lundi 4 octobre 2010

Celui qui injuriat sa mère par amour du sein nourricier

Il s’appelait Boucetta, ou on l’appelait comme tel.
Il devait avoir la soixantaine, un peu moins, un peu plus, quand il est mort. Je dis « mort » car je présume qu'il n'est plus de ce monde, ne l’ayant revu nulle part depuis une bonne trentaine d’années. Et la dernière fois que je l’avais vu, comme la première dix ou quinze ans plutôt, Boucetta était plein comme un sac. Assez comme toujours pour baver sur les honnêtes citoyens, disons surtout leurs respectables institutions, leurs symboles sacrés, leurs amulettes, gris-gris, talismans et fétiches de patriotisme à la con, comme il disait, et tout le bataclan. Et se faire immédiatement jeter après en tôle. Médire de la Patrie et la maudire en un tel état d'ébriété, profaner ce qu'elle a de plus saint et, sauf votre respect, du pied en cap! était l'air à boire de Boucetta.
Heureusement qu'il y a la tôle! parce que sans ça, bonjour les dégâts! Vous conviendrez que ceux qui ont inventé la tôle, les premiers bâtisseurs de ces merveilles nées en même temps que la société policée, l'ont fait d'abord, voire exclusivement, par amour de la Patrie. Car il n'est de peste qui puisse inquiéter l'humanité, et à sa tête ceux qui ont l'ingrate tâche de l'en préserver, que l'impiété patriotique.
Boucetta était-il un impie patriotique?
Aux dires de ses vieux compagnons de tasse, le bonhomme n'était assurément ni saint ni apôtre en matière de piété patriotique. Mais ce n’était pas non plus le scélérat justiciable et pendable, et voici pourquoi. D'abord il n'était pas communiste! ni socialiste d'ailleurs. Ni anarchiste. Ni nationaliste. Ni -cela va de soi- intégriste, sauf à se méprendre un peu sur les vignes ou les palmes du Seigneur qui alimentaient son Courant. Opposant, traître, vendu, tous ces qualificatifs s'avèrent impropres à son sujet. Maboul alors? Timbré, et assez, pour se permettre un tel « air à boire»? Se le permettre et l’adopter comme style de vie, ou plutôt principe de survie tant qu'il fut de ce monde.
Non! que non! vous jureraient ses vieux compagnons de tasse. "Mais c'était par amour du sein nourricier que le scélérat insultait sa mère!" Il aurait été même, sauf respect des patriotes décorés de toutes les légions, plus patriotique que le meilleur de vous et moi. Mais il ne lui venait jamais à l'esprit de s'aligner comme vous et moi devant une perche sur laquelle un drapeau est perché pour saluer le drapeau. Ou même seulement la perche! "Pasque c'est pas un salut à vot' dapô qui m' faut à moi, pour mon salut!" qu'il disait Boucetta, quand quelqu'un le narguait là-dessus, manière de dérider un peu l'assemblée.

Et sans le moindrement vouloir faire l'apologie, n'en déplaise à Dieu! de l'impiété patriotique, je dirais qu'il aurait eu tout à fait raison de formuler et soutenir son pasque, ce scélérat d'ivrogne. Jamais salut en bonne et due forme patriotique ne lui assura parcelle de salut! l'injure patriotique, elle, tapageuse et assortie de la marche civile qui lui fut constamment associée, sauva toute sa vie feu Boucetta!
D'ailleurs, sa marche à Boucetta ne pouvait s'accommoder d'aucun alignement ni de perche aucune. Marche, comme la militaire, sauf que la sienne était civile, individuelle et plus dévote! L’injure à la Patrie, à ses dirigeants, était en quelque sorte son hymne national à lui. Et il ne manquait jamais de le scander en lieu et temps opportuns, ni ne se permettait de brider son zèle quand, le dernier verre vidé, il sortait du bistrot, se plantait au milieu de la rue la plus animée, se criait: "marche!" et de sa voix de ténor éraillée par l’alcool et le tabac, titubant mais décidé dans sa marche, s’acquittait ainsi de son devoir de patriote pas comme les autres.
Évidemment, dans une ville où le spectacle était souvent l'œuvre improvisée de la rue -il y avait deux salles de cinéma mais les chefs-d'œuvres de Hollywood pâliraient devant les productions inouïes de nos bars- la marche de Boucetta drainait toujours son fervent public. Badauds, touristes, clients des cafés avoisinants s'attroupaient sur le lieu dès qu'ils entendaient sonner le clairon du Patriote. La circulation s'arrêtait, les commerces suspendaient leurs activités, les balcons qui surplombaient la rue se bariolaient de leurs couleurs féminines, les pieux remettaient à plus tard l'heure de la prière. Et tout le monde prenait sa part à ce spectacle gratuit où l'on pouvait littéralement se tenir les côtes de rire. Il y avait même parmi les touristes quelques objectifs, férus d'art et d'insolite, qui se braquaient sur la scène, immortalisant cet instant qui rajoutait au dépaysement. Ça durait ce que cela pouvait durer, mais il y a toujours un moment où la police doit s'amener quand même -c'est toujours au beau milieu de la marche- non sans froisser une partie du public, pour remettre de l'ordre dans la rue. Et pour ce faire il fallait juste que le fauteur de trouble soit jeté dans le panier. Et que celui-ci ait immédiatement mené sa salade au commissariat.
Vous voulez savoir ce qui faisait sortir du moule commun un tel patriote, la raison de cette conduite, d'aucuns diraient inconduite, qu’aucun code de conduite civique ne reconnaisse ni ne puisse intégrer comme exemple à suivre, pour le bonheur de « bons citoyens » que nous sommes ?
C'est une histoire rocambolesque, pas nécessairement des mieux édifiante, mais puisque je l'ai déjà entamée, je n'ai d'autre choix que la mener à son dénouement. En vérité, de son vivant Boucetta était ce que l’on peut appeler rétrospectivement un SDF. Sans doute le meilleur de son rang, inégalé, sans pair aucun ni en Tunisie ni dans les pays mêmes où les SDF ont acquis ce statut de citoyens à part entière en même temps que ce sigle qui le dit si bien. Et cet SDF qui est parti un jour sans trop se faire remarquer, si ce n'est par des nostalgiques du "bon vieux temps" qui l'évoquent parfois à travers une anecdote comme celle-ci, avait une longue histoire bien ancrée dans le passé. Une histoire qui remonte à l'époque de la Tunisie beylicale. Et qui s'enchâsse aussi dans celle du protectorat français.
Du temps où ce protectorat avait encore quelques belles années devant lui, le premier à l’avoir insulté en public, et à cor et à cri, était Boucetta. Et c'était pour lui dire, à lui ou ses institutions protectrices, qu'en fait de protection certains Tunisiens espéraient encore qu'ils en seraient assurés tellement ils se sentaient orphelins! C’est vous dire de quelle pâte était ce patriote. Qui des Tunisiens vivant dans les années 30 ou 40 ait pu baver autant que Boucetta sur l’honneur de telle puissance coloniale, un empire qui maintenait sous sa domination on ne sait plus combien de pays répartis sur trois continents au moins ? « France, t'es là, ma coquine ? qu’il disait. Pétain, mais dis-moi combien de pères t'as, putain de maréchal!» Et ce ne serait que deux pâles graines dans le chapelet, encore que l'euphémisme inhérent à la traduction aurait expurgé en bonne partie ces graines, le français le mieux adapté au crû arabe ne pouvant rendre toute sa teneur ni même l’essence de sa verdeur aux propos insultants que Boucetta, dans les vignes ou palmes du Seigneur, vociférait à l’encontre de la République.
A quand remonte le baptême du feu, l’étincelle de la « lutte par insulte » contre l’occupant français ? Je m’étais enquis à ce sujet auprès de quelques vieux compagnons de bar de Boucetta, et confrontant les témoignages des uns et des autres, j'en conclus que la première fois que la gendarmerie française eut à arrêter Boucetta fut une nuit d’hiver. L’année ? D’après le calendrier consigné dans la mémoire des vieux, c’était l’Hiver du Gel. Ce n’est ni lunaire ni grégorien ni républicain mais gabésien, et pas moins digne d'historicité.
Un soir donc, au plus fort de l’Hiver du Gel, plein comme un sac mais sans le sou, Boucetta quitte le bar et fait : « brrr ! ça caille, nom de pipe ! » Il est pourtant drapé de son burnous, coiffé de sa chéchia, a un mégot qui brûle encore entre ses lèvres et les vapeurs de tout ce qu'il a pu biberonner le long du jour ne font que monter! En titubant, il fait deux pas à droite, trois à gauche puis, se ravisant, cinq pas d'affilée derrière! Il a fait demi tour pour demander au premier qui lui barre le chemin à ce qu’on condescende à le laisser cuver son vin sur une table vide! Quand il était bourré, Boucetta parlait toujours fekhi, c'est-à-dire comme les docteurs de foi, les ulémas à qui on prête l'oreille parce que justement on ne les comprend pas. Mais, compris ou pas, Boucetta se fait congédier alors même que sa belle langue vient juste de se délier. Il demande alors à ce qu'on veuille lui servir un dernier verre. "Et que ça saute!" appuie-t-il du ton le plus souverain sa requête. Mais ayant entretemps pivoté d'un demi pas et titubé de deux dans le sens le plus commode à cette valse à trois temps, il a juste le temps de voir claquer la porte à son nez.
Alors, étourdi, grisé autant par l'alcool que par le froid, il s’en va errant, comme Jean Valjean à un moment de ses tribulations. Et sans avoir lu les Misérables, à force de geler il s’écrie : « eurêka !» Et sans plus tarder, il va frapper à la porte de la gendarmerie.
« Messieurs ! dit-il quand on lui ouvre, auriez-vous l’amabilité de m’accueillir chez vous, dans la plus chaude des cellules si possible, jusqu’au lever du jour ? » Soit que les gendarmes étaient eux-mêmes bourrés soit qu'ils n’étaient pas enclins, ce soir-là du moins, à une hospitalité bon enfant, on rabroua sans ménagement Boucetta. Et la porte fut fermée à son nez.
Sans le sou, certes SDF pas mal rodé, mais jamais jusque-là confronté à un Hiver du Gel aussi digne de tel nom, Boucetta se sent subitement aux abois, totalement démuni. Que faire ? Que faire pour trouver le gîte jusqu’au lendemain ?
Pressé par l’envie d’uriner, de déféquer selon une autre version, Boucetta n’eut pas le loisir de chercher un abri pour ce faire. Il en voulait un peu aux gendarmes mais répondant bien plus à un réflexe de vivant qu’à une vraie rancune, il a fait ses besoins sur le seuil même de la gendarmerie. Aurait-il pris sa vessie pour une lanterne alors qu’il prenait dans telle posture ses aises ? ou fût-ce le génie du poivrot illuminé qui s’était éveillé en ce moment-là précis pour lui susurrer l’abracadabra salutaire de circonstance ?
« França, yelli bik wa âlik ! qu’il entonna. Pétain, ya « figues et raisins !» Et même l’arabe et le français bougnoul réunis ne feraient qu'ôter tout son jus à ce que Boucetta, dans sa langue crue intraductible, chanta en cette nuit immémoriale de l’An d’Hiver-Gelant. Sérénade ou aubade, peu importe ! Mais la lourde porte avait cédé. Et les gendarmes se firent de bon cœur hospitaliers. Et Boucetta eut à passer non seulement trois jours dans la cellule de dégrisement, mais trois mois supplémentaires en prison. Pour délit d’offense à la République, ce qui avait l’avantage de mettre Boucetta au rang des fellaghas. Le seul, à ma connaissance, à n'avoir pas eu sa pension d'ancien combattant ni son permis de taxi, et qui s'en foutrait si on le rappelait de sa tombe pour lui demander de réclamer son dû! Il les troquerait volontiers contre trois litres de pinard. Et une marche!
Quand il a fini de purger sa peine, Boucetta a décidé de tourner la page à sa vie de SDF. Finies les nuits à la belle étoile, les matins sans petit-déjeuner, les soirs sans bol de soupe ! Grâce à son premier pécule de libération, il a passé son (premier) jour de libéré à se désaltérer comme un chameau. Un chameau ayant sillonné le désert, 90 jours durant, dans l’abstinence totale. Et s’apprêtant à recommencer la traversée le soir même, dans les meilleures conditions. Son dernier litre injecté sous sa double bosse, il alla faire sa sérénade à la fieffée coquine du protectorat. Celle-ci, au fur et à mesure qu'elle se faisait insulter par cet orphelin, se prit d'amour pour lui. Jusqu'à l'indépendance de la Tunisie, elle lui assura gîte, soupe, grabat en son nom, pécule trimestriel du caoua et le loisir d'insulter la coquine en grande pompe pour être constamment à ses bonnes grâces.
A suivre...
Celui qui injuriat sa mère par amour du sein nourricier (2)
A. Amri
04.10.10

