samedi 29 juin 2013

Lafif Lakhdar: un cri de détresse aux Tunisiens

Citant pour source Assafir (quotidien libanais), la page électronique d'Assabah News a annoncé, il y a quelques heures, la mort par suicide de Lafif Lakhdar, intellectuel franco-tunisien vivant à Paris. La nouvelle, relayée sur les réseaux sociaux, ne serait qu'une intox, le frère de l'intellectuel l'ayant démentie dans l'après-midi sur les ondes de Mosaïque Fm.

Autant nous nous réjouissons que Lafif Lakhdar soit toujours en vie, autant nous nous inquiétons pour son état de santé qui, contrairement aux derniers propos rassurants de son frère, semble alarmant.

Rappelons que cet intellectuel, physiquement amoindri par une maladie paralytique, est poursuivi depuis dix ans par la calomnie des fanatiques religieux qui nous gouvernent.

En 2003, la maladie de Parkinson a frappé Lafif Lakhdar, le privant de la motricité des mains et le rendant incapable d'écrire. La même année, l'intellectuel a subi de surcroit une campagne de dénigrement orchestrée par Rached Ghannouchi, laquelle l'a profondément marqué tout au long des dernières années. Spécialisé dans le débat touchant la réforme du religieux dans le monde arabo-musulman, Lafif Lakhdar a été incessement un fervent défenseur de la laïcité et, tout naturellement, un ennemi juré du fanatisme religieux. Cela n'était pas sans susciter la colère de nos "saints" islamistes qui l'avaient accusé -sur de simples présomptions- d'être l'auteur du livre "L'Inconnu dans la biographie du Prophète". Jugé comme œuvre impie, ce livre est paru en 2003 sous le pseudonyme Dr Makrizi. Comme la maladie de Lafif Lakhdar est survenue justement au lendemain de cette publication, la coïncidence devenait une aubaine inespérée pour Rached Ghannouchi! Ce dernier ne pouvait voir dans un tel malheur qu'un acte de justice immanente, la main ayant profané la mémoire du Prophète, selon le cheikh imbu de sa sainteté islamiste, a été paralysée par Dieu châtiant dans l'immédiat " le mécréant".

Tout récemment, Lafif Lakhdar a dressé un vibrant appel au peuple tunisien, dont l'extrait ci-dessous traduit par moi-même:

"Citoyens, lecteurs, intellectuels,
Je vous lance cet appel pour vous demander de me soutenir, tous unis, contre la pieuvre Ennahdha et son appareil de diffamation médiatique. Cette machine est spécialisée dans le génie de la fabrication des fatwas diaboliques autorisant l'effusion de sang des innocents. Par le passé, le chef d'Ennahdha a donné sa bénédiction à la mise à mort de Sadate. Et aujourd'hui c'est ma mise à mort à moi qu'il bénit. Demain ce sera le tour de tel ou tel parmi vous. Car le terrorisme est à l'image du dieu païen Marduk qui ne peut être assouvi que buvant le sang des victimes à même leurs crânes.
Citoyens, lecteurs, intellectuels, aidez-moi, moi le pauvre paralysé par la maladie, pour faire face à une pieuvre politico-religieuse disposant de l'argent et des nervis assoiffés de mon sang. Ils ont hâte de voir ma mort par assassinat sur mon lit de malade."

Ci-dessous l'extrait dans sa version arabe

أيها المواطنون والقراء والمثقفون

أناديكم لتقفوا بجانبي وقفة رجل واحد في وجه أخطبوط "النهضة" وجهاز تضليلها الإعلامي المتخصص في فن صناعة الفتاوى الكاذبة واستحلال دماء الأبرياء. بالأمس استحل رئيسها راشد الغنوشي دم الرئيس السادات واليوم يستحل دمي وغداً دم أي واحد منكم ؛ فالإرهاب يشبه ذلك الإله الوثني "مردوخ" الذي لا يشفي غليله إلا شرب الدماء في جماجم ضحاياه.
أيها المواطنون والقراء والمثقفون، ساعدوني ، أنا الفقير الذي شله المرض ، ضد اخطبوط سياسي – ديني يملك المال والرجال العطاشي لسفك دمي والمستعجلين لموتي بقتلي على فراش مرضي



A. Amri
29 juin 2013

vendredi 28 juin 2013

Faites-moi taire ces médias qui ne savent dire à Morsi merci

Le président égyptien Morsi et ses hommes de main islamistes n'entendent pas laisser les médias prendre part à la campagne de rébellion prévue pour le 30 juin 2013.

Jeudi 27 juin, alors qu'il était en direct sur le canal Pharaons TV Taoufik Akacha (au centre sur la photo collage ci-dessous), opposant fondateur du PEN (Parti égyptien nationaliste) et journaliste président du Conseil d'administration de ladite chaine est obligé d'interrompre la diffusion et prendre la fuite, son plateau étant investi par les nervis de la confrérie islamiste. La chaine n'émet plus depuis cet incident, ce qui veut clairement dire que le pouvoir de la confrérie l'a purement et simplement bâillonnée.

Peu de temps avant que ce média ne soit attaqué, Taoufik Akacha a mis en garde contre l'imminente arrestation de plusieurs journalistes et animateurs de télés dont, outre lui-même, Youssef Al-Housseyni, Lamis Hadidi, khairy Ramadhan, Mahmoud Saâd, Mouna Chedhli, Amrou Adib et Bassem Youssef.

Cette action muselant un symbole de l’opposition et les menaces visant en général l'information et la liberté de presse en Égypte ne nous surprennent pas, le fascisme islamiste ayant déjà menacé de somaliser l'Egypte en cas de chute de Morsi. Néanmoins, tout en ôtant au pouvoir la dernière feuille de murier par quoi il tentait de couvrir sa nature foncièrement antidémocratique, ces "signes cliniques" indiquent clairement que ce pouvoir est d'ores et déjà agonisant. Désavoué autant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur, confiné dans son réduit confrérique impopulaire, sans autre arrière-garde que les milices des Frères musulmans, s'il espère assurer un semblant de survie par des fuites en avant, censure et répression dans tous les azimuts, il se trompe grossièrement. Cela n'a pas réussi à Hosni Moubarek en son temps. Il n'y a pas de raison de penser qu'il en sera autrement pour Morsi. Tôt ou tard, celui-ci connaîtra un sort identique, peut-être à un prix en vies humaines plus élevé, mais subissant les retombées de la même répression, du culte de soi et de l'attachement tyrannique au pouvoir.

A. Amri
28 juin 2013


Ci-dessous la dernière apparition à la télé de Taoufik Akacha:
http://youtu.be/7Tka23CMEjU

dimanche 23 juin 2013

Tunisie: aux surdoués de la médiocrité leur peau d'âne aussi

Ci-dessous le relevé de notes d'un candidat au bac tunisien non admis à la session principale mais jugé
admissible quand même. Avec un peu de chance, si cet ajourné peut rafler quelques points supplémentaires en session de contrôle il sera bachelier en bonne et due forme dans une dizaine de jours. Avec tant de cas similaires pouvant être repêchés à la faveur d'un système qui prend en considération les notes obtenues au cours de l'année, cet élève dont la moyenne effective ne dépasse pas les 5 et poussière sur 20 pourrait décrocher son bac quand même. Il rehaussera, alors, les statistiques de réussite nationale, pourra s'inscrire à l'université et "réconfortera l'image de marque" de notre enseignement supérieur dans les années à venir!

