'opposition. Puis peu à peu de nouveaux témoignages venant directement d'autorités irakiennes plaidaient à leur tour en ta faveur. Il y eut d'abord la déclaration du préfet de Samarra accusant des forces irakiennes en uniforme d'avoir commis l'attentat du saint mausolée. Une telle accusation venant d'un haut responsable, et chiite, ne pouvait que réconforter tes défenseurs. D'autres témoignages ont suivi, concernant le meurtre de Atwar Bahjat. Celle-ci aurait été vue kidnappée par une force encore en uniforme, suite à son dernier reportage pour le compte de Al-Arabya. Et on l'a retrouvée morte le lendemain aux environs de Samarra. Quoiqu'il ait fallu attendre le 4 août 2009 pour arrêter son meurtrier, un nommé Yasser Ali appartenant aux commandos de la police irakienne, l'aveu de ce dernier devait te blanchir enfin des deux crimes ayant fait le poids dans la sentence de la peine capitale.

Fin janvier 2007, temps fort dans la vie des tiens, inoubliable moment pour tes parents dont le calvaire n'est pas moindre que le tien.
C'était invraisemblable, presque féerique. Le téléphone qui sonnait dans leur maison, à Sfax, décroché, leur fit entendre une voix qui leur semblait revenir de l'autre monde. Et effectivement, cette voix-là revenait de l'autre monde, tant le premier effet, poignant, inouï, a dû les étourdir. Le timbre, les inflexions ont dû changer un peu, s'imprégnant à la fois de la forte émotion et des marques du temps, mais c'était bel et bien ta voix! c'était bel et bien, inaltérable, leur tendre enfant qui était au bout du fil.

Cela faisait combien d'années pour eux comme pour toi, certes soudés dans cette rude épreuve mais terriblement marqués, qu'un tel bonheur tant rêvé se profilait inespéré?
Tu étais toujours incarcéré sous l'administration américaine et celle-ci a daigné t'offrir à toi et tes parents ce coup de téléphone inattendu, inoubliable. Qu'est-ce que tu as pu leur dire au bout de tant d'années de séparation et de souffrances? Qu'est-ce qu'ils ont pu te dire à leur tour? Sûrement pas beaucoup de choses, la communication étant chronométrée, imprévue et la voix ici et là, comme on peut l'imaginer, coupée de hoquets. Mais l'essentiel n'aurait pas été omis. Tu n'avais rien commis de répréhensible; tu t'es battu en vaillant guérillero; tu n'as braqué ton fusil que contre l'occupant qui a humilié tes frères et sœurs. Et s'ils t'exécutaient quand même, tu serais heureux, certain que les houris d'Allah te dédommageraient d'une telle peine(8).

La communication terminée, tes parents qui étaient tantôt dans l'euphorie se trouvaient subitement plongés dans l'angoisse. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, un sentiment oppressant, obsédant, s'est emparé d'eux. Un pressentiment funeste, des affres de la même nature que susciterait l'imminence d'une mort certaine.

Pour comprendre cette angoisse si oppressante, il faut la restituer au contexte historique de cette première communication téléphonique.
Nous sommes au lendemain de la triste exécution de Saddam Hussein, survenue quatre semaines plus tôt le jour de l'Aïd al-Adha, en ce 30 décembre 2006, fête qui nous donnait du mouton un âpre goût de charogne. Du coup, la communication inattendue a réveillé le spectre de la corde. Et ce spectre devenait hantise, lancinant. Si les Américains avaient offert au condamné cette communication, c'était signe pour tes pauvres parents que le dernier vœu du condamné à mort a été exaucé.
On ne dira jamais assez ce que ta mère, ton père avaient souffert dans les jours suivant cet appel mémorable.

Peu à peu quand même, il leur fallait s'accrocher à la vie et à l'espoir que ton heure n'était pas encore décidée.