dimanche 3 octobre 2010

Se taire c'est dire oui

Il y a ceux, nombreux mais plus morts que vivants, qui voient l'injustice, les abus de pouvoir, les crimes, le mal dans ses manifestations les plus inhumaines, et laissent faire. Ceux-là, qu'ils le veuillent ou non, sont les complices, les alliés objectifs des auteurs directs du mal. Parce que tout silence à ce propos est synonyme de consentement. Se taire c'est dire oui.
Il y a ceux qui entendent à longueur de vie le mensonge et savent que c'est du mensonge. Mais ils ne pipent pas d'un quart de mot pour dire au menteur:" ça suffit!" Parce que poltrons, parce que le menteur est soi-disant puissant, parce qu'opportunistes, croyant que leur silence les assure des grâces du menteur, hypocrites, arrivistes ou pas assez conscients de ce qu'un tel abstentionnisme représente au juste: une incitation à la mythomanie, l'apologie de l'injustice, une bénédiction à ses auteurs.

Et il y a ceux qui, moins nombreux mais plus vivants, refusent d'être les témoins passifs de leur temps. Conscients des aboutissants de tout mutisme consenti, conscients de la répercussion que chaque mot est susceptible d'avoir, ils osent interpeller l'injuste et ses actes. Le moindre mot, le moindre cri, le moindre témoignage qui dénonce ce mal et ses auteurs peuvent contribuer à rendre notre monde plus vivable et nous-mêmes plus dignes d'en faire partie.

A. Amri
03.10.10

vendredi 1 octobre 2010

كيف تم ابتكار الشعب اليهودي - بقلم شلومو صاند - ترجمة أ.ع


 
" أنا من هؤلاء الإسرائيليين الذين كفوا عن الإدعاء لأنفسهم بحقوق تاريخية وهمية فحين نزعم بالفعل أن حدود "الحقوق"في تنظيم العالم تعود لألفي سنة خلت فإننا سنحول هذا العالم إلى ملجأ شاسع للطب النفسي. وكذلك حين نواصل تربية النشء في اسرائيل على أساس ذاكرة جماعية مزيفة لهذه الدرجة فلن نتمكن أبدا من تحقيق تسوية تاريخية دائمة . أنا أتبنى استعارة المؤرخ اسحاق دوتشر الذي شبه تأسيس دولة اسرائيل بوضعية شخص يسقط من منزل شب فيه حريق فإذا به يقع بكل وزنه على رجل آخر كان واقفا أمام بيته فيلحق بهذا الأخير بطبيعة الحال ضررا.  وحكمنا الأخلاقي على الساقط من فوق نسبي".

(شلومو صاند - اسرائيل: نصيبنا من الكذب -لوموند 04. 04. 2002)
 
 
شلومو صاند يهودي اسرائيلي ولد بالنمسا سنة 1946 وهو مؤرخ وأستاذ بجامعة تل أبيب. ينتمي لما يسمى بالجيل الجديد من المؤرخين أصدر سنة 2008 كتابا عنوانه كيف تم اختراع الشعب اليهودي كان له في اسرائيل وقع الزلزال المدوي وجلب له ولعائلته متاعب جمة إذ اعتبر هذا المؤلف شهادة خيانة من صاحبه لإسرائيل وشعبها . الكتاب يعيد قراءة التاريخ اليهودي بدءا بنزول التوراة ووصولا إلى الحقبة الحالية وبالاستناد لحجج دقيقة تعتمد آخر الاكتشافات الأثرية من ناحية ونصوص المؤرخين من ناحية أخرى بما فيها شهادات مفكرين وزعماء صهاينة يبين أن الشعب اليهودي هو في الواقع أسطورة لا أكثر تم ابتكارها من طرف الصهاينة لتؤسس لمشروعية العودة لــ"أرض الميعاد" وكل التاريخ الذي يستند إليه الصهاينة هو تأريخ لا واقع، أي نص تم وضعه منذ بداية المشروع الصهيوني بقصد تسليح الأساطير المؤسسة وإضفاء شرعية مختلقة لعودة "شعب الله المختار" لأرضه. 
 
نشير إلى أن هذا الكتاب تلته عناوين أخرى لنفس المؤرخ تتنزل في ذات السياق: تفكيك التاريخ الأسطوري بالاعتماد على براهين علمية مستقاة من التاريخ تارة ومن آخر ما كشفت عنه الحفريات في "أؤض الميعاد" المزعومة. ومن بين هذه العناوين نذكر بالخصوص "كيف تم ابتكار أرض إسرائيل"، و"كيف كففت أن أكون يهوديا" و" في باب أمة اليهود وشعبهم".

 
 
تفكيك التاريخ الأسطوري: كيف تم اختراع الشعب اليهودي
 
هل يمثل اليهود شعبا؟ سؤال قديم يجيب عنه مؤرخ إسرائيلي بمضمون جديد. فخلافا للفكرة الموروثة أصل يهود الشتات لا يعود ليهود تم طردهم من فلسطين ولكن يتصل باعتناقات دينية متتالية تمت في شمال إفريقيا وجنوب أروبا والشرق الأوسط. وهو رأي يقوض أحد أركان الفكر الصهيوني، وبالتحديد ذاك القائل بأن اليهود هم من نسل مملكة داود وليسوا، والعياذ بالله، ورثة محاربين برابرة أو فرسانا خزرا.
 
بقلم شلومو صاند
 
كل إسرائيلي يعرف بدون أدنى شك أن الشعب اليهودي موجود منذ نزلت عليه التوراة في سيناء وأنه من ذاك الأصل متفرع والكل يعتقد أن هذا الشعب حين أخرج من مصر استقر بأرض الميعاد حيث تم بناء مملكة داوود وسليمان المجيدة التي قسمت فيما بعد بين مملكتي يهوذا وإسرائيل ولا أحد يجهل
كذلك أن هذا الشعب قد عرف المنفى في مرحلتين: بعد تدمير المعبد الأول في القرن السادس ق.م ثم إثر تدمير الثاني سنة 70 ب.م وتلت ذلك حياة تشرد دامت ما يقرب من الألفي سنة وهي محنة قادته إلى اليمن والمغرب وإسبانيا وألمانيا وبولونيا وحتى أقصى أصقاع روسيا ولكنه تمكن دوما من الحفاظ على روابط الدم بين طوائفه المتباعدة وبتلك الصفة لم ينل من وحدته شيء حتى جاءت نهاية القرن التاسع عشر ونضجت الظروف الملائمة لعودته للوطن القديم ولولا الإبادة النازية لكان ملايين من اليهود قد عادوا لإعادة إعمار "إرتز إسرائيل" (أرض إسرائيل) ما داموا قد حلموا بها منذ عشرين قرناوفلسطين العذراء كانت تنتظر أن يعود إليها شعبها الأصلي لتزهر من جديد لأنها أرضه وليست لهذه الأقلية العربية التي لا تملك تاريخا وجاءت إليها بمحض الصدفة وبالتالي فإن الحروب التي خاضها الشعب المشرد لاستعادة أرضه مشروعة في حين أن معارضة السكان المحليين العنيفة تعد إجراما.
 
من أين جاء هذا التفسير للتاريخ اليهودي ؟ هو نتاج بنائين موهوبين في إعادة بناء الماضي خولت لهم مخيلتهم الخصبة ابتكارسلسة نسب على أساس من قطع الذاكرة الدينية، يهودية ومسيحية . والتأريخ(التأريخ وليس التاريخ)الوفيرلليهودية يشتمل بالأكيد على جمع كبير من المقاربات غير أن الجدل الدائر بين أصحابها لم يشكك قط في المفاهيم الأساسية التي تبلورت في نهاية القرن التاسع عشر وبداية القرن العشرين وحين تبرز اكتشافات من شأنها أن تتناقض مع صورة الماضي الخطي فإنها لا تحظى بأي اهتمام لأن الواجب الواطني مثل فك محكم الإغلاق كان يعوق أي نوع من التناقض والانحراف تجاه الرواية السائدة . والهيئات الخاصة بإنتاج المعرفة فيما يتعلق بالماضي اليهودي (الأقسام المخصصة حصريا لـــ"تاريخ الشعب اليهودي" مفصولة عن أقسام التاريخ الذي يسمى في اسرائيل "التاريخ العام") ساهمت بقسط وافر في خلق هذا الشلل النصفي الغريب فحتى الحوار ذا الطابع القانوني حول "من هو يهودي؟" لم يشغل قط بالا لهؤلاء المؤرخين فهم يعتبرون أن كل من ينحدر من الشعب الذي أكره على حياة المنفى منذ ألفي عام يهوديا. هؤلاء الباحثون "المخول لهم" التنقيب في الماضي لم يشتركوا أيضا في الجدل الذي أثاره"المؤرخون الجدد" في نهاية 1980 لأن جل الفاعلين في هذا الحوار العام، وعددهم قليل، جاؤوا من فروع معرفية أخرى أو من آفاق غير جامعية: علماء اجتماع ومستشرقون وألسنيون وجغرافيون واختصاصيون في العلوم السياسية وباحثون في الأدب وعلماء أثار صاغوا أفكارا جديدة حول الماضي اليهودي والصهيوني وكانوا يضمون في صفوفهم أيضا حملة شهائد وافدين من الخارج ولكن لم يصدر عن أقسام "التاريخ اليهودي" سوى أصداء خائفة ومحافظة تغلفها أساليب بلاغية دفاعية ترتكز على الأفكار الموروثة.
 
