vendredi 5 juillet 2013

Dis-moi, il se passe quoi exactement en Egypte?


Ami sur le réseau Facebook, Philippe de Belleville m'a posé la question qui suit: "dis-moi, Ahmed, il se passe quoi exactement en Egypte?"
 Ce qui se passe en Egypte, cher ami, est un nouvel épisode de la révolution. Nouvel acte du Printemps. La révolution est un long et pénible processus qui a des hauts et des bas, une âpre lutte avec d'énormes enjeux qui engagent plusieurs protagonistes dont les uns sont directement présents sur le terrain et d'autres à l'étranger.

Acte I de la révolution arabe: des peuples se sont soulevés et ont consenti des sacrifices en vies humaines dans l'espoir de vivre des lendemains meilleurs. Ils ont réussi à déboulonner des dictatures mais pas le système. Celui-ci a été reconduit par ceux qui ont détourné à leur profit la chute des vieilles dictatures. Des acteurs étrangers (Qatar, Arabie, USA...) sont entrés en jeu pour servir leurs intérêts et des visées géopolitiques émiettant davantage le monde arabe. La gestion des affaires publiques en Egypte comme en Tunisie, au lieu de répondre aux aspirations des masses, au lieu de servir la démocratie et les idéaux révolutionnaires de justice et de liberté, n'a fait qu'empirer pour engendrer une dictature théocratique préparant le terrain à un coup d’État islamiste constitutionnel, et parallèlement exporter le projet islamiste vers d'autres pays. On a vu ce que cela a donné en Libye, on voit ce qui se passe en Syrie, et l'agenda islamiste est davantage ambitieux: l’Algérie est leur prochain point de mire, leur rêve étant de fonder un califat ayant pour frontières l'Euphrate et l'Océan. Les peuples eux réclament du pain, la liberté, la dignité et en ont ras-le-bol du discours religieux et des dérives islamistes qu'on ne compte plus.

C'est la raison pour laquelle ces deux peuples n'ont jamais arrêté leurs révolutions, les manifestations, les sit-in, les pétitions, les grèves étant quasi quotidiennes depuis la chute de Ben Ali et Moubarek.
Le mouvement Tamarrod égyptien a rassemblé dans les rues quelque chose comme 30 millions de personnes réclamant d'une seule voix le départ d'un président nul et fasciste. Vous me diriez que ce président a été élu démocratiquement, qu'en refusant de céder le pouvoir il n'aurait fait que défendre la "légitimité"; mais souvenez-vous que Hitler a été élu aussi démocratiquement. Par conséquent, ceux qui pérorent sur la légitimité devraient évaluer d'abord le bilan démocratique de ce président, les acquis sociaux, les gains ou pertes par rapport au passé, les perspectives à l'intérieur de l'Egypte comme dans l'ensemble des pays arabes, et surtout mettre sur la balance 30 millions de voix anti-Morsi, pour mesurer l'absurdité de l'argument "légitimité".

Il y a un an, candidat aux présidentielles en Egypte, Morsi a été interrogé en duplex sur CBC+2 comme suit:
" Quelle serait votre attitude si vous vous trouviez face à un million de manifestants réclamant votre départ?"

Morsi répondait alors:
" D'abord, laissez-moi vous dire que cela ne se produira pas, parce que moi président, je gouvernerai en parfaite adéquation avec la volonté du peuple. Mais si cela se produit quand même, dans ce cas je me plierai spontanément à la volonté du peuple" (Voir vidéo ci-dessous).

Mais comme le dit le proverbe :"promesse des grands n'est pas héritage!" A l'heure de la vérité, Morsi n'a eu pour dada que "légitimité" (le mot a été répété 59 fois dans son dernier discours), ce qui voulait bien dire: j'y suis, j'y reste. Et tant pis s'il y a une guerre civile.

L'armée l'a évincé. Mais est-ce pour autant un coup d’État?
Toute la polémique est à ce niveau. On fait table rase des masses dont le nombre est entré au Guinness World Records; on ne veut plus parler de cette rébellion populaire pacifique sans précédent dans l'histoire de l'humanité; on montre de l'index l'armée qu'on accuse de putschiste, alors que le vrai mobile de l'intervention militaire était d'avorter un putsch islamiste constitutionnel. L'armée égyptienne n'a pas nommé un général pour assurer la transition mais un civil; et des élections prochaines vont avoir lieu. Par conséquent, n'intentons pas à la hâte des procès contre cette armée, même si son intervention n'a pas encore sorti de l'auberge l'Egypte, le président déchu et sa confrérie pouvant rééditer, hélas, le triste scénario algérien.


Promesse des grands n'est pas héritage

A.Amri
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