Pour rappel, rien qu'à l'échelle du continent africain cette image est des plus triste. Elle ne vaut pas mieux que le présent relevé de notes. Le classement 2013 des 100 meilleures universités africaines nous attribue (pour l'Université de Manouba, fleuron de nos universités) la 70e position.

Fut un temps où les diplômes tunisiens étaient reconnus au monde entier pour leur valeur respectable incontestée. Ce qui valait à la Tunisie de rayonner non seulement sur le continent et le monde arabe mais sur la Méditerranée et au-delà. Comme l'attestent les légions de nos universitaires et diplômés dans diverses spécialités, travaillant un peu partout au monde, dans les universités, les centres de recherche, la NASA, les hôpitaux, etc. De même que le nombre de nos enseignants en coopération à l'étranger.

Fut un temps où l'enseignement tunisien, et c'était incontestablement l’œuvre de Bourguiba au lendemain de l'indépendance, produisait l'intelligence authentique qui dotait le pays de ses meilleurs cadres, mais aussi de ses armes les plus puissantes contre l'obscurantisme, le fanatisme, le fatalisme, le nihilisme...

Aujourd'hui, si tant de tares contre lesquelles notre peuple était prémuni par le passé menacent de rendre méconnaissable la Tunisie, c'est que l'enseignement, à l'image de cet éloquent relevé de notes, peut consacrer la médiocrité au même titre que l'intelligence. Et quand la médiocrité postule sa place à l'université, pourquoi s'étonner que nous soyons "lanterne rouge" dans tel ou tel classement de nos institutions universitaires? Pourquoi s'indigner que nous soyons gouvernés par des nuls? Pourquoi juger scandaleux qu'un Bouchlaka ne sache pas les rudiments de la géographie concernant son propre pays ou le monde? Pourquoi reprocher à un Jebali ou une Toumi de charcuter une langue étrangère, alors que ni l'un ni l'autre ne font guère mieux parlant leur langue maternelle? Et pourquoi s'indigner que notre État nomme ambassadeur en Libye un mécanicien n'ayant même pas la moindre peau d'âne, fût-ce en sa spécialité, la mécanique?

Détourné de sa vocation de base, éducative, constructive, formative, saigné à blanc par tant de réformes importées et se révélant incessamment inadaptées, tant de politiques politiciennes privilégiant des fins quantitatives au détriment de la qualité, tant d'expurgations l'amputant de sa dimension émancipatrice, résidant en l’occurrence dans l'enseignement de la philosophie et des langues vivantes, l'enseignement tunisien est au bord du précipice, s'il n'est pas déjà au fond. Et cela rajoute aux plaies qui nous écœurent, l'incurie de ce gouvernement ne permettant d'augurer rien de bon pour y remédier.

A. Amri
23 juin 2013

mercredi 19 juin 2013

Ce 30 juin 2013: le cataclysme qui terrifie les Frères Musulmans

Ce 30 juin 2013, le monde entier aura les yeux tournés vers l’Égypte.
D'ores et déjà, à en juger par ce que nous voyons sur les télés égyptiennes et ce qui se répand sur Internet, il semble que le compte de Morsi et des Frères musulmans s'annonce "bon". Néanmoins, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant que celui-ci ne soit abattu. C'est ce que recommande la vieille sagesse des peuples et des nations.

Si le mouvement de rébellion prévu de grande envergure réussit à emporter Morsi et faire chuter le pouvoir
des Frères, il va de soi que les répercussions d'une telle victoire pour les partisans d'une alternative progressiste et démocratique ne se limiteront pas aux frontières égyptiennes. Les Frères tunisiens en pâtiront à leur tour, non pas parce que l'état-major de leur confrérie se trouve au Caire mais parce que leur propre pouvoir, assez essoufflé en Tunisie, sera incapable d'absorber les rejaillissements d'un tel choc à l'intérieur du pays.

Autre partie devant pâtir de telles conséquences: le Hamas.
Le gouvernement de Gaza a commis par le passé une première erreur en se positionnant contre le régime syrien alors que celui-ci abritait et soutenait la direction du mouvement depuis de longues années. Et il récidive récemment en prenant fait et cause pour Morsi et les Frères en Egypte. Cet engagement du Hamas coûtera cher à Gaza car d'ores et déjà l'armée égyptienne a choisi son camp, et la chute de Morsi aura des retombées davantage graves sur l'avenir des relations entre Gaza et l’Égypte. Par ailleurs, quelle que soit l'issue du 30 juin, il sera difficile au Hamas de redorer son blason aux yeux d'une bonne partie des peuples arabes, qu'il s'est mise en la circonstance sur le dos. En sortant de la neutralité vis-à-vis de ce qui se passe en Syrie et en Égypte, le mouvement islamiste palestinien s'est brûlé et a dilapidé le capital de sympathie gagné à la faveur de la résistance contre Israël.

Ces retombées n'épargneront pas non plus les rebelles en Syrie ni les pays impliqués dans le soutien aux islamistes.

En fait, pour autant que le 30 juin tienne ses promesses, l'effet domino que nous avons vu au lendemain du 14 janvier 2011 risque de se reproduire dans le sens inverse. Les Égyptiens, un peu dépités d'avoir été suiveurs, et non meneurs de jeu, dans la première manche du Printemps, rêvent de reconquérir le rôle de défricheurs pour la deuxième manche dont on verra l'issue cet été.

A. Amri
19 juin 2013

lundi 17 juin 2013

Weld 15: deux ans de prison pour une chanson


En 1960, 121 intellectuels, universitaires et artistes français signent un manifeste appelant à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Le manifeste intervient au moment où s'ouvre à Paris le procès du réseau Jeanson, groupe de militants pour la plupart communistes soutenant le FLN.
De nombreuses voix d'extrême-droite s'élèvent aussitôt, demandant que "les traîtres", dont Jean-Paul Sartre, soient inculpés. De Gaulle alors au pouvoir, et malgré la haine notoire que lui voue Sartre, pour prévenir une action de la police contre le philosophe incarnant les nouvelles Lumières de la France décrète qu' « on n’emprisonne pas Voltaire ».

Huit ans plus tôt au même pays, un brûlot anarchiste traitant les gendarmes de "vaches", "guignols", "lourdauds", et allant jusqu'à leur dénier les attributs virils, n'a suscité aucune action en justice contre son auteur Georges Brassens. Et pas la moindre censure n'a frappé à ce jour la chanson, dans les démocraties dignes de ce nom l'artiste ayant ses droits à la libre expression autant qu'à l'indulgence.