اليهودية دين تبشيري
 
بإيجاز في ستين عاما لم ينضج التاريخ الوطني إلا قليلا والأرجح أنه لن يتطور في المدى القصير ورغم ذلك فإن الحقائق التي كشفت عنها البحوث تفرض على كل مؤرخ نزيه أسئلة قد تبدو مذهلة للوهلة الأولى ولكنها جوهرية. هل يمكن اعتماد الكتاب المقدس ككتاب تاريخ؟ المؤرخون الأوائل الجدد مثل إسحاق ماركوس جوست أو ليوبولد زونز خلال النصف الأول للقرن التاسع عشر لم يكن لهم تصور كهذا للكتاب المقدس فالــ"العهد القديم" في رأيهم كتاب لاهوتي مكون للطوائف الدينية اليهودية بعد تدمير المعبد الأول ولقد توجب انتظار النصف الثاني من نفس القرن لنجد مؤرخين ونخص في المقام الأول هنريش غرائيتز حاملين لرؤية "وطنية" للكتاب المقدس فقد حولوا رحيل ابراهيم لكنعان والخروج من مصر أو المملكة الموحدة لداوود وسليمان لقصص تؤرخ لماض وطني حقيقي ومنذ ذلك الوقت دأب المؤرخون الصهاينة على اجترار هذه "الحقائق التوراتية" التي أصبحت الغذاء اليومي في وجبات التعليم الوطني.
 
ولكن زلزالا حدث في سنوات الثمانين هز كل هذه الأساطير التي أسست للشعب اليهودي فاكتشافات "علم الآثار الجديد" تتعارض مع احتمال نزوح كبيرلليهود في القرن الثالث عشر قبل الميلاد وكذلك لم يكن بوسع موسى أن يخرج العبريين من مصر ويقودهم باتجاه "أرض الميعاد" لسبب وجيه ألا وهو أن هذه الأرض في تلك الحقبة من التاريخ كانت بيد المصريين ومن ناحية أخرى لا نجد أي أثر لثورة عبيد في امبراطورية الفراعنة ولا لغزو خاطف لبلد الكنعان تم بيد عنصر أجنبي ولا توجد أيضا دلالة أو شهادة ذاكرة على وجود مملكة مترفة لدوود وسليمان . واكتشافات العشرية الماضية تبرز وجود مملكتين صغيرتين في الماضي، إسرائيل وهي أكبر المملكتين ويهوذا المسماة لاحقا اليهودية ولم يتعرض سكان الأخيرة أيضا لنفي في القرن السادس قبل الميلاد ، وإنما اضطرت فقط نخبها السياسية والفكرية للإقامة ببابل وقد نجم عن هذا الإلتقاء الحاسم مع المعتقدات الفارسية مولد اليهودية التوحيدية . 

 
و ماذا بخصوص تهجير سنة 70 بعد الميلاد: هل تم فعلا؟ إنها لمفارقة عجيبة أن يمر هذا "الحدث المؤسس" في تاريخ اليهود والذي يستمد الشتات منه فخرهم دون أن يصدر بشأنه أي مرجع باحث وذلك لسبب بسيط جدا وهو أن الرومان لم يهجروا قط شعبا على كامل الجناح الشرقي للبحر الأبيض المتوسط باستثناء المساجين الذين اصبحوا عبيدا أما سكان يهوذا فقد واصلوا العيش على أراضيهم حتى بعد تدمير المعبد الثاني.
 
وقد اعتنق جزء منهم المسيحية في القرن الرابع في حين أن الأغلبية الساحقة انضمت للإسلام خلال الغزو العربي في القرن السابع وجل المفكرين الصهاينة لا يجهلون شيئا بخصوص هذه الحقائق من ذلك أن اسحق بن زفي ثاني رؤساء إسرائيل، شأنه شأن ديفيد بن غوريون مؤسس الدولة كانوا يكتبون ذلك حتى 1929 سنة الثورة الكبرى للفلسطينيين وقد أشار كلاهما في أكثر من مناسبة إلى أن فلاحي فلسطين هم ذرية سكان يهوذا القديمة.
 
وفي انعدام حقيقة التشرد انطلاقا من فلسطين الرومانية فمن أين أتى هؤلاء اليهود الذين يقطنون في حوض المتوسط منذ القدم ؟ثمة حقيقة تاريخية عجيبة تختفي وراء ستار التأريخ الوطني، فمن ثورة المكابيين في القرن الثاني قبل الميلاد إلى تمرد بار كوشبا في القرن الثانس ب.م كانت اليهودية أول ديانة تبشيرية وقد أجبر الحشمونائيم الأدوميين بجنوب يهودا والإيتوريين بالجليل على اعتناق اليهودية وألحقوا بتلك الصفة بـــ"شعب اسرائيل" وانطلاقا من هذه المملكة اليهودية الهيلينية انتشرت الديانة اليهودية في جميع أنحاء الشرق الأوسط والبحر الأبيض المتوسط وفي في القرن الأول الميلادي على أرض كردستان الحالية برزت مملكة يهود هزوانيون التي لن تكون آخر مملكة تتهود إذ ستليها ممالك أخرى لاحقا.

كتابات يوسيفوس فلافيوس ليست هي الدليل الوحيد للحماسة التبشيرية لليهود، فمن هوراس لسينيكا ثم جوفينال فتاسيس ترجم العديد من الكتاب اليونانيين مخاوفهم من هذه الحماسة . المشناة والتلمود يسمحان بممارسة التهويد حتى وإن عبر بعض حكماء السنة التلمودية عن تحفظاتهم بهذا الموضوع تحت الضغط المتنامي للمسيحية.
 
انتصار ديانة المسيح في بداية القرن الرابع لم يضع حدا لانتشار اليهودية ولكنه دفع بالتبشير اليهودي نحو هوامش العالم الثقافي المسيحي وفي القرن الخامس برزت في موقع اليمن الحالي مملكة يهودية صلبة سميت حمير وهي مملكة سيحافظ فيها نسلها على معتقدهم بعد انتصار الإسلام وحتى وقتنا هذا. أضف إلى ذلك ما ساقه لنا المؤرخون العرب بخصوص وجود قبائل بربرية تم تهويدها في القرن السابع . ولعل أكثر ما يبرز هنا في سياق الزحف العربي الذي بلغ شمال افريقيا في نهاية ذلك القرن الصورة الشهيرة للملكة اليهودية دحية الكاهنة التي حاولت صد ذلك الزحف كما تبرز مشاركة برابرة ممن اعتنقوا اليهودية في غزو شبه الجزيرة الايبيرية وقد وضعوا فيها أسس تعايش فريد بين اليهود والمسلمين خاص بالثقافة الإسبانية العربيةإلا أن أبرز تهويد شامل وذي معنى هو ذلك الذي حدث بين البحر الأسود وبحر قزوين ويهم مملكة الخزر الكبرى في القرن الثامن وقد أولد انتشار اليهودية من القوقاز إلى أوكرانيا عدة طوائف تم كبحها عدديا بفعل غزوات الماغول في القرن الثالث عشر وحصرت في اتجاه أروبا الشرقية. وهناك سترسي هذه الطوائف بمعية اليهود القادمين من المناطق السلافية الجنوبية والأراضي الألمانية الحالية أسس الثقافة اليديشية الكبرى.
 
وهذه الروايات بخصوص الأصول المتعددة لليهود موجودة ولو بصفة محتشمة في التأريخ الصهيوني إلى غاية 1960 وتم فيما بعد تهميش هذه الروايات بصفة تدريجية قبل أن تندثر من الذاكرة العامة في اسرائيل، ذلك لأن الفاتحين لمدينة داوود سنة 1967 كان يتوجب عليهم أن يكونوا من السلالة الخالصة لمملكة داوود الأسطورية وليس ، والعياذ بالله، من ورثة المحاربين البربر او فرسان الخزر وتبرز صورة اليهود عندئذ على أنهم "أتنوس" خاص نجخ بعد ألفي عام من النفي والتشرد في الرجوع لعاصمته أرشليم . إن خصوصيات هذا السرد الخطي والغير قابل للتجزئة لا تحشد فقط اهتمامات مدرس التاريخ بل أيضا تدعو اهتمام علم الحياة ومنذ سنة 1970 هناك في اسرائيل سلسلة من الأبحاث "العلمية" تحاول بكل الوسائل أن تثبت القرابة الجينية لليهود بالعالم أجمع فــ"البحث عن أصول السكان" أصبح يمثل مجالا ثابت الشرعية والشعبية في علم البيولوجيا الجزيئية في حين ان كروموسوم واي الذكر قد حصل على مكان الشرف إلى جانب كليو اليهودية في السعي المحموم لإثبات تفرد لمنشأ "الشعب المختار". هذا التصور التاريخي يمثل أساس سياسة الهوية لدولة إسرائيل وهنا مكمن الداء الذي تجرح فيه البردعة لأن هذا التصور يعطي لليهودية تعريفا جوهرياتــيا وإثــنـيـا يغذي التمييز الذي يفصل اليهود عن غير اليهود سواء كان الأخيرون عربا أو مهاجرين يهودا أو عمالا مهاجرين. وبعد ستين عاما من تأسيسها ترفض اسرائيل أن ينظر إليها كجمهورية قائمة لمواطنيها، فما يقرب من ربع هؤلاء المواطنين يعتبرون غير يهود وفي جوهر قوانينها هذه الدولة ليست لهم وفي المقابل تدعي اسرائيل دوما أنها دولة يهود العالم بأسره حتى وإن أصبحوا لاجئين غير مضطهدين وإنما مواطنين ذوي حقوق كاملة يعيشون في ظل المساواة في البلدان التي يقيمون بها. وبعبارة أخرى فإن نظاما عرقيا بدون حدود يبرر التمييز القاسي الذي تمارسه الدولة تجاه جزء من مواطنيها، متعللة في ذلك بأسطورة الأمة الخالدة التي أعادت تشكيل نفسها لتجتمع على "أرض أجدادها"وبالتالي فإن كتابة تاريخ يهودي جديد، من وراء المنشور الصهيوني ليس مهمة سهلة فالنور الذي ينكسر عند المنشور يتحول إلى ألوان إثــنــية ثابتة والحال أن اليهود قد كونوا دوما طوائف دينية مشكلة في الغالب من اعتناقات جرت في مختلف أنحاء العالم. وبالتالي فهذه الطوائف لا تمثل "أتنوسا" حاملا لنفس الأصل الموحد ويزعم أنه تنقل متشردا بتلك الصفة على امتداد عشرين قرنا. إن تطور أي تــأريخ و عملية الحداثة ، بصفة أعم، يمران لفترة ما بابتكار الأمة. وقد شغلت هذه الأخيرة ملايين البشر كما نعرف خلال القرن التاسع عشر وطوال جزء من القرن العشرين وقد شهدت نهاية القرن الماضي بالتحديد أحلاما بدأت تنهار والعلماء، بعدد يتزايد يوما بعد يوم، يحللون ويشرحون القصص الوطنية الكبيرة وبالخصوص منها أساطير الأصل المشترك التي يتمسك بها مؤرخو الماضي أو كتاب الوقائع وإن كوابيس الأمس الهويتية ستحل محلها أحلام هوية أخرى والتاريخ مثل أي شخصية مكونة من هويات "سائلة" ومتعددة له أيضا هويته المتحركة.
 
