mercredi 4 décembre 2013

Oyoun Al-Kalam (Les Yeux des Mots): Anthologie de chants traduits



"Quand elle évoque son parcours artistique, c'estOyoun Al-Kalam ou Al-Bahth Al-Moussiqui qui priment en toute circonstance sur le patronyme et le prénom siens. Quand on lui attribue un titre, un succès, une performance sur un plateau de télévision, c'est tout juste si elle ne se fâche pas! A cause de ce tropisme mécanique, injuste, maladroit, qui détourne le mérite collectif au profit de sa modeste personne! Car, et elle rectifie sur-le-champ, c'est le titre de Oyoun Al-Kalam, le succès d'Albahth Al-Mousiqi, la performance du groupe!
Il y a en elle un tel respect de cette dimension identitaire partagée, un tel sens de l'honnêteté intellectuelle -l'honnêteté tout court- qu'elle refuse tout hommage qui ne soit pas à l'honneur du groupe auquel elle appartient. Alors même que ce groupe n'est plus qu'un duo depuis 2004, tel souci de probité demeure inchangé chez elle.

Mais comment persuader alors de sa maladresse et son impertinence le maudit tropisme mécanique si, à travers un hommage comme celui qui suit, il se révèle irrémédiable? Nous y reviendrons.
Aux origines du texte ci-dessous, il y avait un désir, vieux et quasi obsessionnel, de rendre hommage à l'ensemble Al-Bahth Al-Moussiqi qui, outre sa contribution à l'éveil d'une conscience nationale progressiste et révolutionnaire, a donné à la ville de Gabès une bouffée d'oxygène inappréciable. Inappréciable et inespérée, d'autant que la pollution chimique asphyxiant la région semblait affecter par une forme de contagion sournoise la vie culturelle même. Mais au moment précis où le désir est né, des dissensions internes ont fracturé l'ensemble une première fois en 95. Et de nouveau en 2004. Certains membres ont pris une retraite anticipée. D'autres se sont attelés à la relance de l'ensemble. Tandis que deux cartes maîtresses de la troupe dispersée la Dame de cœur et le Valet de carreau! ont crée leur propre ensemble, le duo Oyoun Al-Kalam.
Revenons à la question posée précédemment au sujet de ce tropisme mécanique incurable! Comment le persuader de sa maladresse et son impertinence?
Lui rappeler que l'arbre ne peut cacher la forêt? Ce serait tout aussi absurde qu'interpeller en pleine nuit un non-voyant pour lui dire:" bougre d'aveugle, regarde où tu mets ta canne!"
L'émotion esthétique a ses lois que la raison dialectique n'a pas. C'est à sa rencontre en 1962 avec Ahmed Fouad Nejm et l'étroite collaboration du duo, auquel s'est jointe la compagne du poète Azza,  que Cheikh Imam doit l'éclat de ses nom et renom. Et pourtant l'arbre a fini par éclipser la forêt. Dans l'ombre de Marcel Khalifa, qui se souvient de l'ensemble Al Mayadeen? Qui distingue assez nettement l'imperceptible Oumaïma? Dans l’Église d'Orient, sous l'aura des saintes icônes byzantines Dieu même n'est-il plus qu'un pâle figurant?"
 
A. Amri
09.01.2013

Amel Hamrouni ou la conscience de ceux qui n'ont pas de voix



La Bsissa

Prends la bsissa et les dattes mon enfant
Et voici deux mille en pièces de vingt
Que je viens d'avoir maintenant
Empoche ton fric, prends !
Mais n'oublie pas ta maman, surtout
Et pour rien au monde mon enfant
Ne délaisse pas tes études
Éloigne-toi des égarés 

Ne te laisse pas tenter par leur tain de vie
Eux ils ont des sous, ils ont la vie facile
N'oublie pas tes bouquins Viens tout près de ta maman
Tu es gravé dans le cœur mais j'ai les larmes aux yeux

Poésie Belgacem Yakoubi
Traduction A.Amri



Martyr

Martyr, ô martyr !
Martyr, le pain est revenu
Martyr du pain, révolte-toi !
De ta tombe une rose est sortie
Phare guidant les processions de pèlerins
Mon sang, ma petite maman, est rose
Dessine sur la voie publique un pain
Je voulais faire de ma poitrine le bouclier du peuple
Les bataillons de brigadiers l'ont criblée de balles
Mais mon tueur, moi je l'ai vu
Caché au centre du palais
Il éperonnait aux bras ses sentinelles
Qui ont vidé en moi la haine des balles
J'ai été inhumé dans l'obscurité de la nuit
N'ayant droit qu'à des obsèques discrètes
Ben Ghdahem et Daghbagi
Quand ils se sont rencontrés au milieu des oueds
Marchant alors que les rigoles de sang coulaient
De Bizerte à Ben Guerdane
Ils ont dit:" ceci est le sang de Fadhel
Qui se répand et couvre tous les lieux
Il crie et proteste contre la hausse du pain
Décidée par les officiants politiques
Pauvre de moi qui vois le blé de Béja
Remplir vos greniers, ô Romains !
La rose que tu as irriguée de ton sang
Embaumant la brise qui s'élève
A titillé son nez à ta maman
Et ta maman a crié:" ne dites pas qu'il est mort !
Pourquoi vous dites Fadhel est mort ?
Ne dites pas que Fadhel est mort
Fadhel est une graine dans l'épi
Surgeon de l'olivier et du dattier
Fadhel sera bientôt à Gafsa
Invité par les montagnes du phosphate
Fadhel, fleur d'amandier
Qui s'épanouit au fort de l'hiver
Trait de lumière dans la nuit obscure
Épine inextirpable au pied de la dictature
Un Fadhel de perdu pour l’honneur
Cinq de trouvés pour le relais
Irréductibles sur les sentiers du combat
Fadhel ne fait que faire un somme
Il se réveillera sous peu
A l'appel du séisme


Poésie
Lazhar Dhaoui
Traduction A. Amri





Si la rosée



Les femmes de mon pays

J'ai écrit, tant écrit
épuisant lettres et dits
j'ai décrit, tant décrit
épuisant l'inédit
je dis, donc, en deux mots
et je passe
la femme de mon pays
est mesurable à l'aune
d'une femme et demi

Poésie Ouled Ahmed
Musique: Jamel Guenna
Traduction A.Amri



Patrie que trame l'imaginaire



L'Internationale



Toujours ayant du souffle



Les Yeux des Mots

Si le soleil se noie dans une mer de brume

Et déploie sur l'univers une vague de ténèbres

Si la vue s'éteint dans la prunelle et le cœur

Si le chemin se perd dans l'inextricable dédale

Toi qui erres, qui cherches et qui comprends

Tu n'as plus d'autre guide que les yeux des mots

Aucun commentaire:

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...