Je ne voudrais pas insinuer ici que la France soit un exemple parfait en la matière. Néanmoins en ce qui concerne la lourde peine de prison prononcée récemment contre le jeune rappeur Weld 15 pour propos insultant la police, je pense que le pouvoir et la justice dans notre pays gagneraient à être plus indulgents à l'égard des artistes, des intellectuels, des voix libertaires. Plutôt que de l'être, et malgré les incessants cris des citoyens, vis-à-vis de fascistes appelant au meurtre et à la guerre civile.
C'est d'autant plus juste que notre pays s'est soulevé contre la dictature, contre la répression, contre les lois liberticides. Et c'est aux jeunes qui s'étaient immolés pour la liberté, et non à ceux qui sont aux pouvoir, aux jeunes qui ont payé de leur vie la chute de la dictature que nous devons le 14 janvier. Quoi de plus légitime, donc, pour la jeunesse vivant aujourd'hui que d'aspirer à plus de liberté et moins de répression?

A. Amri
17 juin 2013

dimanche 16 juin 2013

Crimes jihadistes en Syrie: plus de 60 chiites massacrés

Ces images, triées parmi les moins choquantes -il faut bien le souligner car, hélas, il y a pire*, illustrent les derniers "exploits héroïques" en Syrie du Front de Nosra et son alliée sur le terrain l'ASL.

En date du mardi 11 juin 2013, un bataillon composé de près d'un millier d'hommes armés a attaqué en plein jour le village de Hatla à Deir Ezzor, localité chiite située à l'est de la Syrie et tenue par les rebelles.
En réaction à la reprise par l'armée régulière de la ville d'Al Qousseir il y a quelques jours, les assaillants se sont livrés à une vendetta digne d'un chef-d’œuvre cinématographique de Hollywood. Une action de représailles contre une population civile censée placée sous leur protection, dans laquelle plus de 60 personnes ont trouvé la mort. D'après les récits et les documents vidéos publiés sur le net, la barbarie des jihadistes dépasse la fiction.

Pêle-mêle des vieillards, des femmes, des jeunes et des enfants, dont des bébés, ont été tués dans ce carnage d'épuration confessionnelle, les uns à coups de feu, les autres par égorgement ou à coups de hache comme en témoigne le collage de photos ci-dessous.
Cette boucherie absurde motivée par la seule haine du genre humain qui ne soit pas sunnite, cet inqualifiable crime contre l'humanité semble jouir, hélas, de la complaisance criminelle des officiels et leurs médias aussi bien en Occident que dans les pays arabes dirigés par les islamistes.

Sur quoi cette accusation serait-elle fondée? me dirait-on. Sur le simple fait que depuis le temps que ces crimes font la triste gloire des jihadistes, documentés par leurs caméras et publiés sur le web, rien n'a été entrepris pour arrêter (ni en Europe ni dans les pays arabes) le départ de recrues jihadistes vers la Syrie. L'implication de la Belgique dans ce "jihad par procuration", récemment révélée sur des journaux électroniques, les dernières déclarations d'Obama laissant entendre que les USA livreraient prochainement des armes aux rebelles en Syrie, le mutisme total des régimes islamistes sur les crimes des jihadistes et le soutien de leurs partisans sur les pages des réseaux sociaux, autant d'indices sont à ce propos accablants.


A.Amri
Juin 2013



* Ci-dessous les liens de deux vidéos dont la première, expurgée d'une scène insoutenable, peut et doit être partagée pour déjouer les complots du silence à ce sujet. La deuxième par contre, et il faut le souligner, n'est pas recommandée aux âmes sensibles.
A noter que les deux vidéos font partie de la triste "propagande" jihadiste.


http://youtu.be/mSoZDay5Eaw

http://youtu.be/g7DKAXD9ma8

mardi 11 juin 2013

Mohammad Qataa, un Gavroche d'Alep

Il a juste 15 ans, et ils l'ont tué quand même.
Mohammad Qataa, un petit Gavroche d'Alep qui sillonnait au quotidien les rues
avec son "mini café ambulant": une théière, une cafetière et une boite à sucre. Un petit "kahwaji" comme tant d'autres dans la jungle arabe, condamnés par la misère à devenir adultes sitôt sortis de l'enfance et se battre comme ils peuvent pour gagner quelques sous.
Ce damné de la terre n'avait que 15 ans et pouvait même s'estimer "opposant" si l'on en juge par la photo sur laquelle on le voit au milieu des manifestants quand la révolte syrienne était encore pacifique.

Et ils l'ont tué quand même, les fous d'Allah!
Aucun égard pour son visage et son âge d'enfant. Aucun égard pour sa pitoyable condition. Aucun égard non plus pour les pleurs et malheur de ses parents. Aucun égard chez les fous d'Allah!
Ils l'ont tué parce qu'il aurait proféré des "propos blasphématoires", alors que la réalité est tout autre. Mohammad Qataa a été tué pour avoir refusé de servir un café gratuit à un "cow-boy" islamiste.
"Personne ne peut rêver d'obtenir de moi cette faveur", a-t-il dit au jihadiste du racket imbu de son autorité et son droit. Et pour être plus persuasif, il a ajouté:" pas même le prophète Mohamed en personne s'il revient pour me réclamer un café gratuit!"

Cela s'est passé à Alep le samedi 8 juin. L'adolescent a été capturé sur-le-champ et conduit par une milice de Nosra. Vraisemblablement, il a été battu et torturé durant la nuit. Et le lendemain sur une place publique et en présence de ses parents, malgré les implorations de la pauvre mère il a été exécuté de deux balles avec un fusil automatique.

D'après les témoins, les bourreaux ont un accent, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas syriens. Le sang de cet enfant rejaillira sur tous les criminels des pouvoirs islamistes, qu'ils soient à Tunis, au Caire ou à Doha. Car les véritables maitres des hautes œuvres jihadistes en Syrie sont les Frères musulmans et leurs électeurs dans les pays du Printemps arabe.