شلومو صاند
 
ترجمة أحمد عامري
2010. 10. 01
 
 
النص الفرنسي

lundi 27 septembre 2010

Autopsie d'un ectoplasme dissout



Il est des supplices, des passions que nous ne soupçonnons pas dans ce monde saturé d'écrits et de dits, et jamais assez dit ni écrit quand même. Ces abcès increvables de la parole renvoyée à sa gorge, saucissonnée en travers du gosier, quand ils en viennent à imploser sous la plume d'un auteur de talent, injustement méconnu, donnent un écrit qui a tout pour ravir les fins gourmets des nourritures spirituelles.

Dissolution d'un ectoplasme est le procès qu'intente Denis MARULAZ à la société de l'édition. Un procès en bonne et due forme contre "l'hermétisme du Milieu du Livre", avec ses réquisitoires, ses plaidoyers, ses pièces à conviction, ses témoins et sa sentence finale. Accablante : "La métaphore universelle veut que le poète confie ses mots au vent ensemenceur. A moi, il ne reste qu’à couler les miens dans mon cercueil de vase et de limon. Puisque la société des hommes a décidé que tel se conjuguait notre destin d’inexistence."

Julien Terreneuve, la soixantaine passée, est découvert un jour dans la plus haute des déchéances. Crasseux, puant, esseulé et végétant à l'état d'ectoplasme dans sa piaule, au milieu de ses livres inédits, ses morts-nés, et ses immondices.
Dans un monde où les institutions encadrent partout les hommes, se trouvant en aval de la déchéance comme en son amont pour mieux réussir l'œuvre "désintéressée" de réinsertion, on fait ce qu'on peut pour s'acquitter de son devoir. On charge une travailleuse sociale, Marie-Françoise, de réapprendre à Terreneuve à vivre et d'assurer un suivi de tel réapprentissage.

C'est ainsi que s'ouvre ce procès. Aux mille et une questions que le lecteur-spectateur se pose et pose à Terreneuve par le biais de cet ange gardien Marie-Françoise, le mort-né et père de morts-nés oppose un silence des plus éloquent.
A quoi bon dire quand vous n'avez pas d'oreilles? car Terreneuve avait été condamné à la déchéance et voudrait y sombrer pour être voix sans oreilles. Son silence, parole en grève, cri de protestation et arme autant d'autodéfense que d'autodestruction, fait le procès de ceux qui n'écoutent plus les rêveurs, les utopistes, les poètes, les artistes. Quand le silence se tait, c'est au tour de la poésie, un peu hermétique pour le commun des hommes, aérée et spacieuse pour les initiés, de relayer et d'appuyer ce procès dramatique.

"Il ne leur manquait plus
qu’à me souder
les lèvres
pour que je sois
vaincu
terrassé
muet."


Poète, dramaturge, nouvelliste, artiste total, Denis MARULAZ n'aurait écrit
Denis Marulaz
que pour échapper à la mort dans la vie ingrate, asphyxiante, de l'éducateur qu'il fut dans une structure d'accueil et de soins pour personnes toxicomanes. Aux années d'apnée à l'éducation, il a tenté de substituer une régénération dans "l'eupnée de l'écriture", si l'on peut dire. Mais dire, écrire ne valent pas sans l'écoute primordiale et salutaire qui les valorise et leur donne un sens. L'écrit n'est pas soliloque ni monologue ni aparté, il est dialogue (avec le lecteur) ou n'est pas.
Or quand le talent est profané par les commerçants du discours, quand les mercantiles du livre vous rognent les mots parce que "cette année le thème est: Et toi ton toit?", quand ils apposent à vos lèvres un scellé, une fin de non recevoir, vous vous rendez compte alors que les maux et leur homonyme sont désormais pour vous synonymes. Et, qui pis est, preuve irréfragable de votre cogito d'inexistence.

Si une telle inexistence et son cogito sont les vôtres, vous êtes alors un ectoplasme. Vous avez beau être poète et noble, votre déchéance vous somme de la consommer. Même le procès que vous intentez à la fratrie de l'édition devient alors absurde. A moins qu'il puisse vous servir peut-être de testament.

"...C’est cela, le destin des hommes ? De bosser comme des esclaves anonymes, de pondre des gosses et de s’enfermer chacun dans sa bulle bien confortable ? Vous vous contentez de cette existence débile, programmée et aseptisée de la naissance à la mort, vous êtes des potiches, des soldats de plomb, des nains de jardins ! Vous vous tenez où l’on vous pose, vous faites ce qu’on vous dit, comme on vous dit, vous n’avez plus de regard, vous êtes un troupeau qui se laisse guider aveuglément pourvu qu’on lui donne sa ration de bonheur quotidienne et égocentrée ! Sachez qu’il y a des gens qui ont besoin de respirer un autre oxygène, qui ont besoin de baigner leur visage au vrai Soleil, d’ouvrir les yeux sur des horizons dont vous n’imaginez même pas la profondeur, de s’abreuver à des sources jaillissantes de Conscience qui n’ont rien de commun avec vos flaques d’eau boueuse. Sachez qu’il est des gens qui transpercent de leur regard les apparences trompeuses du Monde et qui ne trouvent comme sens à leur vie que d’observer, de décrypter, de comprendre, d’apprendre et de DIRE, de dire, de dire, de dire… de révéler à la vue de tous les rouages de la « Machine à décerveler » et la magnificence des autres Mondes possibles. Mais votre société n’en a que faire, de ces énergumènes ! Entre le boulanger, le plombier, le curé, le serreur de boulons, le médecin et l’architecte, la D.R.H. et le trader, Ha Ha Ha ! Le Trader ! quelle place voulez-vous qu’une société sérieuse accorde à des gambergeurs de l’utopie et de l’inaccessible? Hein ? Je vous le demande !"

J'écorne ici, comme je l'ai fait à maintes pages ailleurs, la tragédie mentale de Denis MARULAZ.
J'ai copié-collé je ne sais plus combien de citations, croyant écrémer à chacun de ces passages et phrases ainsi élus la pièce. Mais arrivé à la dernière page, évaluant ce que je pouvais transvaser comme eau, caséine et lactose dans le restant de l'œuvre, je m'aperçois que la terrine est presque à sec. Il n'y a rien dans le texte de cet auteur qui ne soit pure crème.

A. Amri
27.09.2010.

Le blog de
Denis MARULAZ : espace où il fait bon errer et se perdre.

dimanche 19 septembre 2010

A mon camarade Nicolas, Son Excellence Sarkosy


L'auteur de ces lignes aurait croisé dans une vie antérieure un voisin de palier et un camarade d'université qui s'appelait Nicolas. Le premier, accrédité par sa profession d'enseignant, deviendra ambassadeur de la culture française dans les lycées tunisiens et le second, plus chanceux, Président de la République Française. Cette lettre d'un ancien camarade à son camarade ancien voudrait contester à la France la prérogative du droit d'ingérence.


Monsieur le Président,

Il y a une trentaine d'années, l'auteur de ces lignes , fils d'immigré, séjournait en France où il faisait des études littéraires françaises. Sans vous avoir connu de loin ni de près, il pourrait néanmoins supposer avoir été votre voisin de palier, ne fût-ce que le temps d'un campement de transit, tant il a erré sur sa terre d'accueil, bivouaquant une année ici, l'année d'après là, en région parisienne. Et le hasard a fait que c'était à Paris X, là où vous prépariez vous-même votre maîtrise de droit privé, que cet ancien bédouin de Paris se ressourçait aux humanités et philosophies des Lumières.

Aujourd'hui et depuis un bail enseignant dans les lycées tunisiens, l'ex-nanterrois voudrait prétendre à un droit d'ingérence dans la politique française. Votre Excellence conviendra que l'État qui se targue d'être l'inventeur de cette expression devenue belle formule incantatoire dans la bouche de certains politiques (1), au risque de prêcher dans le vide, ne pourrait accréditer cette sacro-sainte ingérence s'il n'admet pas pour lui-même les règles que son droit entend appliquer vis-à-vis des états tiers.

Parce qu'il enseigne votre langue, les valeurs républicaines auxquelles il adhère depuis sa prime jeunesse et que face à la profanation de ces valeurs, il en vient à EN SAIGNER plus qu'à enseigner, votre ancien camarade juge de son droit comme du salut de son enseignement d'interpeller les instances politiques en France, et la plus haute en premier chef, pour rappeler que ce droit n'est pas une prérogative française.

Monsieur le Président,

La France qui fait la chasse aux Roms, à cette sous-humanité qu'elle appelle "Gens du voyage", n'est pas en meilleure posture que le Soudan des Janjaouid. Les méthodes sont peut-être moins soudanaises, et tant mieux! mais au vu des résultats que la politique répressive entend réaliser dans votre pays, c'est la même épuration ethnique, puisqu'on voudrait bouter hors de France ce sang tsigane impur, au mépris des lois et des conventions signées par votre État.

La France qui voudrait retirer la nationalité à des Français d'origine étrangère, quel que soit le motif invoqué, mais aussi au vu même du motif invoqué par son président, n'est pas en meilleure posture que les États du Sud, qu'elle appelle de "vive voix" à respecter le droit et fustige pour des atteintes inacceptables aux libertés élémentaires de l'homme. Quand l'ancien étudiant en droit, fils d'immigré et aujourd'hui marié à une immigrée, brandit cette menace en direction d'un autre sang impur, quand il suppose et présuppose que le sang pur ne tue pas des policiers, l'ancien camarade voudrait rappeler au camarade ancien (2) que cela s'appelle du racisme, de la ségrégation raciale, de la xénophobie et que ces tares réunies ne font pas partie des valeurs françaises que l'ancien camarade enseigne!

La France qui fait la chasse aux musulmanes parce que celles-ci ne respectent pas un certain code vestimentaire laïc n'est pas en meilleure posture que les pays non laïcs qu'elle fustige pour leur oppression de la femme. Le droit à la différence, c'est aussi une valeur que nous devons aux philosophes des Lumières et défendons opiniâtrement dans notre enseignement. Nous défendons aussi les droits de l'homme, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Si Paris abjure le Palais Chaillot, si le Président de la France abjure ses Droits, qui prêtera à l'ancien camarade un quelconque crédit pour défendre auprès des siens la tolérance et le droit?

