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lundi 28 janvier 2013

Fatah Thabet in memoriam - Par Tounès Thabet

Dédié à la mémoire de son mari Fatah décédé le 12 juillet 2012, cet hommage écrit par Tounès Thabet nous saisit autant par le style imagé, la tendre poésie, que par la lumière -tantôt blanche, chaude,  tantôt bleue, tamisée- qu'il jette sur le disparu. Transcendant tout épanchement jugé impudique, toute effusion à tonalité idyllique ou élégiaque, il  nous restitue de Fatah des instantanés  qu'on croit sortis d'un album-photos, images qui recoupent sans fioriture aucune les souvenirs de ses anciens élèves. D'autres, plus intimes, semblent emperlées de ces cristaux de sel brûlant qui poudroient sous les paupières. Mais sans le moindrement affecter la dignité de la dame qui nous les révèle. Toutes rendent au militant, retrempé dans l'amour de celle qui lui parle et nous parle de lui, ce qui lui appartient.  
C'est beau, parfait, captivant. Et c'est peu dire. Un chant ciselé dont les résonances intérieures, le non dit, sont bien plus poignants encore que ce qui s'entend au pied de la lettre
. (A.Amri)



« Tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté »  ( Stig Dagerman )
Homme libre, tu le fus, toujours, traversant les chemins rocailleux, la colère en bandoulière et la lumière pour ultime horizon. Dans le regard, ce désir ardent d’abattre les murailles des geôles, de couper les fers de l’oppression et de l’aliénation. Combat harassant et  ardu, tel fut le tien, contre toutes les entraves à la pensée libre et souveraine, contre les chaînes invisibles, mais bien lourdes du conformisme et du conservatisme, contre l’immobilisme et le défaitisme.

Tu te battis contre les ténèbres, les bonimenteurs, les discoureurs aux paroles futiles, contre les illusionnistes aux  mirages dévoreurs, contre les bourreaux qui flagellent la liberté avide de soleil et de terres fertiles. Contre les mots qui ronronnent, insipides et fastidieux, tu brandissais des phrases de feu, ciselées au fer rougi, ce langage enflammé qui fut le tien, pétri de ferveur, d’humour et de rébellion. Tes pages furent le lieu de ton combat, sans cesse renouvelé. Une plume acérée, jetée dans l’encre épaisse des jours de révolte, à l’écume coléreuse. Lorsque la réalité devenait insupportable, intolérable, je voyais ton front s’assombrir, les mots courir sur tes lèvres, fuyants et espiègles. Tu les poursuivais, les dénudais, les retenais, t’y agrippais, saisissais le meilleur au bout de ta plume triomphante et en étalais la splendeur sur ta page blanche, bientôt remplie des graffitis que toi, seul, savais déchiffrer et décrypter. Je me suis toujours extasiée sur cette écriture fine et délicate, posée sur des bouts de papiers essaimés sur le bureau à l’ordre improbable. Tu souriais malicieusement et me parlais « de désordre organisé ».

Quand tu devenais silencieux, toi, l’amoureux des mots, qui  m’inondais de paroles, je savais qu’un texte te trottait dans la tête, qu’une idée cheminait derrière les rides d’un front, devenu, soudain, soucieux. Mais rares étaient tes silences tant tu aimais la musique des mots. Tu les éveillais de leur torpeur, les habillais de colère et d’enthousiasme, domptais leur désobéissance, parfois, et les éclairais. L’enfantement pouvait durer des jours, mais la délivrance, vécue dans la douleur, illuminait ton sourire. Je relisais la merveille, sous ton regard inquisiteur, discutais d’un mot, d’un titre et finis par avouer mon envoûtement. Ainsi la traque des mots est-elle devenue notre sport favori.