A. Amri
11 juin 2013

mercredi 5 juin 2013

L'heure et sa valise (poésie)

Dépose sur mon épaule ta tête
Et laisse mon sang résorber tes peurs
Oublie les affres de la nuit, le temps
Le vent qui mugit, l'heure et sa valise
Oublie les soupirs profonds du matin
Quel jour fera à la maison demain
Les nuages, les éclairs, les orages
La grosse tempête que l'on prévoit
Oublie l'ombre arpentant le désert vide
La gouttière esseulée et ses hoquets
L'accueil du miroir que ternira l'aube
Et l’œil embu qui s'en détournera

Vide ton verre Douceur de mon cœur
Et
sers-moi de tes douceurs un hanap
Bois encore et ne te soucie de l'heure
Catin qui dessoule et dessille les yeux

Quand fort repus enfin les sens voudront
Reposer ta tête sur ma poitrine
Plisse en douceur les cils, ferme les yeux

Et couvre-nous douillettement dedans
Les longs hivers, les ans, les temps, les âges
Tant que tu couveras au chaud l'amour
Sous le duvet d'aile de tes paupières
Tant que la relique de cet instant 
Dans ton sein aura autel et prières
Jamais ne disposeront du mektoub
pour en écrire sans nous l'épilogue
Tôt ou tard vers ta tête qui l'attend
L'absent reviendra donnant son épaule




A.Amri
05.06.13

Première mouture: années 1980
Inédits de déni

mardi 21 mai 2013

Moudhaffer Ennawab: Au vieux bistrot

Né à Bagdad en 1934, Moudhaffer Ennawab a connu une vie tumultueuse en raison de l'oppression politique dans son pays. Après la fin de ses études universitaires, il a été nommé inspecteur d'enseignement, poste qu'il a occupé durant cinq ans. En 1963, les rivalités entre nationalistes (au pouvoir) et communistes (dans l'opposition) battant leur plein, Moudhaffer Ennawab, communiste, est contraint de fuir Bagdad vers la ville d'Ahvaz en Iran. Mais les hommes de la Savak ( service de renseignement de l'Iran entre 1957 et 1979) le capturent et l'extradent vers Bagdad.
C'est alors que commence pour le poète un long calvaire qui durera près d'un demi siècle. Condamné à mort par les tribunaux des nationalistes au pouvoir, grâce aux multiples démarches de sa famille et ses amis Moudhaffer Ennawab a pu bénéficier d'une commutation de peine: la prison à perpétuité. Incarcéré d'abord à la prison de Bagdad, il est transféré ensuite vers une prison au sud de l'Irak. C'est un vrai bagne où le poète passe plusieurs mois puis, toujours à la faveur de démarches parentales, on le ramène vers sa première prison où il peut recevoir la visite des proches et des amis. Mais le prisonnier ne se contente pas de cette faveur qui l'a rapproché des siens, ne se résigne pas à attendre que la mort le délivre de la prison à vie. Avec des amis eux aussi communistes, Moudhaffer Ennawab réussit un exploit épique: durant plusieurs semaines, le groupe creuse un tunnel sous la prison et réussit à s'évader.
Recherché, Moudhaffer Ennawab se plie un moment à une discipline quasi "carcérale" pour vivre dans la clandestinité à Bagdad. Mais il a le sentiment qu'il n'est pas encore sorti de la prison. Il quitte alors la capitale pour aller s'installer à Ahwar au sud de l'Irak, où l'étau des recherches policières moins serré lui permet de jouir d'une relative marge de liberté.

En 1969, les opposants emprisonnés bénéficient d'une amnistie et Moudhaffer Ennawab réintègre son poste d'inspecteur. Néanmoins, le poète a besoin de liberté pour s'exprimer et donner libre cours à sa verve d'auteur engagé; il s'expatrie alors pour aller vivre quelque temps à Beyrouth.  Puis à Damas. Ensuite, il part en Europe pour mener une vie de bohémien entre l'Espagne et la France. Vers 2005, il revient à Damas. Et six ans plus tard, il rentre à Bagdad.

Le poème en prose traduit sur la vidéo ci-dessous est conforme au texte oralisé par le poète mais varie légèrement de la version publiée dans ses recueils. Moudhaffer Ennawab a écrit ce texte alors qu'il vivait entre l'Espagne et la France, vraisemblablement aux années 80. Le mal du pays, la misère affective et l'ivresse sont des thèmes récurrents chez le poète. Et ce texte trempé de vin et de sensualité se lit tantôt comme l'épanchement d'un cœur aviné, tantôt comme la confession d'un damné en quête de salut (dans les paradis artificiels), mais incapable d'y parvenir, la soif étant inextinguible, l'appétence charnelle constamment exacerbée et le poète sirotant à tous les bars sans jamais se souler!
A. Amri
21.05.2013



Cette vidéo est disponible pour le partage sur Youtube.


dimanche 19 mai 2013

Salafs ou Menefs?


Aujourd'hui parallèlement à l'arrestation de plusieurs salafistes à Kairouan, le ministère de l'intérieur fait état de l'arrestation d'Amina Tyler alias Amina Menef, alors que celle-ci s'apprêtait, nous dit-on, à faire une parade torse nu en ville, en défi aux salafistes Ansar Acharia (Partisans de la Charia) qui devaient tenir leur 3e congrès à Kairouan.

Je ne suis pas un inconditionnel des "menefs" ni n'apprécie cet exhibitionnisme importé d'outremer dans notre pays, qui peut très bien se défendre là où il est né, avec le mariage gay entre autres "luxes" de décadence morale, mais pas dans un pays arabo-musulman en révolution, d'autant que cette forme de "résistance politique" ne profite qu'aux ennemis de la démocratie.

Mais lorsqu'on se pose la question:" depuis quand les menefs font-elles parler d'elles en Tunisie?" La réponse que chacun sait se passe de commentaires.

Tant que les Salafs étaient terrés, invisibles, absents, il n'y avait pas une seule tunisienne qui osait cet excentrisme pas du tout nôtre, et peu de Tunisiens en général y souscrivaient lorsqu'ils en voyaient des manifestations en Occident rapportées par les médias locaux ou étrangers. Le nudisme intégral ou partiel dans des lieux publics est une flagrante atteinte aux valeurs morales partagées par l'ensemble des Tunisiens. S'il y a quand même des exhibitionnistes convaincus qui veulent se montrer dans le plus simple des appareils, ils n'ont qu'à s'affilier au club Med où sa plage, semble-t-il, n'accueille que les adeptes du nudisme intégral.

Je ne suis pas un inconditionnel des "menefs" ni n'apprécie leur exhibitionnisme qui, à part son côté provocateur de mauvais goût, ne peut rien donner de positif à une Tunisie qui se bat contre le puritanisme islamiste.
Pourquoi, me dirait-on?
Parce que les salafistes, les islamistes, les obscurantistes prétextent incessamment de la graine pour crier à la gangrène. Amina Tyler qui ne représente qu'elle-même ou, à la rigueur, une petite poignée dans la société tunisienne, quand les islamistes la montrent du doigt ils ne s'embarrassent pas de la mettre dans le cadre qui serve le mieux leur projet fasciste: elle est laïque et elle a le soutien des progressistes. Ce qui est un vulgaire mensonge visant à discréditer tous ceux qui s'opposent à leur projet.

De la petite graine ils font une coupole: adage tunisien من الحبة ايدوروا قبة qui illustre la manifestation organisée à Kairouan aujourd'hui quand on appris ce que Amina Tyler comptait faire. Et dire qu'hier seulement, les Kairouanais se montraient enthousiastes pour chasser de leur ville les salafistes squattant dans les mosquées.

Le meilleur allié du puritanisme et du fascisme est la permissivité tous azimuts, l'excentrisme provocateur qu'adoptent ces soi-disant "militants" irresponsables, se comptant sur les doigts mais pouvant nuire considérablement au véritable combat pour la démocratie.