Votre Excellence pourrait rétorquer à l'ancien camarade que la France ne fait qu'appliquer chez elle ce que certains pays musulmans ont osé faire depuis des années. Soit! mais c'est justement parce que ces pays musulmans ne sont pas habilités à donner un exemple à suivre en matière de démocratie et de respect des droits que la France ne peut s'en inspirer pour "promouvoir" sa propre démocratie.

Monsieur le Président,

La France qui limoge un responsable administratif (3) pour avoir écrit un article pas conforme aux idées du prêt à penser, la France qui envoie en prison un intellectuel qui a osé repenser un sujet de l'histoire humaine et refuser la momification de la vérité (4), la France qui empêche des auteurs réfractaires à la pensée unique de se faire éditer et diffuser sur son sol (5), la France qui exerce la terreur sur des librairies et des maisons d'édition,(6) le tout au nom d'une idéologie dominante à obédience sioniste, peut-elle soutenir encore son droit d'ingérence pour dénoncer tel ou tel obscurantisme dans les pays du Sud? Il ne manquerait à votre grand pays, appelé berceau des Lumières dans les manuels scolaires de l'ancien camarade et ses enseignés, qu'une belle fatwa en bonne et due forme, de même veine que celle qui frappe l'auteur des Versets Sataniques pour nous donner le juste ton de ces Lumières rendant méconnaissable la France à enseigner!

Monsieur le Président,

La France officielle se bat depuis des années pour la libération d'un jeune soldat israélien détenu en otage par la résistance palestinienne. Raison invoquée pour justifier ce combat: le jeune captif est de nationalité franco-israélienne. Cette même France officielle oublie curieusement qu'il y a un autre Français, pas moins français que le premier, qui croupit dans les prisons israéliennes depuis 2005, dans l'indifférence totale du pouvoir que vous incarnez. Parce que l'un s'appelle Gilad Shalit et l'autre Salah Hammouri, que l'un est franco-israélien et l'autre franco-palestinien, l'État français peut s'accommoder de ce deux poids deux mesures lui permettant le droit d'ingérence pour l'un et le droit d'indifférence pour l'autre. L'ancien camarade comprend votre excuse, Monsieur le Président, mais pour faire ingérer cette excuse à ses enseignés, vous conviendrez que la tâche n'est pas facile.

Monsieur le Président,

Notre éminent philosophe BHL, Madame la Présidente et Votre Excellence, sans oublier Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères, avez pris fait et cause pour cette malheureuse Skineh condamnée à la peine de lapidation en Iran. La cause en soi n'a rien de répréhensible pour l'ancien camarade, si ce n'est que la lapidation de Skineh par les mollahs ne peut occulter la lapidation de tout le peuple iranien par les médias et les officiels français. Ceux qui font tout pour anéantir l'Iran, ceux qui calomnient de façon systématique ce pays et diabolisent ses dirigeants pour des fins belliqueuses servant l'intérêt d'Israël sont-ils habilités à défendre le droit d'une iranienne condamnée pour un double crime de droit commun?

Et puis, Monsieur le Président, pourquoi notre éminent philosophe BHL, Madame la Présidente et Votre Excellence, sans oublier Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères, êtes vous si prompts à réagir pour sauver une personne dans le monde musulman, et ABSENTS, totalement absents, quand il s'agit d'arrêter des tueries, des massacres, des répressions et oppressions frappant des millions d'hommes et de femmes en Palestine?

La vie de ces millions est-elle à ce point insignifiante pour justifier encore ce deux poids deux mesures?


A.Amri

03.09.10


1-En vérité l'État n'a rien inventé, à ce propos précis. Le droit d'ingérence est un vieux dada de Kouchner, celui-ci ayant fait d'une expression qu'on doit à Jean François Revel son cheval de bataille, dans les années 80, pour s'adjuger un nom de Marquis dans l'Humanitaire. L'actuel chef de la diplomatie française, Caméléon de politique par excellence, n'a conservé de l'Humanitaire qu'un fétu de paille, si ce n'est moins, qui ne le qualifie qu'à confirmer son parcours de politique félon.

2- Tant que Nicolas Sarkosy n'affichait pas les couleurs, il a dû se faire appeler bon gré mal gré "camarade". Mais ce camarade a la malchance de perdre un jour dans les locaux d'études un papier compromettant, retrouvé peu de temps après par les maîtres de céans. Les murs de la fac qui le dénoncent alors comme un nervi du pouvoir et un fasciste l'ont voué depuis au bannissement. (Voir à ce sujet Nicolas Sarkozy Secrets de jeunesse.)

3- Bruno Guigue a été démis de ses fonctions de sous-préfet de Saintes le 8 avril 2009 pour avoir écrit un article qui critique Israël.

4- En vertu de la loi Gayssot qui pénalise le négationnisme, Vincent Reynouard est condamné à un an de prison et 60 ooo euros d'amende. Il purge sa peine depuis le 9 Juillet 2010.

5- C'est le cas du Français Paul-Eric Blanrue, auteur de Sarkozy, Israël et les Juifs mais aussi de ses amis belges Jean Bricmont et Michel Collon pour des œuvres antisionistes.

6- Le 3 juillet 2009, la librairie Résistances connue pour sa lutte contre le racisme, le colonialisme et pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes a été saccagée par un commando se réclamant de la Ligue de défense juive (LDJ).



lundi 13 septembre 2010

نشيد المناشدة



ألا يا أهل تونس العابدية لقد أنعم الله عليكم بأعز نعمه فلا تكونوا من الجاحدين، حباكم بخضرة البلاد وندرة الجراد وقدرة القادر المختار فيكم على اقتياد البلاد، فانشدوا مع المناشدين ونادوا مع المنادين وعادوْا المعادين ولا تخشوا لومة لائم في صواب التجديد والتمديد والتوريث واصدحوا عاليا بالنشيد ولا يركبنكم خوف من أن ينعتكم بالقوادة ناعت أو بالوصولية والتهريج ماقت فوالله الذي ألهم حزبه نداء المناشدة وطنيتكم خالصة قبل الإصداح وبعده. ولا يكونن فيكم للسابع من شابع أو على تجديد البيعة بينكم من قابع، ولا تكبحوا للوطنية حسا ولا تمنعوا عن تزكية المناشدة إماما أو قسا.

أشيدوا أشيدوا بنشيد المناشدة التي تنشد بشدة شدكم لأشد المتاريس ضد الشدائد والشذوذ والشواذ في تصور الحكم ولا تكونوا من الجاحدين او الكافرين فتحت سدة الوارث لحكم الله فيكم وفق ما بان ولم يبن من بيان الشابع وإعجازه آيات بينات لا غبار عليها، فقد شيد الشابع لشعبه أشد صروح المجد وسطع في سماء الدنيا نجمه وعلا في محفل الأمم ذكره واشتد في داخل تونس عود ديمقراطيته وما شذ يوما عن شدة ولا شدّ وانبعثت على كامل تراب البلاد حقوق الإنسان بعد عدم وتجدد في كل العروق دم الحريات بعد هرم وتشددت في كامل جسد السلطة عضلات الحكم بعد ورم وتكرشت هنا و هناك عباد بعد سقم ونهض اقتصاد بعد إعاقه وابيضت وجوه بعد سواد وفاقه واستتب بشدة التمترس أمن ورفاقه وعمرت سجون كانت في الماضي موحشة وما عدنا نحتاج اليوم أو غدا لمقرات رابطة مؤنسه فالكل مؤنوس مربوط ولله الحمد أو بالبيت مرابط ولخوفه مؤانس ومؤشر التعبير ككل الحريات بفضل الشابع هابط والشعب وفق كل انتخاب لمعبود العابدين عابد وأحزاب المعارضة ومقراتها وصحفها في نعيم وعزة لا تجد لهما مثيلا حتى في غزه و قناة 7 تشهد بتحسن منحة الإنتاج وأعلاف الدجاج ورعاية الشابع للحجاج ونشراتها الجوية تؤكد تواترا غير معهود للغيث النافع يبلغ أوجه كل شابع وهو لمن له بصيرة من الإعجاز نابع، أفلا تناشدون؟

أ.عامري
13 سبتمبر 2010

dimanche 12 septembre 2010

Si du 11 septembre chilien on se souvient

"Ils ont la force, ils pourront nous asservir, mais on ne peut arrêter les mouvements sociaux ni par le crime, ni par la force. L'Histoire est nôtre, et ce sont les peuples qui la font." (Salvador Allende - Dernier discours au peuple chilien - 11.09.1973)


Le 11-9 dont je me souviens est bien antérieur à 2001.
Le 11 septembre 1973, les généraux des oligarchies latino-américaines et leurs bailleurs de fonds à Washington ont assassiné la démocratie au Chili. Combien de médias commémorent aujourd'hui la tragique fin de Salvador Allende? Qui se souvient des victimes du coup d'état de Pinochet? Qui évoque les escadrons de la mort, le plan Condor, les 3000 exécutés et disparus chiliens, le million d'exilés dont 40 000 politiques, les stades transformés en camps de concentration, le pays devenu prison, la démocratie immolée sur l'autel des intérêts capitalistes et impérialistes?