2008, première semaine du mois de janvier et par une nuit glaciale, ta famille apprend une bonne nouvelle qui radoucit sensiblement l'air ambiant de la maison. Dans son journal de 20h, Al-Arabya annonce la nouvelle de l'arrestation de Mahmoud Dahaoui qu'elle présente comme l'auteur de l'attentat contre le mausolée de Samarra. Et la chaîne de télé diffuse les images des aveux amplement détaillés, le récit de son arrestation et l'inventaire des objets de valeur récupérés par les forces de police qui a réalisé telle opération.
Cet événement, qui n'est pas des moindre, censé augurer d'un retournement de situation en ta faveur, ne pouvait que faire la joie de tes parents et le bonheur de ceux qui croyaient ferme en ton innocence. Pour une fois, l'espoir que ton affaire serait réexaminée, que le jugement initial ramené à une peine moins lourde, était enfin permis. Et si on pouvait rêver encore, si le traité de Genève relatif aux prisonniers de guerre avait quelque chance d'être respecté, en la circonstance la peine de mort, au moins, serait écartée.

Mais ce serait dans une République, Yosri -souviens-toi bien de ceci, même si la République, la vraie, on ne l'a jamais vue ailleurs que dans les livres de Platon! que les rêves justes sont permis. Et non dans une oligarchie comme celles qui nous gouvernent. Le-dit traité de Genève et la justice ne peuvent avoir droit de cité là où la haine est la seule conseillère des justiciers.
Il y eut bien un second procès, ou un semblant de procès, mais dans lequel tes droits les plus élémentaires d'accusé furent bafoués. En ton absence et en l'absence de ton avocat, le tribunal a confirmé le premier jugement.

Cher Yosri,
Que tel semblant de procès se soit fait au moment même où la Tunisie a déboulonné son dictateur, que le tribunal n'ait voulu tenir compte d’aucun élément nouveau dans ton dossier, que la peine capitale, et seule cette peine, ait été requise par le procureur et entendue par tes juges, les autorités irakiennes nous donnent à penser qu'elles voudraient adresser par-là un message implicite à l'attention des peuples en révolte(9). Et ce n'est pas un hasard si tes frères d'armes, dont trois appartiennent à des pays marqués par le printemps, soient jugés en même temps que toi et frappés de la même sentence.
Quoiqu'il en soit, et tu en conviendras cher Yosri, en Tunisie nous nous sommes révoltés contre la tyrannie et l'injustice, et non pour fonder le califat d'Abou Kodama!
Et nous ne méritons pas d'être rétribués par la décapitation de l'un des nôtres, même s'il porte un surnom pas trop catholique!
Et puis la révolution tunisienne, comme l'atteste le monde entier, a fait chuter en même temps que Ben Ali le mythe d'Al-Qaïda. Bien avant les Américains, Bouazizi a réglé son compte au cheikh Oussama Ben Laden!

Par conséquent, pour nous tu es prisonnier de guerre, pas terroriste. Notre propos ici n'est pas de défendre ton idéal politique, ni tes convictions religieuses, mais de nous élever contre une sentence injuste qui, en cas d'exécution, sera lourde de conséquences, et pour cause!

Que me reste-t-il enfin à te dire, cher Yosri?
En ce moment précis où je scrute ton visage, à travers ces quelques photos que j'ai pu glaner ça et là sur les pages web, j'apprends que tu viens d'être transféré à la centrale de Kathimya à Bagdad.
Je ne voudrais pas que ces photos deviennent les saintes reliques d'un martyr. Je ne voudrais pas non plus jouer à la Cassandre. Mais en même temps, je tremble à l'idée que les autorités irakiennes aient procédé à ton transfert, quelques jours seulement avant le mois de ramadan, pour rééditer leur triste scénario macabre de l'an 2006. Il y a cinq ans, à la veille de l'Aïd, c'est dans cette même prison que Saddam Hussein a été transféré.

A cet instant-ci tant éprouvant, c'est un de mes enfants que je vois en toi. Mieux! tu m'es le plus proche de mes petits. Compte tenu de ton épreuve, des justes appréhensions que suscite la circonstance, de ce cas de détresse qui n'autorise ni indifférence ni attentisme, je n'ai que ma voix, que ce cri de vivant pour me dresser farouchement contre l'échafaud.
Je voudrais interpeller chaque membre de notre gouvernement de transition(10), Son Excellence le Président provisoire, les citoyens libres du pays et du monde, afin qu'ils s'engagent tous dans cette bataille pour la vie. De vive voix, réclamons que ce jugement injuste, barbare et lourd de conséquences soit révoqué.