A. Amri
19.05.2013

samedi 18 mai 2013

« Dieu quel fracas que fait un Camarade qu’on abat » Par Tounès Thabet

                                     
« Un homme est mort qui n’avait pour défense
 Que ses bras ouverts à la vie
 Un homme est mort qui n’avait d’autre route
 Que celle où l’on hait les fusils
 Un homme est mort qui continue la lutte
 Contre la mort contre l’oubli »

                      Paul Eluard

Quand, sous les balles perfides, tu chancelas, notre cri d’orphelins déchira la cité, ébranla le monde. L’horreur de l’exécution nous jeta dans les rues. Quand les vautours ont volé ce chant d’amour de Nadhem Ghazali, devenu sur tes lèvres, hymne de résistance, un volcan est né qui emportera leurs hurlements hideux. À l’heure de l’adieu, s’envolèrent, vers toi, nos cœurs et nos chants. Nous te suivîmes dans cette ascension vers le mont des glorieux avec des slogans revendicateurs,  les mots d’amour tressés en gerbe pour orner ta demeure et les youyous, longue complainte, explosion de joie pour célébrer tes noces avec l’Histoire.

 Il n’y a aucun doute, c’est bien un meurtre, un crime organisé, prémédité et commandité par les « forces des ténèbres », les loups lâchés dans nos contrées, s’attaquant aux voix libres engagées dans ce combat vital contre l’intolérance, la violence et la barbarie.

 Il s’agit d’une exécu-tion à froid pour terroriser, faire peur, faire taire toute voix discordante et celle du « stentor » Chokri Belaïd, celui qui savait, si bien ciseler les mots percutants, les mots de feu pour dénoncer le projet immonde de museler les libertés fondamen-tales : « C’est une longue lutte historique qui continue entre, d’une part, une force rétrograde, passéiste, armée de sa culture de la mort, avec sa violence, sa négation de l’autre, sa lecture unique du texte sacré et, d’autre part, la pensée libre… » 

      L’ingérence forcée du religieux dans le politique gangrène le pays, le divise et écartèle les frères devenus ennemis. La chasse aux sorcières est lancée conte politiques, journalistes, artistes, intellectuels depuis plus d’un an, face à l’indifférence d’un gouvernement qui semble tolérer l’intolérable. Seule la société civile se démène, s’indigne, condamne. Les partis politiques progressistes ont beau protester contre ce fléau qui mine les fondements mêmes de la société, mais leur voix semble inaudible. Dialogue de sourds avec « les hommes de l’ombre » qui avancent brandissant sabres, discours incendiaires et mots infâmes : «  De tout temps, les lâches sortent la hache quand, à cours d’argument, ils sont réduits au silence. » (Ahmed Amri) 
Notre Camarade Martyr disait ses colères, sa révolte et sa contestation contre l’inertie d’une classe politique, davantage préoccupée par ses privilèges que par le sort d’un pays qui se démantèle. Il assénait ses mots de braise avec force et conviction et faisait trembler leur édifice chancelant. Les félons ont dégainé leurs armes et leur traîtrise pour s’attaquer à la citadelle de « la pensée qui plaide en faveur de l’humain, qui évolue, qui autorise la divergence dans la diversité, mais qui est régie par les vertus civiques, pacifiques, démocratiques. » ( Chokri Belaïd )
Leur projet était de terrifier afin de provoquer repli et désintérêt pour le fait politique, mais une vague de protestations et une houle de colère ont envahi villes et villages. Un élan de solidarité a balayé leurs certitudes butées. « Ils étaient mille et cent, ils étaient des milliers » à défier fumée âcre et brûlante des tirs de lacrymogène, froid et pluie à l’heure de l’adieu, à défiler, à crier colère, indignation et révolte : 

« Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi/
Nous le voulons aujourd’hui
         Que le bonheur soit la lumière
Et la justice sur la terre » (Éluard )   

Cette lutte acharnée, incessante pour les valeurs humaines nobles et universelles, la liberté de s’exprimer, de penser, de créer, le rêve commun d’enfanter un pays démocratique est l’offrande ultime du Martyr.

«  Il  est mort pour ce qui nous fait vivre
 Grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-le son espoir est vivant »  (Éluard)

Et même si « le retour des assassins », tragiquement annoncé par Aymen Hacen, semble se profiler, tout notre être se soulève pour éviter le déluge et faire barrage à la horde des loups.
Martyr, ton sang ne sèchera pas en entrant dans l’histoire, il nous rappellera, toujours, la foi inébranlable d’un indigné contre toutes les formes de l’injustice et de l’inégalité, cette lutte harassante pour la liberté : « Ce qu’ils visaient, à travers ta personne et ta stature, c’est le soleil qui incommode les yeux. » ( Ahmed Amri) 
Mais il n’y aura ni peur, ni abandon, ni capitulation, car à l’heure de l’adieu, d’autres camarades, d’autres amis sont sortis de l’ombre à ta place pour sceller ce pacte sacré de continuer le chemin torturé du combat. 


                                                                                                         Tounès Thabet                                                                                                          18.05.2013   



Du même auteur sur ce blog:

Au gré du flux
Fatah Thabet in memoriam
Ami, si tu tombes...
Quand les cheikhs prédicateurs appellent à l'asservissement des femmes

jeudi 16 mai 2013

Faraj Fouda: ils gueuleront contre la chanson, et le peuple chantera


"Ils gueuleront contre la chanson, et le peuple chantera. Ils gueuleront contre la musique, et le peuple n'en sera que plus mélomane. Ils gueuleront contre la comédie, et le peuple n'en sera que plus mordu de spectacles. Ils gueuleront contre la pensée et les intellectuels, et le peuple en deviendra livrophage. Ils gueuleront contre les sciences modernes, et les enfants du peuple demanderont à être instruits dans ces sciences.
Ils n'arrêteront pas de gueuler et l'univers sera assourdi de leurs gueulades. Puis des hauts-parleurs amplifiant leurs gueulades, des explosions de leurs bombes, du crépitement de leurs balles.
Néanmoins à la fin, ce sont eux qui subiront les contrecoups de leurs actes. Et ils seront chèrement rétribués quand tout le monde les aura vomis, rejetés en tout lieu, en tout lieu pourchassés sans répit."