Contre l'oubli et les discriminations mémorielles: le 11 septembre 1973.
Comment expliquer cette amnésie médiatique qui, depuis les attentats de New York, éclipse le 11-9 de l'an 1973 ?
Sûrement pas une logique de postériorité historique qui ait rendu caduc le vieil 11-9 comme on serait tenté de le penser. Mais derrière cette amnésie, il y a, outre les lavage et bourrage de cerveaux répondant aux impératifs du nouvel ordre mondial, une logique de priorité stratégique
, dictée par les intérêts du Pentagone et les guerres qui ont marqué la première décennie du nouveau siècle.
Pris dans le tourbillon de la communication non-stop
l'information et l'évènement qu'elle rapporte sont devenus presque simultanés, l'homme d'aujourd'hui a rarement le loisir de se déconnecter un petit instant du monde qui l'informe et désinforme tour à tour, pour prendre le recul nécessaire et objectiver l'évènement. C'est dans de telles conditions que nous avons reçu le 11-9 de ce début du siècle. Et nous avons cette impression que le retentissement qui s'ensuit depuis neuf ans est (à) la mesure de sa gravité réelle, indépendamment des rebondissements à venir. Alors que ce sont surtout ces rebondissements vus à l'avance, la tragédie grecque ouverte par ce prélude choc, mais anticipée de longue date, fantasmée, planifiée dans la politique américaine et son projet de nouvel ordre mondial qui, de façon rétrospective, ont fait l'évènement. Et donné à ce 9-11 son véritable poids: les guerres d'Afghanistan et d'Irak, entre autres épisodes noirs, décidées et préparées en coulisses. Les bonnes intentions de ceux qui instrumentalisent et l'information et l'évènement pour servir leurs agendas politiques ont fait du 11-9-2001 ce qu'il est pour nous: un micro-apocalypse qui n'a pas de précédent, un mythe au sens originel du terme, apodictique. Avant de l'être au sens courant au fur et à mesure des controverses qu'il suscitera.
Cette illusion d'optique due à la redondance de l'information est aussi ce qui éclipse pour nous l'ampleur de ce vieil 11-9, laquelle, dans ses implications immédiates comme dans ses répercussions historiques, dépasse de beaucoup celle de 2001. Trente-sept ans plus tard, et sans le concours d'aucune fanfare de médias, pour des milliers et des millions d'hommes, au Chili comme ailleurs, la cicatrice est toujours ouverte et n’est pas près de se refermer.
Le 11 septembre 1973, avec le soutien logistique de la CIA et l'argent des Rockfeller, Pinochet renverse dans un bain de sang (et si ce n'était qu'un bain!) le régime socialiste de Salvador Allende. Le verdict des urnes et l'appui d'une majorité au Congrès, ce choix démocratique par lequel les Chiliens, trois ans plus tôt, ont jeté leur dévolu sur le candidat de l'Unité Populaire, est ainsi contesté et annulé. Si elle n'est pas taillée à la mesure des normes américaines, si elle ne reçoit pas la bénédiction du capital papal étasunien et des oligarchies compradores locales, la démocratie ne passe pas. La junte militaire qui s'est emparée du pouvoir en cet 11-9-73 et le conservera jusqu'en 1990, impose au pays une dictature de fer, et des plus sanglante, dont les crimes n'ont rien de comparable dans l'histoire de la seconde moitié du XXe.
Pendant 17 ans, Augusto Pinochet et son armée font du Chili la plus vaste prison qu'on puisse imaginer, en même temps qu'un exécutoir qui ne désemplit jamais. Les chiffres et les témoignages des survivants sont éloquents. Un million d'exilés dont 40 000 des politiques, entre 2500 et 3000 morts et disparus (1), sans compter les prisonniers, les détenus des camps de concentration, la vie brisée de millions de familles qui, à ce jour, ne sont pas près d'oublier ces années dont on ne guérit pas. Jamais dans l’histoire des dictatures un pays n’a été si martyrisé. Même les espaces de fêtes et de loisirs ont été transformés en lieux de supplices. Le stade national de Santiago, devenu pour la circonstance camp de prisonniers à ciel ouvert, a accueilli pas moins de 40 000 femmes et hommes qui, durant trois mois, ont été interrogés, torturés, affamés, humiliés au gré des bourreaux. Les uns ont été exécutés de façon sommaire, d’autres, pas nécessairement tous plus chanceux, déportés un peu partout à travers le pays pour subir chacun son sort. Même ceux qui ont tenté de trouver le salut à l'étranger n'ont pas été épargnés. En Amérique latine, aux USA et en Europe, avec ou sans la complicité des services secrets de ces pays (2), ces fugitifs seront pourchassés sans merci, assassinés sur place ou kidnappés pour disparaître ailleurs.
Parallèlement à ces crimes ciblant la gauche autant que tout sympathisant de circonstance (3), tout ce qui est institution démocratique dans le pays est dissout: Congrès national, syndicats, conseils municipaux, partis politiques. Le couvre-feu qui s'instaure le jour même du coup d’état et qu’on croit de courte durée s'éternise, la liberté d'expression est interdite, la presse est muselée. Et des centaines de millions de livres, les publications de gauche où qu'elles soient saisies, tout ce qui sent le rouge, sont brûlés.
Cela s'est passé un 11-9, il y a de cela 37 ans.
 
Malgré les allégations des premières enquêtes américaines qui prétendent qu'il n'y a aucune preuve de l'implication directe des USA dans le putsch du 11 septembre 1973, au lendemain même de l'élection de Salvador Allende, Henry Kissinger, à l'époque Secrétaire d'État de Richard Nixon, déclare:« Je ne vois pas pourquoi il faudrait s'arrêter et regarder un pays devenir communiste à cause de l'irresponsabilité de son peuple. » Cette phrase est en réalité la première déclaration de guerre (4) à la démocratie naissante chilienne. Plus tard d’autres enquêtes confirmeront le rôle primordial joué par les Américains dans la chute d’Allende. Même si les documents qui accablent les USA dans ce crime sont aussi divers que nombreux (5), on citera en particulier le livre de Christopher Hitchens, écrivain et journaliste américain d'origine britannique, Les Crimes de M. Kissinger. L'auteur y répertorie et détaille non seulement les guerres secrètes de Kissinger en Amérique latine et au Chili, mais aussi ses implications dans la prolongation de la guerre au Vietnam, l'extension de cette guerre au Cambodge et au Laos, les assassinats et les actes de subversion en Grèce et en Chypre, de même que sa responsabilité dans le génocide du Timor-Oriental (6). Un autre livre, écrit par celui qui fut à l'origine de l'éclatement du scandale du Watergate, Bob Woodward, éclaire des périodes plus récentes des crimes de la CIA: CIA : Guerres secrètes 1981-1987..
 
A. Amri
25.08.2010
 
Notes:
 
1- Le Rapport Rettig (Rapport de la Commission nationale Vérité et Réconciliation: résultat d'une enquête sur les violations des droits de l'homme commis sous la dictature de Pinochet) datant de 1991 donne un chiffre plus élevé: il y aurait 3200 morts ou disparus au Chili entre 1973 et 1990.
2- Christopher Hitchens et Eduardo Galeano, respectivement journalistes américain et uruguayen soutiennent la complicité des USA dans la campagne d'assassinats organisée conjointement par les dictatures militaires de l'Amérique latine au milieu des années 1970 et connue sous le nom de L'Opération Condor . D'autre part, dans son livre Escadrons de la mort, l'école française, Marie-Monique Robin, journaliste, réalisatrice et écrivaine française, montre comment, par voie de coopération militaire et coordination entre services de renseignements, les méthodes employées par l'armée française pendant la guerre d'Algérie, en particulier pendant la bataille d'Alger, ont été exportés à la fois vers les USA et les pays gouvernés par les dictatures militaires de l'Amérique latine.
3- Le cas le plus retentissant est sans doute celui de Sheila Cassidy, médecin britannique, qui a été arrêtée au Chili en 1975 et torturée pour avoir soigné un opposant au régime.
4- En vérité la guerre américaine contre Allende a commencé bien avant son élection : la campagne électorale de son adversaire conservateur Jorge Alessandri a été financée par la compagnie américaine ITT(International Telephone and Telegraph).
5- Une liste minima comporterait: Les années Condor par John Dinges, La Mort lente des disparus au Chili par Antonia García, L'Afrique australe, de Kissinger à Carter par Barry Cohen et Howard Schissel, Les années Condor : Comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents par John Dinges, William Bourdon, et Isabelle Taudiere pour la traduction.
Quelques films aussi:
- La Spirale, film sur le coup d'état au Chili par Armand Mattelart.
- Torture made in USA + Escadrons de la mort, l'école française, documentaires français de Marie-Monique Robin
- Salvador Allende, Film de De Patricio Guzmán
6- Concernant la CIA elle-même, il y a toute une Histoire noire qui n'a pas encore de fin mais on peut en citer de façon succincte quelques épisodes saillants associés à des personnages comme Mossadagh en Iran, Jacobo Arbenz Guzmán au Guatemala, Patrice Lumumba au Congo. Sans oublier les multiples tentatives de renversement de Castro à Cuba et les manœuvres subversives contre Chávez au Venezuela.

Au même sujet:
Que vous ne verrez pas (poème)

lundi 30 août 2010

Guerre d'images dans l'impasse afghane

"Je ne mens jamais, sauf quand je lis le journal à haute voix, évidemment !" - Jean Yanne

L'argent est le nerf de la guerre, dit un vieil adage latin. L'image aussi par les temps qui courent. En réalité, en toute guerre il y a un front réservé aux soldats des médias, à la propagande belliqueuse qui mobilise l'élite de ses tireurs. Faiseurs d'opinion, et des mieux rodés, dont les feux ne sont pas moins nourris ni meurtriers que ceux opposant directement les forces belligérantes.

Du temps de l'Algérie française, pour justifier les horreurs de la guerre d'Alger, la torture, les exécutions sommaires, les expéditions punitives contre des villages et des quartiers, l'armée française ne lésinait pas sur les moyens médiatiques destinés à "éclairer" l'opinion publique, et à moyen ou long terme l'histoire. On se battait pour une cause juste, contre la barbarie. Et les photos qu'on archivait ou présentait aux médias inféodés ou soi-disant indépendants, étaient des pièces à l'appui de l'idéal guerrier, accablantes pour les barbares, exonératoires, disculpatoires pour l'armée en posture de riposte.

Que n’avait-on pas montré pour dire au récepteur convié à juger de lui même que les combattants du F.L.N étaient des bandits sans foi ni loi, des terroristes d'une autre durée, d'un âge autre, des sadiques capables des pires atrocités, qui tuaient et défiguraient leurs victimes, les émasculaient, leur coupaient le nez, les brûlaient vifs. Néanmoins si l'image pouvait opiner dans le sens de ceux qui s'en servaient comme arme des mieux fourbie, et elle opinait souvent, mais surtout de la tête de ceux qui ne voyaient de la guerre que l'image savamment triée pour eux et tronquée, c'est parce que tout ce qui précédait et entourait la pièce à conviction, tout ce qui servait de contexte était occulté.


Dans les archives des horreurs imputées aux tortionnaires du FLN, plus d'une image donneraient la réplique à Aïsha, la belle afghane au nez coupé, récemment faisant la couverture choc du Time Magazine. Le numéro titrait la publication: "Ce qui se passe si nous quittons l'Afghanistan".
On voudrait juste dire, en guise de commentaire à chaud à ce titre riche en supposés et présupposés:" Vous êtes en Afghanistan, messieurs-dames. Qu'avez-vous fait pour empêcher cela?"

Votre psychose délirante est la même qui réconfortait les défenseurs de l'Algérie française face à leurs adversaires. Ils se retranchaient derrière les supputations des malheurs que leur présence épargnerait aux autochtones comme si les malheurs déjà comptabilisés de ces derniers n'étaient pas la conséquence directe de leur présence même. Ils invoquaient, entre autres, ces Algériens défigurés par le FLN dans la période de la guerre d'Alger. Avec grossissement caricatural des chiffres et la redite et rediffusion, sous divers angles et clichés, du même supplicié. En tout et pour tout, ils n'étaient que quelques uns, à avoir subi la peine du "sourire kabyle", ceux qui étaient punis pour avoir désobéi à un mot d'ordre appelant à boycotter le tabac. A un moment où le FLN se sentait menacé dans son existence, il a décrété une loi dans le cadre de la guerre économique, visant à boycotter deux produits français non vitaux: le tabac et l'alcool. L'argument du FLN était clair: fumer ou boire, dans le contexte de l'Algérie française, c'est alimenter les caisses de l'occupant qui produit et vend l'alcool et les cigarettes. Quiconque sort un centime de sa poche et le met dans celle du colonisateur français devient l'allié objectif de ce colonisateur. La guerre économique et la lutte armée allant de pair, le FLN se devait d'agir en conséquence. Porter un coup, si minime soit-il, au nerf de la guerre coloniale, c'est rapprocher le peuple algérien de la fin pour laquelle il se battait. A cet égard, la loi décrétée a beau être implacable, au vu du contexte qui la motive elle est juste. Il n'est de guerre sans lois d'exception. Et en tous pays, la morale de discipline guerrière ne se limite pas seulement aux combattants armés, elle concerne aussi les civils, tout le monde étant sur la même galère. Par conséquent, ceux qui ne se pliaient pas au mot d'ordre du FLN devaient subir le châtiment inexorable, c'est-à-dire se faire amputer le nez et les lèvres. Encore faut-il rappeler, parce qu'on ne dira jamais assez la vérité, que la sentence ne s'appliquait jamais à la première constatation de contravention, mais en dernier recours, une fois épuisés les moyens intermédiaires de dissuasion. Le fautif était averti verbalement une première fois, devait payer une lourde amende en cas de récidive. Et s'il s'avérait "incorrigible" on l'amputait alors des organes qui lui permettent de fumer et de boire. Quand il fallait neutraliser les informateurs, et c'était encore plus légitime, en hommes traqués et sachant que la prévention radicale était leur seul moyen de salut, les combattants du FLN procédaient à des exécutions spectaculaires devant la population (1). Le sort infligé au traître devait servir d'exemple à tous: là encore, la loi est implacable mais juste.