Discret jusqu’au bout, tu ne parlas jamais de tes combats pour les damnés de la terre, les rejetés, les discriminés, les laissés pour compte, les abandonnés, les oubliés. Jamais, tu ne dévoilas ces pans d’une vie de lutte pour les belles causes, celles qui nous transcendent, nous donnent le feu sacré. Mais, tous te reconnaissent la fidélité à des principes inébranlables et un engagement fougueux. Ton combat de syndicaliste, pendant les années de braise fut laborieux et rude, mais jamais, tu ne t’agenouillas, jamais tu n’abandonnas, le front fier et la parole libre. Des batailles furent perdues, jamais le désir de se battre, persuadé que le chemin était long, tortueux et torturé, parsemé d’épines. D’autres furent plus prometteuses. Ce 14 Janvier fut glorieux. Fatigué, tu battus le pavé qui résonnait du bruit assourdissant de nos pas et de la clameur libératrice. A 13h 30, tu rentras à la maison, non sans m’avoir fait cette belle confidence «  Je suis heureux d’avoir vécu ce jour ! ».  Cela te donna des ailes, de la vigueur et des étoiles dans le regard. Tu passas des heures à discuter, à analyser, à mesurer les futures espérances. Le 23 Octobre, tu exhibas avec fierté et bonheur ton doigt enduit de bleu azur.

Ton dernier combat fut long, douloureux et pénible contre le temps que tu appréhendais différemment, non plus en durée, car ce qui comptait était l’instant, la fulgurance d’une seconde, un moment fugace, l’éclair d’un instant. Une conversation à bâtons rompus avec un ami, une phrase bénie attrapée au vol, l’envol d’un papillon de nuit, le bruissement d’une feuille, la voix chaude d’un intime, le rire de ta fille, cristallin et limpide, l’arbre qui, derrière ta fenêtre explosait de fleurs. Tu aurais pu écrire comme Stig Dagerman « Il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre,… un être souverain à l’intérieur de ses limites. ». Tu sus créer de l’espérance et de la beauté à partir de ce désespoir que tu taisais. Tes mots planent, désormais, lucioles d’argent, au-dessus de la voie lactée.

Tu transmis à des générations ta part de rébellion et de merveilleux, fébrile et déterminé à passer la main à ces jeunes qui t’adorèrent et t’adulèrent. Semences généreuses d’un printemps splendide, même si des orages nous guettent. Tu étais persuadé qu’il n’y aurait ni renonciation, ni capitulation et que la nuit  n’était qu’une passerelle entre deux jours. Les saisons ont été douloureuses, mais « le miracle de la libération » t’a porté «  comme une aile » vers ces contrées verdoyantes où tu survis. Tu as atteint, serein, l’inaccessible étoile, inondé de lumière.

Tounès Thabet
Journal "Le Temps"- 21.08.2012



Merci à tous qui se sont associés à notre douleur suite au décès de Fatah : La Rédaction du journal «  Le Temps », tous les collègues, les amis et compagnons de route de Tunisie, de France, d’Allemagne, de Vienne, du Liban, de Jordanie, de Libye. (Tounès Thabet)

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Tounès Thabet, ou la Fée tisserande d'espérance

 

 

 

 

 