Faraj Fouda, écrivain, chroniqueur, et militant des droits de l'homme.(1945-1992)
Traduction A.Amri
16 mai 2013

mercredi 15 mai 2013

عندما يكشر الجهاديون عن أنياب أكلة اللحوم البشرية


عندما ترك مهنة الطب وعائلته وبلاده الأرجنتين سنة 1955 ليلتحق بالمجاهدين الثوار في كوبا، كان غيفارا لا يخوض معركة إلا وحقيبته الطبية تتدلى من أحد كتفبه متلازمة مع بندقية المحارب الثائر.
وكان غيفارا مصابا بداء الربو وغالبا ما يتعرض لنوبات حادة وهو يحارب. غير أنه لم يكن يحمل الحقيبة الطبية لهذا السبب بالذات وغالبا ما يحتار رفاقه حين لا يجدون فوقه ضمن الأدوية المتنقلة أبسط مسكن لنوبات الربو.. إذ كل ما كانت الحقيبة تحويه لا يخرج عن مستلزمات طب الجراح تحسبا للإسعافات الأولية لجرحى المعارك. وكان غيفارا يؤثر على نفسه وحياته نجدة المحارب الجريح اينما أصيب.
وفضلا عن هذا، كلما استطاع غيفارا ورفاقه أن يتوغلوا في منطقة انسحب منها جند الأعداء غالبا ما كان يعثر الطبيب المحارب على جريح من صف هؤلاء الأعداء تخلت عنه كتيبته لأنه يشكل عبئا عليها في نقله عند الإنسحاب أو يعد ميؤوسا منه فيترك لرحمة السماء
كان غيفارا يتوقف عندئذ ويضع بندقيته جانبا غير مكترث بما قد يعرض حياته للموت في وضع كذاك. ثم يفحص الجريح بتأن ويقدم له أفضل ما عنده من دواء ويضمد جراحه ويسنده لأقرب شجرة في أفضل وأريح وضع ممكن.. يفعل غيفارا ذلك وكأن المقاتل الجريح الذي أسعفه ليس من الأعداء ولن يكون مجددا في صف محاربيه حالما يشفى ويقوى على حمل السلاح.. ولا يلتقط غيفارا سلاحه لمواصلة المعركة إلا بعد أن يكون قد أدى ذلك الواجب الأخلاقي على أفضل وجه في حق العدو الجريح..
غيفارا الشيوعي والملحد اكتسب حب البشرية في كل مكان بفضل هذا الخلق الذي يرقى لمرتبة الأنبياء، ناهيك أنه لم وقع في الأسر وهو جريح وأعدم، كل الذين رأوا صورة الشهيد شبهوه بالمسيح الصليب..

ورغم أن الإسلام في أصله يتبنى هذه الأخلاق والرسول(صلعم) كانت له مواقف مشهود بها في الرأفة بالعدو جريحا كان أم أسيرا، فإن صناع الموت الوهابي، صناع الحقد الإسلاموي لا يتميزون في أخلاقهم وأخلاق حروبهم بغير جرب الحقد والبربرية والسلوك الذي لا يمت بصلة لجوهر الإسلام وخلق رسوله. ولا عجب أن نشاهد بين الفينة والأخرى "أبطالا" من صنف الزرقاوي أمير الذباحين يفاخرون بما يندى له جبين الإنسان..مثل "صقر" المجاهدين في سوريا (انظر الفيديو على الرابط أسفله) آكل اللحوم البشرية..

لا عجب في ذلك لأن البربرية والجهل متلازمان..وحيثما نعق بالتكبير بوق إسلاموي إلا وتلا التكبير تكفبر وتفجير


أ.العامري
15 ماي 2013




النسخة الفرنسبة

Quand islamisme et cannibalisme deviennent frères de sang

Quand il a quitté sa famille et son pays l'Argentine pour rejoindre la guérilla cubaine en 55, Che Guevara -qui
était médecin- portait toujours en bandoulière sa mallette médicale, conjointement avec le fusil du guerrier. Guevara était asthmatique mais ce n'était pas pour cette raison-là qu'il ne se séparait jamais de sa trousse de médicaments. Souvent, on ne trouvait pas sur lui le moindre médicament pouvant soulager les crises de son asthme, le révolutionnaire "à la tête brûlée" délaissant tout ce qui est personnel pour être à même de mieux soigner ses compagnons de combat. C'était pour les premiers soins aux blessés qu'il réservait exclusivement sa mallette. Et au fur et à mesure que Guevara pouvait avancer avec ses frères d'armes sur le terrain cédé par l'ennemi, il n'était pas rare que le guerrier médecin découvre sur son chemin un blessé abandonné par le camp qui se retirait.

Guevara s'arrêtait alors, déposait son fusil, et au péril de sa vie se penchait sur le blessé pour l'examiner attentivement. Puis il le soignait du mieux qu'il pouvait, comme si tel blessé n'était pas dans le camp ennemi. Une fois ce devoir-là accompli, Guevara reprenait son fusil pour poursuivre le combat.

Guevara était communiste et athée. Et l'un des principaux ingrédients de son charisme à ce jour c'était cet humanisme exemplaire, cette morale de guerrier typiquement chevaleresque.

Alors que l'islam authentique prône le respect de l'ennemi, que le Prophète lui-même observait une conduite exemplaire à l'égard des blessés et des prisonniers de guerre, les zélotes jihadistes islamistes engagés en Syrie s'illustrent surtout par des  exemples de "valeurs guerrières" fondamentalement opposées à l'esprit des "salafs" dont ils se prétendent les dignes descendants. L'école "chevaleresque" islamiste qui a donné Ben Laden, Zarkaoui, les hordes de Nosra et Cie ne peut exceller que dans l'extrême atrocité; et elle se fout éperdument des préceptes de Dieu et son prophète quand elle fait la guerre.

On ne s'étonnerait pas, alors, que des Faucons jihadistes comme Khaled Al-Hamad alias Abou Sakr -ayant récemment acquis la triste gloire de "guerrier cannibale" (voir vidéo sur lien ci-dessous)- se délectent à manger devant la caméra la chair humaine. Non sans avoir dit auparavant "bismallah" (Au nom d'Allah) pour que telle nourriture reçoive la bénédiction de Dieu.

Pas étonnant, "l'industrie" wahabiste en matière de bourrage de crâne est capable de produire les pires monstres du genre humain.

A. Amri
15 mai 2013






Sur youtube:
Quand islamisme et cannibalisme deviennent frères de sang

Version arabe de l'article

mardi 14 mai 2013

Statue de la Liberté - Hafez Fares












Bonjour Palestine! 
Bonjour et bon espoir!
A toi, Ahmed l'Arabe
soldat de la plume
A toi
la Statue de la Liberté!


A Manhattan
au milieu des gratte-ciels
j'ai dressé ma tente
devant l'ONU
et dit à la Statue de la Liberté
dans la langue des signes:
 

Madame,
je suis venu vous voir
de Bethléem
pour inciser en lettres de sang

dans votre livre de fer
mon nom
dans l'espoir
que vous lisiez pour vos visiteurs
soixante ans et cinq en-sus
de calvaire


Hafez Fares
Traduction
A.Amri
14.05.2013


lundi 13 mai 2013

Le 14 mai 1948

"Nous devons exproprier en douceur. [...] Nous devons essayer d'attirer la population démunie au-delà des frontières en lui procurant du travail dans les pays de transit et en empêchant qu'elle puisse en trouver chez nous. [...]Le processus d'expropriation et le déplacement des pauvres doivent tous deux être accomplis avec discrétion et circonspection."                                                              
                                                                         Theodor Herzl,  Journal, 1895
1
                                                        

Vous avez dit indépendance ?

