Affichage des articles dont le libellé est Skander Guetari. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Skander Guetari. Afficher tous les articles

jeudi 14 mars 2013

Pour les nez tournés à la friandise: samsa

C'est probablement en l'été 2009 que j'ai dû goûter pour la première fois aux friandises samsonales.

Difficile de dire,
pour un rescapé du vingtième siècle, ce qui donnait à cette samsa-là son bouquet, ce fumet divin qui, instantanément, m'y a fait tourner le nez. Sans doute la pâte d'amende épilée, verte fraiche émondée, en elle-même gracieuse et toute vertus pour le gourmand des verdeurs samsonales. Étalée, et pas talée du tout, sur sa couche veloutée de miel, de ses pignons blancs  hérissée, et pistaches pleines. Enlacée de la diaphane feuille de brick veloutée, robe légère et tout sensualité, comme ces ailes de demoiselles libellules, et tout autant diaprée, qui froufroutent pour l'émoi des sens et leur bonheur aux heures à souper des soirées estivales(1).

C'était à la faveur d'un plateau Nessma TV, été 2009, que je dois ce que les conteurs de romances appellent coup de cœur,
fatal, pour le duo SAMSA.

Mais quitte à exacerber l'appétence du lecteur que je soupçonne, dans tous ses états, papillotant des yeux -et des papilles et leur palais papillonnant- pour la friandise qui fleure bon la samsa mais tarde à se faire servir, je voudrais digresser un peu pour parler d'un texte, lu à peine une semaine avant ce plateau. Sans les mots et leur pouvoir, la facture de tel texte et le paratexte fracturant ma résistance à la télé, pour toutes les douceurs de la terre je ne me serais planté durant une heure trente, ni trente sans l'heure, devant aucune embaumée brise TV!(2)
Donc, à peine une semaine plus tôt, au hasard d'une prospection web de gisements littéraires pour pédagogue, alors que je cherchais un support sur la musique et ses vertus, je me fis accrocher par un titre des plus racoleur en la circonstance: Respirer un air de musique. Écrit par une Marocaine vivant à Paris, qui ne tarderait pas à me prendre elle aussi dans ses rets friands. Le texte m'avait travaillé, laminé pour être moins résistant à certaines télés. Et m'a donné l'avant-goût pour le moins alléchant de la samsa dont il parlait, louée pour ses bienfaits miraculeux, surtout, recommandée aux cardiaques!
Cardiaque je ne l'étais pas moi-même ni ne le suis, dieu merci, mais jouant souvent avec les mots et leur homonyme, et jouant plutôt cœur que trèfle ou carreau, il m'arrivait souvent de craindre que je n'en arrive, au bout du rouleau,  à ne pouvoir soutenir mes jeux de maux/mots qu'à la faveur d'une bouteille d'oxygène, abouchée à mon cœur! Oui, car aux dires de la Marocaine -plume sorcière- qui parlait de Skander Guetari et Sana Sassi sur tel ton, la samsa tunisienne retape presque les cœurs esquintés!

Je ne saurais trop recommander la lecture de cet article
(3) qui illustre mieux que mes propos décousus les vertus toubibables de Samsa.

En l'été 2009 si je ne me trompe, à l'exception de ceux qui vivent dans la sphère de la capitale ou celle de Sousse, et suivent

Alem Jdid, premier album de SAMSA

assidûment le calendrier de leurs manifestations culturelles respectives, le large public tunisien ne connaissait pas encore ce duo. Le bizertin Skander Guetari, résidant à Paris après avoir bivouaqué un certain temps aux USA,  et Sana Sassi sa coéquipière compagne d'art et d'exil originaire de Sousse mais née en France, pas plus que le pâtissé label SAMSA qui les unit, encore une fois si je ne me trompe pas- n'avaient pas, à proprement parler, pignon sur rue tunisienne.

Et pourtant, le tandem guitariste chanteur-chanteuse
poétesse, n'était pas né à la maternité Nessma TV. Cofondé en l'an 2005 à la ville de Sousse, à peine deux ans plus tard SAMSA conquiert un tronçon de chemin ensoleillé dans la cour des grands. Premier Prix des groupes au Festival de la musique tunisienne pour l'année 2007, et bien que méconnu par nos télévisions comme la plupart des talents qui osent se rebiffer contre la médiocrité, Samsa avait déjà fait depercées, et pas modestes, sur l'autre rive de la mer. Déjà chacun à son titre personnel dès le début des années 2000, ils avaient pu conquérir, tantôt auprès de dilettantes se comptant sur les doigts, tantôt d'un public plus large, des salles parisiennes et d'autres réparties dans plusieurs villes en France. Sana, mordue de poésie et cultivée, écrivait ses propres chansons ou reprenait des succès tunisiens et orientaux, Hédi Jouini et Oum Kalthoum entre autres. Et Skander, non moins cultivé bien que sa guitare soit autodidacte, a tant gratter si bien ses cordes avait réussi à sortir un premier album dès 2004. C'est dire que la méconnaissance de la mère patrie n'empêcherait pas le duo à sang pour sang tunisien  et pas avare de son amour pour la patrie de nous donner, bienfaits de la musique diplomate,  mieux que les ambassadeurs et consuls en titre, partout nommés(4). 