samedi 26 janvier 2013

A Fatah qui ne nous a pas quittés

Dans la mémoire de chaque homme, il y a un panthéon baigné de soleil et de verdure, réservé à une, deux ou trois personnes d'exception qui ont marqué sa vie.
Pour avoir déclenché dans ma tête un déclic de neurones, une étincelle à quoi le lycéen que j'étais doit l'amour de la philo et la plus précieuse arme d'autodéfense, Fatah Thabet s'est adjugé à bon droit sa place dans ma pensée et ma conscience depuis le milieu des années 1970. Monstre sacré de l'enseignement pour ceux qui ont eu la chance de faire partie de ses élèves, militant irréductible de la gauche laïque, Fatah faisait partie de ces résistants d'élite qui se battaient sur deux fronts: la lutte syndicale et politique et ses combats de rue, et en parallèle l'arme du génie, la construction d'une conscience citoyenne et révolutionnaire capable de faire front à la "Machine à décerveler". Tâche  qui incombe -pour une grande part mais sans exclusivité aucune- au génie enseignant.  Et c'est ce que Fatah, pour la part qui lui revenait, a inlassablement et irréprochablement assumée tout au long de son parcours de combattant.
Aussi   tel combattant a t-il vécu la chute de la dictature, le 14 janvier, comme un moment de consécration, une apothéose autorisant tous les espoirs pour lesquels des générations s'étaient battues. Le 23 octobre, son doigt de citoyen, "enduit de bleu azur", aurait aimé que l'issue des élections réconfortât ces espoirs légitimes. Mais en dépit de la déception, il ne s'inquiétait plus pour l'avenir de son pays. Quels que soient  les orages qui pourraient traverser la Tunisie, quels que soient les ravages que pourraient prévoir les Cassandre de la météo, l'avenir sera aux mains de son peuple émancipé. La Machine à décerveler  et la dictature n'ont plus d'avenir.
Alors même que la maladie commençait à miner sa santé au lendemain de ces élections, Fatah conserva intact jusqu'au bout cet optimisme inébranlable. Le 12 juillet dernier, il a fermé les yeux pour se reposer. Mais non sans avoir légué à ses cadets, immortelle, la foi révolutionnaire qui perpétue son combat.

Modeste hommage (et non oraison funèbre) à celui qui ne nous a pas quittés.  


"L’homme est condamné à être libre . Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait.” (Sartre)


Fatah, je ne te cacherai pas que lorsque j'ai appris la triste nouvelle, il m'a fallu un certain temps pour m'en ressaisir. Même les petits mots courants de condoléances, les formules banales de sympathie que la circonstance me dictait de dire aux tiens, n'ont pu se prêter sur-le-champ à ma bouche. Et pourtant, je ne les compte plus mes morts, proches, amis ou collègues qui sont partis avant toi. A mon âge, je suis censé vacciné, assez cuirassé pour supporter de telles épreuves. Et j'ai flanché quand même. C'est  que pour moi comme pour tous ceux qui doivent à ton enseignement les ailes qui leur ont permis de voler, tu as été, cher Fatah, un moment de notre conscience.
Aujourd'hui, en voulant te rendre ce modeste hommage, je suis plus serein. Il n'y aura ni larmes d'adieu ni oraison funèbre. Tu ne nous as pas quittés.

Toi et tes cadets, vous vous êtes croisés aux sources de la pensée critique. Quand la philosophie avait à l'école tunisienne ses lettres de noblesse. Quand les Lettres s'appelaient à bon droit Belles-Lettres.
Vous vous êtes croisés à la faveur de cette aubaine, toi pour enseigner et eux pour apprendre. Et réunis pour hisser la vie à hauteur des humains. A un moment où il faisait bon rêver. Bon secouer les morts et les rappeler à l'urgence de la vie.

Au lendemain d'une guerre perdue par les Arabes, juin 67, d'un vent de contestation européen qui n'arrêtait de se propager aux autres continents, mai 68, au confluent de ces deux dates saillantes dans la mémoire de ma génération, vous vous êtes croisés pour frayer la voie à un savoir émancipateur, une école qui dote le citoyen de ses armes d'autodéfense, une pédagogie au service du salut public.