Le 14 mai 1948 fut proclamée
«l'indépendance» de l’État d'Israël.

«Indépendance» est en réalité un délire de mythomanes, un non-sens absolu, un mensonge grotesque qui donne à lire l’histoire à l'envers. Comment appeler indépendance la main-mise sur un pays, la consécration d'une occupation par laquelle le colon juif s'est substitué au Palestinien chassé de sa terre ? Comment appeler indépendance l'expropriation manu militari d'un peuple, l'extermination de sa résistance, réelle ou potentielle, armée ou pacifique, l'expulsion de ses survivants hors de leurs frontières, leur condamnation à végéter dans les camps de réfugiés et sur les chemins de l'exil ? Comment faire passer cette date consacrant le calvaire du peuple palestinien pour une fête ? la fête d'indépendance de l’État artisan dudit calvaire ? 
La Palestine de 1946 à 2013

L'entité sioniste qu'on disait bâtie sur « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » s'est fondée par la force des armes d'une bande de colonisateurs, immigrés des cinq continents, au détriment du peuple autochtone chassé de sa terre. Israël c'est la terre palestinienne multimillénaire1 occupée, judaïsée à petites parcelles, d'abord à travers les vagues d'immigration antérieures à 1948, ensuite par la proclamation de l’État sioniste, puis, de 1948 à nos jours, par de nouvelles immigrations2, d'incessantes expansions de colonies, d'interminables annexions de ce qui reste aux Palestiniens. Et ce reste ce sont des miettes de misère. De minuscules ilots de terre qui, tout en rendant non viable un éventuel État palestinien, risquent d'être engloutis un à un, dans les années à venir, par l'insatiable colonisateur israélien. Il n'est que de comparer sur les cartes ce que fut la Palestine en 1947 et ce qu'il en reste aujourd'hui.

Ce slogan creux « terre sans peuple pour un peuple sans terre »
n'est ni plus ni moins qu'une imposture historique, une pure galéjade que propageait, entre autres mythes servant sa pseudo-légitimité, l'entité sioniste. Comme les impostures d'Eretz Yisrael (Terre d'Israël)
3, de la terre promise4, du peuple juif, du peuple errant, etc. A quoi ajouter la « defamation »5 et le chantage à l'antisémitisme6. En un mot, «l'indépendance d'Israël» est tout simplement la Nakba7 des Palestiniens. Toute autre définition du 14 mai 1948 n'est qu'une fumée sorcière par quoi l'histoire et l'historiographie, mensongères, tentent de couvrir 70 ans de crimes sionistes, perpétrés dans l'impunité totale à l'encontre des Palestiniens.

Projets de Terres promises


Exode des Palestiniens en 1948
Historiquement, depuis le premier congrès sioniste tenu en Suisse en 1897 on avait maintes fois configuré et reconfiguré sur le papier l'Etat juif. Certes, l'occupation de Palestine figurait depuis longtemps non seulement dans les plans sionistes mais aussi dans les stratégies occidentales visant à affaiblir le monde arabe. En 1799, Napoléon Bonaparte y pensait dans son projet impérial, qui invitait les juifs d'Afrique et d'Asie « à se rallier sous ses drapeaux pour restaurer l'antique Jérusalem »8. Et bien avant encore, dès 1665 Shabbetai Tzvi déjà, juif turc se prétendant le Messie attendu par les juifs9,  appelait au renouvellement du Temple à Jérusalem. Mais la Palestine était encore loin d’émerger des configurations potentielles comme "terre promise" prioritaire, tant les projets embryonnaires étaient nombreux. Au premier congrès sioniste tenu en Suisse, en août 1897, près de la moitié des délégués rassemblés à Bâle étaient persuadés qu'un État sioniste en Palestine n'était pas réalisable. Parce que non viable dans un environnement arabo-musulman numériquement et géographiquement dominant, d'une part, et d'autre part parce que l’État sioniste projeté devrait avoir pour principal pilier la judéité10

Aussi Theodor Herzl,  fondateur du mouvement sioniste, avait-il

Projets d'Etat sioniste viable av.Balfour
songé d'abord à l'île chypriote, à l'Argentine, au Canada, à l'Irak, puis au Sinaï, pour y fonder l’État d'Israël11. En 1903, peu avant sa mort, il envisageait de renoncer complètement à la Palestine: la Grande-Bretagne lui avait proposé un territoire de 5000 km2 en Ouganda, et le souci de viabilité le fit accueillir favorablement cette offre12.

En 1934, soit 14 ans avant la création d'Israël, Staline offrait aux juifs de Russie
un oblast, c'est-à-dire une « région autonome juive». Et celle-ci fut créée sur une parcelle de l'URSS asiatique, le Birobidjan, à ce jour oblast autonome juif.13

Mais finalement, c'est Arthur James Balfour, qui, après avoir trié la bonne carte d'autant de "terres sans peuples pour un peuple sans terre" a retenu la Palestine comme "terre promise aux juifs".  Sa déclaration du 2 novembre 1917 dans une lettre adressée au baron Rothschild14, les Palestiniens en paient, du 14 mai 1948 à ce jour, les lourds et interminables frais.


Pour donner à "terre sans peuple" le crédit nécessaire au mythe
"Juifs errants" palestiniens
sioniste, il fallait que la Palestine fût nettoyée de ceux qui y vivaient depuis plus de 4000 ans: les Palestiniens. Et les sionistes n'avaient ménagé aucun moyen pour ce faire, au fur et et à mesure que le peuple élu de Dieu, aux quatre coins du monde errant, revenait vers "sa terre promise".


Massacres de Deir Yassine

Le 9 avril 1948, soit trente cinq jours avant la proclamation de l'Etat hébreu, il y eut Deir Yassine.

Quelque 200 sionistes armés de mitraillettes et d'explosifs, dirigés par le futur prix Nobel de la paix Menahem Begin, ont perpétré un massacre "exemplaire" destiné à assoir sur des bases solides le mythe de la terre sans peuple. En un seul jour, ce sont plus de 300 personnes qui ont été massacrées15, pour la plupart des enfants et des personnes âgées. Ce choix précis des victimes servait des visées on ne peut plus persuasives, destinées à faire fuir le maximum de Palestiniens16. Le même jour à Deir Yassine, 450 maisons ont été détruites. Et 750 personnes chassées de leurs maisons.
Clé à ne pas laisser tomber en déshérence
Le 9 avril 1948, ce fut le prélude à la Nakba et l'exil forcé de près d'un million de palestiniens, aujourd'hui devenus 5 millions de réfugiés dans les camps des pays voisins (Liban, Syrie, Jordanie)
et des territoires de Cisjordanie et Gaza.

C'est à ce prix-là -en attendant le dû à faire payer encore aux Palestiniens, que, le 14 mai 1948, Israël a proclamé son "indépendance".