Ensemble, donnons à ce cri toute sa force pour rompre à temps la corde de la mort.

J'en appelle à la conscience de chacun pour en prendre acte(11).


Cher Yosri,
Je souhaite te voir bientôt en Tunisie, vivant et libre. En attendant ce jour que j'appelle de tous mes vœux, reçois ma poignée de main chaleureuse et paternelle.



A. Amri
16.07.2011.

Au même sujet:
- Yosri Trigui: le plaidoyer du père
- Une version condensée, en arabe, de ce même texte.
- Lettre à la Commission Arabe des Droits de l'Homme
- Lettre au Premier Ministre Tunisien
- Lettre à Erdogan

- Lettre à Mme Micheline Calmy-Rey, Présidente du DFAE
- Deux lettres écrites selon les modèles présentés sous l'annotation 11 (voir NOTES plus bas) ont été adressées par voie de l'ambassade irakienne en France à Messieurs le Président et le Premier Ministre irakiens.

_______________NOTES:

1- C'est ce qui ressort de la conférence de presse donnée fin juin 2006 par Mouaffik Rébiï, conseiller à la sécurité irakienne.

2- Source: site Al-Karma.

3- Il serait difficile d'évaluer le nombre exact de ces résistants tunisiens en Irak. Cependant, depuis la chute de Bagdad en avril 2003, "des dizaines de tunisiens sont tombés en martyrs dans les rangs de la résistance irakienne": c'est ce que souligne dans un message de soutien à la révolution tunisienne un haut responsable du Baâth irakien dans une communication téléphonique à Achourouk en date du 16 janvier 2011. Par ailleurs de nombreux tunisiens se rendant en Irak ont été été arrêtés en Syrie. On recense au moins 13 personnes jugées en Tunisie, dont 4 refoulées par les autorités syriennes, pour tentatives de ralliement à la résistance irakienne. Et depuis 2003, il y aurait près de 2000 personnes arrêtées en Tunisie dans le cadre de ce qu'on appelle "lutte contre le terrorisme".

4- Témoignage du père intervenant dans un meeting organisé contre la normalisation avec l'Etat sioniste.

5-Dans la conférence de presse donnée par Mouaffak Rébiî, conseiller à la sécurité irakienne, on apprend que l'aide américaine était déterminante dans cette opération. On présume que les services d'espionnage avaient facilité la tâche des forces stationnées au chek-point de Dhoulouiyya.

6- La toile foisonne de témoignages sur la torture en Irak: on se souvient encore de la diffusion en 2004 de photographies choquantes montrant des détenus irakiens humiliés par des soldats américains (le scandale d'Abou Ghraib) . Mais il y a d'autres témoignages tout aussi accablants concernant les centres de détention à Kaboul, sans oublier tout ce qui a été révélé sur la prison de Guantánamo.
Ci-dessous les liens de trois vidéos évoquant la torture en Irak:
- Vidéo 1 - Vidéo 2 - Vidéo 3

7-Témoignage du père sur youtube.

8- Ce rêve associé aux récompenses divines, Yosri ne s'embarrasse pas d'en faire part à ses parents. Dans les lettre adressées à sa mère, la formule de clôture est souvent celle-ci:" Ne pleure pas, douce maman. S'il est écrit que tu ne reverras plus ton enfant, je n'en serai que plus heureux entouré des houris d'Allah."

9- Le premier à avoir établi un lien entre le printemps arabe et la reconduction de cette sentence est le père même de Yosri, Fakher Trigui. Dans un article écrit au mois de mai dernier, le père estime que les autorités irakiennes redoutent de restituer son fils, blanchi des crimes de terrorisme ou gracié, à la Tunisie nouvelle, d'autant que celle-ci entend retourner la page sombre de l'époque où les islamistes étaient persécutés.