Tes élèves, tes cadets plutôt -au sortir d'un âge ingrat,
toi frais émoulu de l'université, leur aîné gambergeur de l'utopie. Un mélange de sang qui bout et de petite fleur bleue. Le courant passait de part et d'autre. Le plus naturellement du monde. Grâce à ta pédagogie révolutionnaire, pionnière, tu étais le promoteur des TIC avant la lettre. La classe était bien plus souvent salle de ciné-club que la presque cellule de prison qui nous accueillait dans d'autres matières. Amphithéâtre amplement aéré et baigné de soleil. Le cours magistral se rétrécissait au fur et à mesure pour  céder la place au débat, la verticalité du savoir à dispenser s'éclipsait pour laisser le jour à l'horizontalité de l'apprentissage actif,  dynamique. Alors qu'avec d'autres, la discipline de philo passait pour l'une des plus rébarbatives, grâce à toi elle devenait pour le moins qu'on puisse en dire attractive. Tu avais ce don de magicien qui faisait sortir des mots colombes blanches et lapins. La projection périodique de documentaires, support novateur de ton enseignement, palliait à l’opacité du texte, sortait celui-ci des abstractions théoriques et faisait primer l'apprentissage par l'enseigné sur  l'enseignement du maître, maître qui ainsi cessait d'être le détenteur exclusif du savoir pour devenir élément et facteur d'interaction pédagogique.

Fatah, c'est convenu entre nous, ni larmes d'adieu ni oraison funèbre. Tu ne nous as pas quittés.

Je me souviens de cet aîné qui nous faisait sortir de nos cages à lapins, toutes les terminales, pour nous réunir à la salle du restaurant.
Avec ta silhouette de bohème et tes cheveux longs. Ta barbe de maure et ton jean délavé. Tes pattes d'éléphant et ta musette de prolétaire. Demi-dieu sorti de la cuisse d'Ibn Rochd ! D'aucuns me diraient: la cuisse de Marx plutôt !
A cette époque-là, Tounès n'était pas encore à tes côtés. Les filles rêvaient quand
, coquet, leur regard croisait le tien. Et tes cadets mâles
-en catimini- se clignaient des yeux. Non sans jalouser un peu, quelquefois même railler, le charisme intègre. L'enseignant doublé du gambergeur de l'utopie était d'une morale irréprochable. Même quand il encadrait ses collègues féminins, entre autres l'irrésistible blonde aux yeux bleus, Mme Ott, qui lui devait le meilleur de ses fiches pédagogiques.


Ni larmes d'adieu ni oraison funèbre. Tu ne nous as pas quittés, Fatah.
Au café La Jeunesse, il n'était pas rare qu'enseignants et enseignés oublient leurs cartables. Pour une partie de belote où les perdants doivent payer la tournée. Autant que je me souvienne, seuls les perdants salariés étaient assignée à cette loi. Il faisait bon jurer comme des païens. Toi et tes cadets. Crier au bourgeois encanaillé qui passe. Baver sur la robe du saint qui n'osait pas jurer.  Vilipender le système galeux. Conjecturer sur son imminente fin. Annoncer des lendemains dorés. Se préparer pour le triomphe de l'humain.

Il faisait bon jouer nos as et appeler de tous nos vœux l'avènement de l'humain.

C'était au confluent d'un juin puant notre cadavre arabe dépecé, dévoré par les chiens errants du Sinaï. Et d'un mai au profil universel embaumant le nid d'épices. Tes cadets, pas encore nés, à peine interrogations à l'état larvaire, cherchaient à tâtons l'issue du dédale. Se cabraient. Juraient. Et toi jurais et riais.
Il faut que le grain meure pour que naisse l'épi. Que le vieux monde s'écroule pour que l'espoir sur sa tombe ait droit de cité. Tu nous annonçais, jaillissant des cendres, le phœnix. Issu des luttes sociales, le Messie.
 
Fatah,
ni larmes d'adieu ni oraison funèbre. Tu ne nous as pas quittés.