Et c'est une terreur que le FLN n'avait pas inventée. Les Irlandais pratiquaient la même chose, et face aux collaborateurs les résistants français faisaient autant (2).

Mais quand ces atrocités sont livrées aux photographes et confiés essentiellement aux correspondants des organes de presse inféodés à l'armée, c'est une autre loi qui s'en saisit évidemment. L'omission délibérée de ce contexte, l'ablation de la réalité coloniale qui fut aux origines d'une telle horreur, désarme quiconque voit l'image et ne peut l'appréhender qu'à travers elle-même, c'est-à-dire en tant que signe apodictique (et non en tant que procédé persuasif) ou à travers le texte illustré par tel signe, élaboré en fonction d'une intention communicative assignée aux mêmes fins.

Bref, sous la main de ceux qui la manipulent à leur guise, l'image dit mieux que tout autre discours politique ou communiqué d'état-major le message destiné à nous conforter et conjurer les démons de toute raison critique pouvant assaillir notre conscience. Le monde civilisé n'a rien à se reprocher dans la guerre qu'il livre aux forces du Mal, à la barbarie. Il n'aurait rien à se reprocher non plus si, dans cette guerre, il en venait à commettre par-ci par-là une bavure, tirait à côté et faisait tomber sans le vouloir quelque victime "collatérale". Ces risques du métier comporteraient ipso facto leur caractère absolutoire et, par conséquent, n'ôteraient rien à la justesse de la guerre qu'il faut en toute circonstance bénir et soutenir.

Face au parti qui soutient la non pertinence de l'idéal humanitaire dans la guerre en Afghanistan, les armées en place usent de la même stratégie. L'argument purement discursif, étayé par les meilleurs exemples pour défendre cette guerre dont la morale ne cesse de s'éroder sera incapable, à lui seul, de soutenir la bonne cause de la guerre. Les bombes, le massacre des civils, l'occupation d'un pays où tant de forces et de moyens sont déployés depuis des années, la situation d'enlisement qui s'affirme jour après jour, autant d'éléments ne permettent pas de rassurer ceux qui se disent:" pourquoi tout ça? et jusqu'à quand?" Faute de crédit lui permettant de justifier l'injustifiable, l'idéal humanitaire qui -est-il besoin de le rappeler?- ne constitue qu'un alibi, un couvert sous lequel les puissances engagées veulent contrôler cette zone qui se trouve au confluent d'une région géostratégique, se rabat sur la rhétorique persuasive pour s'assurer un semblant de légitimité.

Et forcément, quand on voit cette pauvre Afghane dont la beauté a subi un tel dommage, la sentence à l'encontre de ceux qui ont perpétré un tel crime est sans appel. C'est de la barbarie à l'état brut. Et c'est peu dire (3). Néanmoins, que disent les Talibans eux-mêmes à propos de cet acte? (4) Et pourquoi ne les croirait-on pas après tant de manipulations médiatiques dénoncées par des experts, et des Américains de surcroît, qui avaient démontré ce dont le Pentagone est capable pour diaboliser le camp adverse et , au besoin, nourrir le mythe de Al-Quaïda?(5)

Mais mythe ou réalité, la vraie question serait vraisemblablement ailleurs. D'aucuns voudraient qu'il n'y ait dans cette tranche douteuse de l'humanité que des coupables absolus! Il y a belle lurette que les Islaminators ne se s'offusquent plus d'épidermiser ni d'islamiser sans équivoque cette violence typique à l'encontre des femmes, contre laquelle le monde civilisé est indubitablement prémuni.

D'autre part, à la veille d'une guerre qui semble imminente contre l'Iran, malgré elle l'inédite Aïsha est chargée de plaider la cause des faucons. Ce pays n'étant jamais assez rétribué par les images de pendaison qui se succèdent à son compte et se ressemblent, le potentiel de sensations que la photo pourrait investir dans la morale belliqueuse feraient de cette afghane une soldate, la première engagée et tirant déjà sur le régime des mollahs!

Bref, les intentions de Time Magazine sont bonnes, c'est certain. Mais il est certain aussi que l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Et puis un dernier mot pour développer une assertion précédemment confiée à une antiphrase, et pouvant prêter à contresens.

Contre toute apparence, les barbares, les machos, les victimaires qui martyrisent les femmes ne sont pas seulement dans ces pays localisés dans les limbes du Moyen-âge, mais seraient de tous bords et toutes confessions. Il suffit de regarder et chercher autour de soi pour voir que les femmes afghanes n'auraient pas à envier outre mesure leurs sœurs dans le reste du monde. Pour autant qu'on veuille voir la réalité loin du prêt-à-penser et de tout préjugé.

On dénombre deux millions de femmes en France victimes des violences conjugales. Dans ce même pays, 400 meurent annuellement des suites d'agressions perpétrées par leurs maris, soit une femme par jour. Dans le reste des pays de l'Union Européenne, la situation n'est guère moins triste. Une femme sur cinq est battue par son conjoint dans l'UE, huit femmes meurent en conséquence tous les mois en UK, 27 par an en Finlande. Et l'on ne cite pas les chiffres, plus accablants encore, qui concernent des violences sexuelles, allant du harcèlement à la traite, en passant par le viol et la prostitution forcée.(6)



A. Amri - 30 août 2010

Notes:
1- Des sévices cruels précédaient la mise à mort, comme l'ablation des organes génitaux que les bourreaux mettaient dans la bouche du condamné.

2- Même si les historiens ne relèvent pas des sévices infligés aux collaborateurs, il y eut près de 11 000 exécutions sommaires, sans compter les 700 exécutés après jugement.

3- Jodi Bieber, la photographe à qui on doit cette beauté martyre, se défend d'avoir voulu montrer une victime:" J’ai voulu capturer quelque chose d’elle et c’était la partie la plus difficile du travail. Lorsque son foulard a légèrement glissé vers l’arrière, ses cheveux ont été dévoilés. Et ils étaient magnifiques. Je lui ai dit ‘tu sais, tu es une si belle femme… Je ne pourrais jamais comprendre ce que cela fait d’avoir son nez et ses oreilles coupées. Mais ce que je peux faire, c’est te montrer aussi belle que tu es sur cette photo’. Après coup, on pourrait la voir en victime, mais ce n’est pas ce qu’elle est : c’est avant tout une femme magnifique"

4- Selon le Figaro citant l'AFP, les Talibans " affirment sur leur site que Time ment en les accusant d'avoir coupé le nez et les oreilles d'Aisha, 18 ans, après qu'elle eut fui son foyer dans la région d'Oruzgan, en Afghanistan l'an dernier. "Cet acte désespéré de propagande par le magazine Time a montré à la planète les excès auxquels les médias sont prêts à recourir pour satisfaire les Etats-Unis, même au prix de leur intégrité journalistique"

5- Le 3 août 2007, en marge d'une conférence sur la sécurité informatique se tenant à Las Vegas, Neal Krawetz, expert en informatique américain a démontré, preuves à l'appui, que les prétendues cassettes vidéo d'Al-Qaïda étaient en partie l'oeuvre de l'entreprise américaine IntelCenter. Entreprise privée, celle-ci collabore avec le Pentagone.

En 2006, "Prison-Planet" groupe militant anti-guerre américain a prouvé à son tour qu'IntelCenter avait sous-titré des images d'Al-Qaida de l'an 2001 avec des nouveaux textes de l'an 2006.

Le 4 août 2007, le quotidien allemand "Junge Welt" écrit:" Tout cela renforce le vieux soupçon que le Pentagone lui-même se cache derrière les menaces de l’Al-Qaida. Celles-ci ont toujours apparu à un moment où elles étaient d’une grande importance pour l’administration Bush. »

6- Ces chiffres et le détail des violences subies par les femmes en UE peuvent être consultés ici ou ici.


dimanche 15 août 2010

ضمير حشاد لايمكن مقاضاته


الفاهم بوكدوس الذي يقبع في السجن منذ 15 جويلية للسنة الجارية، يجبر على خوض محنة هو في الواقع غير مؤهل لها. فهو مطالب أن يتسلق الجبل والحال أنه لا يملك لا المعول اللازم لمعتلي الجبال ولا الرئتين. وبالتالي فهو في وضعية لا تحتمل موضوعيا نهاية الصعود أو المحنة، باستثناء ألأجل المحتوم الذي لا نتمناه ولكن يتوجب توقعه ومن ثمة فإن هاجس الخوف الحاد والمشروع من أن يترك السجين لوحده في مواجهة هذا المصير المحزن يدعو بحق ضميرنا ويصرخ فيه بالصوت المدوي: عندما يتعلق الأمر بمسألة حياة أو موت، ليس مسموحا لنا أن نقبع في حالة الانتظار أو اللامبالاة

ليس كافيا أن نقول بأن الفاهم بوكدوس مريض، فالدلالة لا تفي بالمعنى الصحيح وهو أن حياة هذا الشخص في خطر
وفي غياب العدالة والشجاعة لرد الإعتبار رسميا للمعني، بتبرئته تماما وإخلاء سبيله فورا، فإن عملا ذا طابع إنساني مطلوب بقوة كبديل في الوقت الراهن وهذا الصحفي الذي أدين لرأي وليس لجريمة في تصورنا يستحق عن جدارة معاملة خاصة الفاهم بوكدوس الذي يشكو من ربو مزمن ومشاكل في الرئتين ، وألقي القبض عليه وهو في طريقه لفحص طبي ويمثل حالة خاضعة باستمرار لكل المضاعفات التي يمكن أن تنتج عن وضعية الإعتقال وما يصاحبها من مشاكل الاكتظاظ بالسجن ليس مؤهلا لتحمل عقوبة السجن لا العقوبة بمدتها الكاملة (4 سنوات) ولا لعقوبة بديلة إن جاز التصور بأن هناك فكرة لتخفيفها للحد الأدنى
فالتدخين السلبي والغبار والحرارة الخانقة وأي تغييرات في درجة الحرارة المحيطة وغياب الملاحظات السريرية وعدم وجود الرعاية الكافية على فترات منتظمة، أضف إليها كل العناصر المقلقة والمتأتية من الإكتظاظ، كل هذه العوامل وهي ليست بالهينة تجعلنا نخشى الأسوأ وما لا يمكن تداركه بالنسبة لهذا السجين ومن هنا جاءت الحاجة الملحة لهذه الدعوة وهذه الإستغاثة التي لا تستثني أي صاحب نية حسنة من أي جهة سياسية قد تكون، شرط أن تستجيب لنداء الضمير وتسعف المعني