 

A. Amri
13.05.2013




Michel Collon: Israël, histoire tissée de mensonges




La Nakba en photos


=== Notes ===

1- L'histoire des Palestiniens remonte à 12 siècles avant Jésus Christ. Depuis 3200 ans, cette parcelle de terre aujourd'hui appelée Eretz Israël (Terre d'Israël) s'appelle Palestine et appartient aux Palestiniens.

2- En fait, dès 1908, alors que la Palestine était province de l'empire ottoman, un premier kibboutzim (implantation juive) a été créé
par le Bureau pour Erets Israel à Degania. De 1948 à 1952, il y a eu une immigration en masse de Juifs vers Israël, en provenance des pays arabes et d'Europe. Les juifs du Yémen puis ceux de l'Irak ont été transférés vers Israël à travers les opératives respectives « Tapis volant » et « Ezra et Néhémie ». La Loi du Retour votée en 1950, ainsi que d'autres lois du même nom votées ultérieurement, ont encouragé l'immigration de nouvelles vagues de juifs jusque-là réticents. Avec l'indépendance des pays maghrébins, les juifs de ces pays se sont joints à leur tour aux colons. A partir de 1968, s'y ajoutent plus de 1 200 000 juifs venant de l'Union soviétique. Dans les années 1980 et 1990, les Falashas, ou « juifs éthiopiens », bénéficient à leur tour de la de la «loi du retour» pour grossir le rang du colonisateur.


3- « Eretz* Israël »: perfection de l'expression justificative, formule énonciative d'un juste lotissement biblique (sans jeu de mots), formule agrégative d'une fratrie injustement dispersée loin de son berceau, formule sélective du sang pur et de la non moins pure confession de la fratrie, et où qu'elle se prononce pour traduire une intention annexionniste: formule performative.
La logique de cette formule frappée du sceau de Sion veut que le juif natif de Russie, d'Amérique, d'Europe, d'Asie, d'Afrique ou d'ailleurs, soit le légitime propriétaire de la terre sur laquelle le Palestinien est né et a construit un nid pour ses enfants. Elle veut que ce Palestinien qui exhibe un titre de propriété datant de 100, 1000 ou 3000 ans, qui invoque ses parents nés et morts sur cette terre, l'olivier dont les racines étreignent, fossilisés, les ossements des ancêtres, ne soit qu'un grotesque squatteur, un usurpateur de droit sommé d'évacuer le sol et d'en faire son deuil.
Dans le concert des nations, « Eretz Israël » est un Hocus Pocus qui désarme, sitôt dit, super-Nations, Société des Nations et Conseil des Nations. Les résolutions de l'ONU sont contraignantes quand il s'agit de détruire un pays arabe, ou un pays musulman. Mais pas quand il s'agit de rendre une part de justice aux Palestiniens. Aux aguets, l'anathème de l'antisémitisme rend impensable la contrainte. On prône plutôt le maximum de souplesse et de patience, en attendant que les minuscules ilots de terre pas encore annexée à l'Eretz du Peuple Élu soient nettoyés des derniers Palestiniens squatteurs.
De 1947, année du partage de la Palestine, à ce jour, les 33 résolutions adoptées à l'encontre d'Israël par l'Assemblée Générale ou le Conseil de Sécurité de l'ONU sont restées lettre morte.

* Eretz de l'arabe أرض ardh (terre) dont dérivent aussi l'anglais "earth", l'ancien gothique "airtha", l'allemand "erde", "erdu","erda", le flamand "aard", "arde", l'islandais "jard", le danois "jordan", et peut-être aussi le bas latin "gardinium" et le français "jardin".» (A. Amri, page facebook, 10.05.2016)

Voir Comment le peuple juif fut inventé, par Shlomo Sand, Fayard, 2008.
L'auteur, historien israélien, y démontre que ce qu'on appelle "peuple juif" est un ramassis de juifs venus du monde entier, et non exclusivement issus de l'émigration de 70. "En tant que citoyen israélien, je trouve absurde que quelqu’un qui était sur une terre il y a deux mille ans puisse prétendre avoir des droits historiques sur cette même terre. Ou alors il faudrait faire sortir tous les Blancs des Etats-Unis, faire rentrer les Arabes en Espagne. [...] non, il n’y a pas de droit historique des Juifs sur la terre de Palestine, qu’ils soient de Jérusalem ou d’ailleurs. (Shlomo Sand, 13 mai 2010, dans «Il était plus logique de créer un Etat juif en Europe»)


4- Shlomo Sand : « La Terre promise n’est pas une terre patrie israélienne »

5- Voir sur ce blog Defamation: quand les enfants désavouent le père

 6- Bruni Guigue définissant l'antisémitisme (comme Hocus Pocus) en dit: "Antisémitisme. Mot sésame, mot magique, il dit tout, il condense en un éclair les affres du monde moderne. A peine proféré, il impose la circonspection et paralyse la pensée critique. Brandi comme une menace, il enjoint au silence, comme si quelque chose de terrifiant et de sacré était en jeu, condamnant chacun à surveiller ses propos de crainte de blasphémer." La conférence de Téhéran et les Faurisson pro-israéliens.

Voir aussi sur ce blog Promothée et les maîtres chanteurs à l'antisémitisme.


7-  De l'arabe نكبة nekba: désastre.

8- Terre promise, trop promise: Genèse du conflit israélo-palestinien (1882-1948), Par Nathan Weinstock, Odile Jacob Histoire, 2011, p.26 

9- Les Contes Des Mille Et Un Mythes, vol. I, Par Nas E. Boutammina, Auto-Ed° Boutammina, 2004, p.105

10- En fait, l'imposture de « Israël démocratie laïque» n'est qu'une poudre aux yeux: dès le projet de Herzl, Israël est envisagé comme un Etat juif pour les juifs, identité sans équivoque lisible à partir même de Der Judenstaat (État juif, ou Etat des juifs), titre de son livre publié en 1896. Outre ce titre, le livre ne comporte aucune allusion, si minime soit-elle, aux Arabes vivant en Palestine.
Voir Victimes: histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, Par Benny Morris, Ed° Complexe, 2003, p.34
11- Palestine-Israël: approches historiques et politiques , Par Samaha Khoury, Presses Universitaires de Bordeaux, 2002, p.26

12- Ibid. Voir note 19. 


13- Sibérie 2014 Petit Futé, Par Collectif,Dominique Auzias,Jean-Paul Labourdette, petitfute.com, 2014, p.361/362 

14 La Déclaration Balfour répondait à la fois au lobby sioniste qui, argenté et ayant ses taupes dans les coulisses politiques, avait et a toujours son poids en Occident, et aux fondamentalistes du sionisme chrétien. Ci-dessous le texte traduit de la Déclaration;
« Cher Lord Rothschild,
J'ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l'adresse des aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et approuvée par lui.
Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.
Arthur James Balfour »

15- Les Clair obscur: nouvelles, Laadi Flici, Entreprise National du Llivre [sic], 1984, p.24 

16- Le péché originel d'Israël: l'expulsion des Palestiniens revisitée par les Nouveaux historiens israéliens, Les Editions de l'Atelier, 2002, p. 100






Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...