Je me souviens de ce jour, « historique» celui-là -disait la radio! où nous fumes rassemblés, tout le lycée, pour souhaiter la bienvenue au Combattant-Suprême. Nous te cherchions des yeux parmi les quelques professeurs présents, distingués par leurs beaux costumes pour la circonstance, mais ni en jean coutumier ni tiré à quatre épingles tu ne figurais parmi ce gratin-là. Tu étais introuvable, au lycée comme ailleurs. Et nous étions un peu déçus car, toi avec nous, nous aurions trouvé meilleur air de ballet que les vivats de la foule pour souhaiter la bienvenue au chef de la nation.
Il a fallu que Bourguiba ait quitté Gabès, trois ou quatre jours plus tard, pour te revoir au café. Avec un autre collègue de la « même race», professeur de français dont j'ai oublié le nom. Et nous avons alors su, ou plutôt eu la confirmation de ce que certains savaient, que les sbires du Combattant-Suprême, par mesure préventive, vous avaient offert gracieusement durant tous ces jours le gite et la casse-croûte dans les cellules du commissariat. Et te revoyant rire et jurer comme un païen, comme l'aîné nous avons juré et ri en chœur pour fêter la reprise de nos parties de belote. Depuis, chaque fois que le professeur gambergeur de l'utopie s'absentait et nous manquait un peu, on ne s'inquiétait plus outre-mesure pour lui. On le soupçonnait quelque part blanchi et nourri aux frais de l'Etat.
Parce que enseigner c'est aussi cela, Fatah. Non seulement tu n'as jamais mis ton nez dans les excréments de l'allégeance, mais tu étais un opposant révolutionnaire, actif sur tous les fronts, et irréductible. La liberté, tu l'honorais en toute circonstance pour le maître et ses cadets.

Fatah, pour finir je vais te confier dans quelles circonstances j'ai appris la triste nouvelle. Tu ne m'en voudras pas si l'élève, le cadet t'a oublié durant plus de 20 ans, si ce n'est plus. Il a tenté de transmettre à l'enseignant -
autant que peut se faire- quelques plumes des ailes qu'il te doit. Sans toi, l’enseignant cadet n'aurait fait que saigner ses petits.

Que ce qui vient du libre à bon droit lui retourne! bises, frères, et à un de ces jours!


A. Amri
26.01.2013

C'était au milieu d'une nuit étoilée sur un pan de la toile. Ayant dépisté tes traces dans ce dédale où je me suis égaré depuis quelques ans, j'attendais ta réponse à mon invitation sur le réseau Facebook mais la réponse tardait à venir. Quand j'ai croisé sur le même réseau ta femme Tounès, ce fut pour moi une heureuse opportunité, car je te tenais enfin, certain que ta "ministre de l'intérieur" ne dirait pas non pour te livrer à ton cadet . J'en fis la requête. Ou presque.
"Madame Tounès, bonsoir!
Je suis ravi de vous rencontrer sur fb. Et vous prie de transmettre mes salutations et hommages à M. Fatah. Ma génération lycéenne doit beaucoup de choses, et non des moindres, à votre mari. Quand j'étais en terminale vers le milieu des années 70, M. Fatah animait une sorte de ciné-club à l'intérieur du lycée, qui nous initiait à l'esprit critique et explicitait pour nous certains concepts philosophiques que le handicap de la langue pour certains ou la compacité du cours pour d'autres ne sortaient pas assez de leur aspect abstrait. M. Fatah n'était pas mon prof de philo mais c'était lui qui "encadrait" la prof française de ma classe. Et les TIC dont on parle beaucoup aujourd'hui (sans pour autant les exploiter réellement ou suffisamment en classe) M. Fatah -branché sur la pédagogie multimédia avant la lettre- les avait introduites dans son enseignement il y a un bail.
Et puis ceux de ma génération n'oublient pas aussi son combat politique. Je l'ai rencontré une ou deux fois au début de ma carrière et je peux vous dire que la "tête brûlée" des années 70 m'a semblé en tout la même. Son engagement est exemplaire."

Quelques minutes à peine après l'envoi du message, je reçois de Tounès ce billet:


"
Mille mercis pour ce portrait si émouvant que vous faites de Fatah, homme libre jusqu'au bout. Il a vécu le premier janvier comme un miracle lumineux, a exhibé son doigt enduit de bleu azur, a rêvé d'une Tunisie démocratique, laïque et moderne. Puis nous a quittés le 12 juillet dernier, au bout d'un long combat contre la maladie. .."


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