10- Aux dernières nouvelles, le ministère de l'extérieur aurait engagé des transactions avec les autorités irakiennes en vue d'obtenir le transfert de Yosri vers la Tunisie. Souhaitons que cette initiative soit couronnée de succès.

11- Ci-dessous un modèle de Requête de grâce pour Yosri Trigui (en français et en arabe) pouvant être personnalisé et envoyé par fax à l'ambassade irakienne de votre pays. Le numéro de fax de l'ambassade irakienne à Paris est le suivant:
0033 1 45 53 33 80

Modèle en langue arabe (les éléments nécessitant la personnalisation sont écrits en rouge):

إسمك ولقبك بلدك في 2011.07.17

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إلى عناية فخامة رئيس جمهورية العراق السيد جلال طالباني

الموضوع: التماس عفو

فخامة رئيس جمهورية

أكتب إليكم من تونس بلد المحبة والإخاء والسلام باسمي الخاص وأصالة عن الشعب الذي تربطه بالعراق أواصر الأخوة والحضارة ملتمسا منكم فخامة الرئيس أن تبروا بيسري الطريقي القابع في سجن الشعبة الخامسة في الكاظمية ببغداد وبذويه الذين يكتوون بالنار في تونس منذ أن صدر في حق ابنهم حكم الإعدام سنة 2006 وتم تثبيته لاحقا لدى التعقيب وإني أذ أهيب بسيادتكم فخامة الرئيس ان تشملوا بعفوكم الواسع هذا الشاب الذي ما كان قدره ليسوقه لأرض العراق لولا حبه لهذا البلد وغيرته الصادقة والعفوية على أرض وشعب كان يرى فيهما رمز العزة والحضارة ومجد الأمة أناشد سيادتكم فخامة الرئيس أن تراعوا أولا وآخرا عائلة المحكوم عليه بالإعدام وخاصة والديه، وثانيا كل الظروف التي حفت باستنطاق الشاب يسري وبالخصوص ما تعرض إليه من تعذيب حتى يتبنى التهم المنسوبة إليه، وثالثا محاكمته التي شابتها أكثر من شائبة ليس أقلها حرمانه كمتهم ومحاميه من متابعة جلسات المحاكمة الثانية ثم كل المستجدات التي حصلت بعد صدور الحكم منذ 2006 كالقبض على ياسر علي قاتل الإعلامية أطوار بهجت وبعد ذلك القبض على محمود الدهوي مفجر المرقدين بسمراء وهما عنصران أساسيان كان يفترض فيهما أن يدفعا القضاء العراقي لمراجعة كل التهم المنسوبة ليسري أو على الأقل إسقاط تهمتي القتل والتفجير اللتين رجحتا كفة الحكم بالإعدام في المحاكمة الأولى.

فخامة الرئيس ،

إن الذي زرع بذور التطرف والإرهاب في تونس هو طاغية من طينة صدام حسين وقد ذهب بدون رجعة بفضل الثورة ولدينا القناعة التامة أن الإرهاب والتطرف قد هربا من تونس في نفس اليوم الذي سقطت فيه الدكتاتورية. وبالتالي حين تتفضلون فخامة الرئيس وتشملون بعطفكم وعفوكم شابا في مقتبل العمر زلت به قدماه وهو في عمر المراهقين ثقوا أن شعب تونس لن ينس لكم هذا الفضل الكبير وسيكون ممتنا لفخامتكم ولشعب العراق الشقيق

أملنا فيكم وفي رحمة الله كبير

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A la bienveillante attention de Son Excellence le Président de la République irakienne M. Jalal Talabani

Objet: Requête de grâce pour Yosri Trigui

Monsieur le Président,
Je viens par la présente solliciter de votre excellence la grâce pour le jeune tunisien Yosri Trigui, emprisonné à la centrale de Kadhimya à Bagdad, et qui a été condamné à mort suite à un procès injuste.
La jeunesse de l'accusé, les irrégularités de son procès, la nullité des aveux qui lui ont été extorqués sous la torture, autant d'éléments plaident, Monsieur le Président, pour cette faveur que je voudrais soumettre à votre bienveillante attention.
J'en appelle à la générosite du descendant de Saladin pour en prendre acte.

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