إن مكان المريض، حتى لو كان مجرم حق عام ومن طينة تنزع للإنتكاس، هو المستشفى وليس السجن وفي حالة شخص جريمته الوحيدة أنه قبل أن يكون شاهدا على انتفاضة عمالية وسلط عدسة تصويره على جرحنا المتعفن ليرينا ما لا نريد رؤيته أو الكشف عنه لعيون الآخرين فإنه يكون من السخف ان نضمر له حقدا بهذا الحد واستمرار احتجازه، عدا كونه يمثل محنة لا تطاق هو جريمة، سيما وأن ضعف هذا المريض ليس سرا لأحد
إن كل دقيقة تمر وتأخر العلاج الحيوي مرجحة لتنذر بالساعة المصيرية وإذا كانت الدولة لا تتحرج من اللامبالاة ولا من هذا الإعتقال الذي يساوي عمليا إعداما ولا من معاناة أسرة السجين و أصدقاءه فإن التونسيين وأصدقاء تونس قي جميع أنحاء العالم لا يمكنهم مجاراة الدولة في هذا المنحى
فبصرف النظر عن كل اتجاه سياسي، المسألة تضع الضمير الإنساني على المحك لأنها تتعلق بقضية حق لا جدال فيها والإمتناع عن مساعدة شخص يواجه خطر الموت، أو يواجه خطرا وكفى، هو جريمة في القانون البشري والإلاهي لجميع الشعوب وجميع الأمم
وفضلا عن هذا القانون الذي يكفل للمعني حقه المشروع في المساعدة العاجلة فإن تاريخ الشعب التونسي يسائل القانون الزجري من جهة أخرى ويذكره بالسياق التاريخي والإجتماعي الذي يتوجب أخذه بعين الإعتبار بالإضافة للحريات المدنية والمبادئ الدستورية. إن سجن بوكدوس يمثل إهانة لأرواح الزعماء التاريخيين للحركة النقابية التونسية فالمرحومون محمد علي الحامي وفرحات حشاد ومختار التليلي والحبيب عاشور وغيرهم بلا حصر، كل هذه الرموز والمعالم النضالية التي تنتمي للوعي الجماعي ولا تقبل التجزئة لحساب حزب أو فئة، لو أتيح لها أن تعود بيننا وتلاحظ الخطأ أوالخطيئة المرتكبة في حق نضالاتها فإنها لن تتهاون في تأنيب القانون الجائر الذي يدنس أرواحهم
الفاهم بوكدوس لم يفعل شيئا آخر سوى السير على خطى هؤلاء الرجال الذين رسموا بجهادهم على امتداد القرن الماضي تاريخ الحركة القومية والعمالية وهؤلاء الرجال الذين أودعناهم القبور وليس النسيان ما انطفؤوا في ذاكرة التونسيين ولا كانوا غائبين في الأحداث التي عاشها الحوض المنجمي منذ سنتين وكاميرا مراسل قناة الحوار المتهمة بالتحريض على الاضطرابات والمودعة بالسجن وفق هذا الإتهام شئنا أم أبينا دخلت التاريخ التونسي تحت الهالة المستحقة والسند التاريخي لأرواح قادتنا النقابيين، أما أن يكون هناك إجماع أو لا يكون بخصوص الأغراض السياسية المنسوبة لهذه الكاميرا فذاك ليس من شأن العدالة أو القانون إلا إذا سيسنا القانون والعدالة وأما أن تتناسب هذه الكاميرا مع شق من التونسيين وتزعج شقا آخر، فالعدالة فوق الجميع ولا يمكنها أن تنحاز لشق على حساب الآخر حتى تعاقب هذه الكاميرا ولكن إذا ارتأى الشعب أن يجعل منها مدعاة فخر شأنها في ذلك شأن الملحمة العمالية للحوض المنجمي، فبالتأكيد يتوجب على الكاميرا أن تمثل أمام العدالة ولكن ليس في قفص الإتهام بل كشاهدة وربما كلسان دفاع أيضا. ويكفي أن تتفضل العدالة فقط بمناداة الذاكرة التونسية لتصبح الكاميرا في المقام الذي يخولها الدفاع بنفسها عن نفسها وطلب التبرئة للمتهم وإخلاء السبيل في هذه القضية لأن القانون الذي يعاقب التاريخ الوطني وشرعية النضال الإجتماعي يضر بالمواطن والقاضي على حد السواء وبالتالي فإن ضمير حشاد لا يمكن أن يسجن لسبب وجيه وهو أن ذلك الضمير لا يقاضى
في أماكن أخرى وتحت سماوات أرحب، حكمة الشعوب والأمم سواء في قمة الهرم أو القاعدة ما كانت لتخص هذا الصحفي المستقل بمهانة كهذه التي ذاقها في ربوع الوطن، كان يحضى بتقدير يكون للعرفان فيه وجه أفضل، وكان ينال الأوسمة والجوائز ويتوج لما تميز به في خدمة الوطن ومهنة الصحافة بل وفن التوثيق أيضا لأنه ، حتى وإن رأت السلط السياسية والقضائية عكس ذلك، لا يقل فضلا عن كتاب الحوليات التاريخيين الذين وثقوا لمختلف حلقات النضال الاجتماعي سواء كان التوثيق أثرا فنيا أو صورة لواقع معاش فالفنانون والمؤرخون والكتاب والصحافيون استثمروا جميع أشكال التعبير فيما اصطلح على تسميته بالشهادة الإجتماعية وحين نذكر هذا المصطلح لا نستثني ضمن خصوصياته الأساسية حق الذاتية والإنحياز فالشعب يصرخ ولكنه لا يكتب ولا يصور أفلاما وليس له مجال يسمح له بتخليد صوته لأن هذا الأمر ليس من أولوياته ولا من مشمولاته بل هو مناط بعهدة الذين يملكون الأدوات اللازمة لذلك والوقت إلى جانب القناعة بأن هناك فترات بارزة في تاريخنا لا يمكن هدرها، فرص الخلاص العام ، حتى وإن كان بعد الفطنة السياسية أو غيابها كليا لا يؤيد هذه الحقيقة، اللحظات التي لا تقبل العمى ولا الصمم أو الخرس لأنه من ناحية بدون وثيقة تجسد الحدث وتعطيه بعدا ماديا في الفترة التي تلي الحدث فإن تاريخ الشعوب محكوم عليه بالفناء و النسيان ومن ناحية أخرى بدون وقوف الشاهد جنبا إلى جنب مع الفاعلين المباشرين في الحدث وبدون اضطلاعه أيضا بدور الناطق بلسان الفاعلين فإن ذلك التاريخ لن يكون له ورثة وقرطاج كما يراها المؤرخ تاسيتس ليست قرطاجنا كما أن ماضي العرب بدون عيون ابن خلدون ما كان ليجد له فينا من وارث

هذا يعني أن العدالة التي تسلخ بوكدوس وأداة تصويره من سياقهما ترتكب خطأ السهو في شأن الشعب وحق الشعب المشروع في توثيق صوته وتاريخه ولو استندنا لتاريخ الشعوب الأخرى وذكرنا على سبيل المثال مارسيل كامي وجان رونوار ومارك هارمن ، من بين أسماء عدة على قائمة الكاميراوات العمالية الأممية فإن الملاحظة الأولى التي تستوقفنا هنا هي أن لا أحد من هؤلاء كلهم تم جلبه أمام المحاكم أو تعرض لأدنى لوم أو تأنيب بسبب كونه مثل جزءا لا يتجزأ من النضال التاريخي العمالي ونفس الملاحظة تنطبق في مجال التوثيق الأدبي. ففيكتور هيجو يدرس في العالم أجمع وفي بلادنا كرائد للنص الإجتماعي، قصيدة أو رواية، يشجب الحيف والإقصاء ويسمي بلا لف أو دوران فاعليه السياسيين وشاهد "الكهوف في ليل" أو كاتب "البؤساء" ،حتى وإن لم يكن من المتعاطفين مع الكمونة، أو رفض الإنخراط في هذه الحركة، يعد شاهدا ملتزما وغير محايد فيما عاشه من أحداث القرن التاسع عشر بفرنسا. وزولا بدوره ماكان ليكتسب من الشهرة ما اكتسب لولا "جارمينال" أبرز عناوين الأدب الإجتماعي، وما كان لزولا أن يخط سطرا واحدا في هذه الملحمة العمالية لو لم يكن قلبه مع العمال. وليس أدل على هذاالتلاحم بين الشاهد المبدع الذي كان صحافيا في بداية مسيرته مع القلم والفاعلين على الركح العمالي من تلك الحشود العمالية التي وقفت بالآلاف في موكب دفنه وهي تهتف: " جارمينال، جارمينال" وكأن الأثر الأدبي الذي صور ملحمة عمال المناجم بفرنسا قد طفا في تلك اللحظة بالذات على غيره من العناوين -وكم كانت عديدة- التي خلفها إميل زولا. وردا على هتاف تلك الجماهير، قال أناتول فرانس وهو يؤبن الكاتب: لقد جسد لحظة من الوعي الإنساني
الفاهم بوكدوس يجسد بدوره لحظة من ذات الوعي وهو حي بيننا بل أكثرنا حياة مع كل ما يكتنف صحته من مخاطر، فهو الشاهد على جارمينال تونس الذي خرج من أحشاء الوطن والمناجم وليس من مخيلة فنان أو مفكر، وهذا الشاهد لا يطالب بتكريمه كمن سبق ذكرهم ولا بنيل تشريفات أخرى تقر له وهو حي بنبل النضال والأداء الصحافي ولكن ليس أقل أحقية بالتكريم والتشريف لأنه يجسد هذا النضال المشروع حتى وهو في السجن، نضال يستند في قداسته لتاريخ الصراعات العمالية التونسية منذ انطلاقتها مع المرحومين محمد علي وفرحات حشاد

وإذا أبت السلطة أن تقر بهذا الواقع فعليها أن تذعن على الأقل لرأي العقل البشري. حين توضع أمام خيار الحياة أوالموت المؤجل لمواطن ليس أمامها حل وسط لتفادي معضلة القرار. الخيار الأوحد المشرف والعادل هو إطلاق سبيل الفاهم بوكدوس ولا نجاة بدونه

أ.عامري
2010.07.22

مترجم

النص الأصلي بالفرنسية




Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

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