Je voyais et entendais donc pour la première fois, comme beaucoup de Tunisiens, ces deux jeunes voix. Et le tandem avait de quoi me ravir. Non seulement par ce qu'ils avaient pu chanter sur le plateau ce soir-là(5), à la fois novateur par ses airs, sa rythmiques, et sang pour sang pâtissé pour les nez tournés à la friandise. Mais aussi et surtout par ce qui a pu les faire croiser en France et chanter en tandem. Alors que l'un et l'autre préparaient chacun son doctorat, en littérature française du Moyen âge pour Sana, en génie informatique pour Skander. Concilier les voies estudiantines et artistiques, toutes deux ardues, répondre à leurs exigences respectives, en même temps qu'aux exigences professionnelles parallèles, Skander étant employé à temps plein comme ingénieur dans une société IBM, Sana devant  travailler elle aussi, ne serait-ce qu'à mi-temps afin d'assurer un minimum d'indépendance matérielle vis-à-vis des siens, c'est fantastique. Et pour soutenir une telle gageure et s'en sortir victorieux, ils ne pouvaient que forcer l'admiration.



Aujourd'hui docteure et
docteur dans leurs domaines respectifs, et chanteur et chanteuses dans leur tandem avec publics conquis de divers pays! Sana aujourd'hui mariée et peut-être mère ou mère projet, Skander pas encore (ni père ni marié -si ce n'est l'un et l'autre projet à ma connaissance) et la gageure toujours soutenue et soutenable!

Bref, on a tous les ingrédients faisant de SAMSA la friandise
tunisienne à chant pour chant sensas, et l'inédite samsa à cent pour cent pâtissée exclusivement pour ceux qui raffolent des friandises!

Pourquoi exclusivement? parce que le beau, bon, onctueux, intelligent en un. Et en chacun. Multiplié par deux pour faire ce tandem qui chante, défie, enchante et rend fière d'en être mère la Tunisie.. peut avoir aussi ses profanateurs,  ennemis jurés du Beau(6).







A. Amri
14.03.13


1-
Que l'on veuille pardonner à l'âme damnée de poésie ces incessants tours de derviche autour de Samsa. Sana Sassi et Skander Guetari qui ont trois "S" en commun, mais surtout, sans être casaniers ni chauvins, un enracinement culturel dans le socle samsonal, à travers SAMSA WORLD ils hissent haut la bannière identitaire qui est la leur et qui ne mérite pas qu'on disserte outre-mesure dessus. Mais pour le vertige du derviche, à part le gustatif de Samsa il y a aussi le sonore et ludique des noms propres: Sana Sassi/ Skander Guetari.  Le derviche tourneur y perçoit le sauna de Sana, où ça sue de Sassi! la source mythique, la bénite fontaine de jouvence dont sourd la douce part de pâtisserie! Sinon -sous les cornes dures- il percevrait aussi l'autre guitare que Guetari ne gratte pas et le scanner de Skander... Je dois stopper le derviche tourneur ici, sinon par ses folles pirouettes il risque de me ramener au sauna de jouvence et scanner toubibal à recommander aux cardiaques! On en parlera des cardiaques en leur temps.


2- Allusion à l'éponyme de Nessma TV dont la traduction est "Brise TV".

3- Sur le blog "Courant alternatif" (il n'y a pas de risque à se faire électrocuter par cet alternatif!!) de Sarra Grira. Ci-dessous l'image d'un extrait:

Cliquez sur la photo pour l'agrandir



4- Voici un petit exemple, mais combien éloquent et expressif, de ce que ces chanteurs, diplomates par excellence de la culture tunisienne, rapportent au pays. Les mots ci-dessous envoyés par Thierry Blanc, Français et ayant eu lui aussi un coup de cœur pour la samsa tunisienne. Certes pour remercier d'abord un traducteur, mais pour dire la joie, le bonheur que lui procure la facture de la chanson samsonale. Lisez plutôt!
 

"Merci, merci pour cette traduction... Chaque fois que j'écoutais j'étais ravi (mélodie, voix, instrument) et en même temps terriblement frustré: de quoi cela parle-t-il, ces sons qui rebondissent et dansent dans mon oreille et ma tête que sont-ils? Maintenant je sais... et pour moi l'obsédé du mot, l'assoiffé de poésie, ça me va!"

T
hierry Blanc, dimanche 4 décembre 2011.
5- Ils ont repris de vieux succès tunsiens, Hédi Jouini et Saliha, et chanté Fi-ramchet-aïn في رمشة عين(en un clin d’œil), qu'on peut (re)découvrir -avec traduction en sous-titrage- sur ce lien.




6- L'expression "ennemis jurés du Beau" n'a pas besoin qu'on la défende dans le contexte tunisien actuel. Mais puisque la note est là, pour l'honorer disons que depuis le 23 octobre 2011, voire quelques mois avant, l'art pâtit en Tunisie du mal islamiste: agressions perpétuelles contre des chanteurs, des groupes de musique, des artistes de tout genre, des poètes, intellectuels, journalistes, opposants politiques de toutes couleurs...dans une croissantade obscurantiste contre le Beau, l'Intelligent, le Libre. Les chevaliers à la Triste Barbe (7) de cette croissantade ouverte qui, le 6 février 2013, a coûté aux Tunisiens le Hachad de la révolution Chokri Belaid, ne sauraient saliver ni approcher du nez cette samsa païenne.


7- Les âmes damnées  de littérature classique ne me pardonneraient pas cette analogie sous-entendue par quoi j'aurais mis côte à côte l'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche et nos bourrues barbes en manche (et sauf respect des dames damnées des Belles lettres, sans le manche!). Pour prévenir tout contresens, il n'y a rien de commun entre l'enfant de plume racé de Cervantès et les décervelés bâtards de ma plume! 



Lien extérieur:

Pour en savoir plus sur la discographie de SAMSA

http://samsaworld.bandcamp.com/

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...